Très populaire parmi les paysans pauvres qui profitent de ses généreuses subventions à la culture du riz, Yingluck Shinawatra est devenue la bête noire des opposants qui occupent en ce moment les rues de Bangkok
L’impopularité est souvent le sort des Premier ministres au pouvoir : ils cristallisent fréquemment sur leur personne le mécontentement de l’opposition. Mais Yingluck Shinawatra avait réussi à être relativement épargnée, jusqu’au vote controversé d’une loi d’amnistie générale perçue comme une mesure de faveur à l’intention de son frère ainé, Thaksin Shinawatra.
Arrivée au pouvoir avec une cote de popularité record, et après avoir remporté largement les élections législatives de 2011 dès le premier tour, les débuts de Yingluck Shinawatra semblaient pourtant encourageants.
Première femme Premier ministre en Thaïlande
Novice en politique, et première femme à devenir Premier ministre en Thaïlande, la plus jeune sœur de Thaksin Shinawatra n’avait eu que quelques mois pour se faire un prénom, et s’acclimater à ses nouvelles fonctions.
Son inexpérience et son apparente candeur avaient dans un premier temps joué en sa faveur, malgré une campagne dominée par les promesses électorales populistes, et la référence constante à son frère ainé. Certains observateurs avaient au début de son mandat reconnu sa capacité à trouver un compromis avec ses adversaires conservateurs (parmi lesquels figurent quelques haut gradés).
La gestion désastreuse du programme populiste de subvention au riz sera un premier échec qui viendra entamer la popularité du nouveau Premier ministre : très couteux pour les finances publiques, peu efficace et délétère pour la santé des exportations rizicoles, ce programme étatique d’achat et de stockage du riz est perçu par les adversaires du régime comme une subvention au service des intérêts électoraux du clan Thaksin.
La désastreuse loi d’amnistie
Mais la Première ministre s’est toujours vigoureusement défendue d’être une simple marionnette recevant ses ordres en provenance de Dubaï ou réside son frère en exil.
Une affirmation qui sera de mise à mal par le vote en force d’une loi générale d’amnistie très impopulaire au moins de novembre dernier : un initiative très critiquée, y compris par ses alliés, et qui semble une fois de plus n’être motivée que par la défense des intérêts du clan Thaksin.
Depuis c’est la descente aux enfer pour la Première ministre : le mouvement parti assez modestement d’une simple protestation contre la loi d’amnistie est devenu un raz de marée qui s’en prend directement à la personne du Premier ministre, et à son parti le Pheu Thai.
Il est d’ailleurs assez surprenant que ce dernier ait choisi de représenter Yingluck Shinawatra comme candidate aux prochaines élections prévues pour le 2 février : c’est une manière de provoquer un peu plus les manifestants qui occupent actuellement les rues de Bangkok.