Les montagnes du nord de la Thaïlande et leurs routes vallonnées offrent un cadre idéal pour qui apprécie la nature et la conduite, idéalement en deux roues.

Parmi tous les itinéraires possibles, rejoindre Mae Sot depuis Mae Sariang est une expérience en soi. Le long de la frontière birmane, les 235 kilomètres qui relient les deux villes sont réservés aux esprits aventuriers. Suivez le guide si vous en êtes.

Mae Sariang la paisible

Si le road trip conseillé commence depuis Mae Sariang, encore faut-il rejoindre cette bourgade au sud de la province de Mae Hong Son. Le meilleur moyen, depuis Chiang Mai, est d’emprunter la route qui passe par Mae Chaem, derrière le Doi Inthanon, en soi déjà une belle distance au cœur des montagnes.

Une autre solution est d’arriver depuis Mae Hong Son, ou bien de faire le trajet en sens inverse, en partant de Mae Sot.

Mae Sariang est une ville calme le long de la rivière Yuam, légèrement touristique mais l’antithèse de Paï. On y vient pour son air frais, ses rizières, ses treks, ses quelques monastères, dont le Wat Si Bun Ruang (วัดศรีบุญเรือง) et le Wat Chom Thong (วัดจอมทอง), ses villages typiques aux alentours et sa population, constituée de différentes ethnies, dont des Thaïs, des Shans ou des Karens.

235 kilomètres aux confins de la Thaïlande

En partant de Mae Sariang, idéalement au petit matin, il n’y a qu’une seule et unique route qui vous mène à Mae Sot. Sur toute sa longueur, la route est globalement en bon état et ne nécessite pas de précautions particulières, du moins pas plus qu’ailleurs. Je l’ai personnellement parcourue en scooter, un régal !

Le long de la route qui serpente vers Mae Sariang
Le long de la route qui serpente vers Mae Sariang

En soi, sur les cent premiers kilomètres, le trajet ressemble effectivement à toutes les routes de montagne du nord de la Thaïlande : elle monte, elle descend, et les virages s’enchaînent.

Ce qui distingue alors vraiment ce road-trip, et qui en fait tout l’intérêt, est qu’il est hors zone touristique. Il n’y a pas d’attraction, pas de coffee-shop tendance avec point de vue, pas de plantation, peu de rizière, quasiment aucun temple, pas plus que de grotte à explorer le long du parcours.

Il n’y a que la route, vous, et la forêt luxuriante qui vous entoure. A cela s’ajoute de rares villages traditionnels disséminés dans les collines, souvent habités par des Karens. Il  ne tiendra qu’à vous d’aller à leur rencontre.

Selon la période de l’année, la route étant si peu fréquentée, vous pouvez allégrement patienter cinq minutes avant d’apercevoir un autre véhicule. Le calme règne, vous êtes bel et bien aux confins de la Thaïlande, l’un des endroits les plus isolés du royaume.

La rivière Moei

Pour être juste, à certains endroits le long de la route, plus que de simples sites touristiques, il y a des aspects qui me semblent intéressants à découvrir ou observer.

Vue depuis le village sur la rivière Moei et les premiers contreforts du Myanmar
Vue depuis le village sur la rivière Moei et les premiers contreforts du Myanmar

Le premier de ces arrêts conseillés intervient au centième kilomètre, au niveau du village Ta Song Yang (บ้านท่าสองยาง) qui jouxte la rivière Moei. Ce cours d’eau a pour particularité de marquer la frontière avec le Myanmar et de s’écouler en direction du nord plutôt que du sud, jusqu’à rejoindre le mythique fleuve Salouen.

Au niveau de ce village situé dans la province de Tak, le premier d’importance depuis le départ, un point de vue permet de contempler la rivière, les montagnes environnantes et les stupas birmans disséminés sur la rive opposée.

C’est également un lieu d’échange en tout genre avec le Myanmar. Avec les pirogues à moteur remontant la rivière en décor, le dépaysement est garanti.

La route s’aplanit ensuite et longe pendant plusieurs dizaines de kilomètres cette rivière, avec davantage  de villages karens et leurs modestes huttes sur pilotis le long du parcours.

Le camp de réfugié de Mae La

Quelques kilomètres avant d’arriver à Mae Ramat (แม่ระมาด), les militaires et les barrages font leur apparition. Leur contrôle est dû à la présence du plus vaste camp de réfugiés en Thaïlande, ouvert depuis plusieurs décennies déjà, nommé Mae La.

Le camp de réfugié de Mae La
Le camp de réfugié de Mae La

Ce camp de réfugiés, accueillant essentiellement des Karens ayant fui les conflits au Myanmar, est situé dans un cadre incroyable, à l’abri d’une montagne. S’il s’agissait d’un véritable village, ce serait un bel endroit.

Si le photographier et y pénétrer reste délicat, voire prescrit pour les étrangers, ce lieu fascine par son ampleur en même temps qu’il donne des frissons dans le dos.

Le temple de Wat Don Kaeo

Je n’ai pas évoqué un seul temple depuis Mae Sariang pour la bonne raison que la densité de population jusque là est très faible, les monastères bouddhistes intéressants sont donc très rares.

L’une des exceptions est Wat Don Kaeo (วัดดอนแก้ว), situé au cœur de la bourgade de Mae Ramat (แม่ระมาด).

Bouddha sacré en marbre du Wat Don Kaeo, Mae Ramat
Bouddha sacré en marbre du Wat Don Kaeo, à Mae Ramat

Ce temple est célèbre dans la région et dans cette province de Tak pour abriter un bouddha sacré en marbre, dont la légende évoque qu’il fut sculpté à Yangoun, ancienne capitale de la Birmanie.

Mae Sot l’intrigante

A la suite de ce temple, la route s’élargit dans la plaine pour les quarante derniers kilomètres, les voitures se font moins rares et la vie normale reprend son cours jusqu’à Mae Sot.

Si le voyage s’achève ici, Mae Sot reste l’une des villes les plus intrigantes de Thaïlande. Cette atmosphère provient de sa proximité avec la principale frontière terrestre avec le Myanmar voisin.

La ville est ainsi multiculturelle et pleines de ressources pour qui apprécie sortir des sentiers battus, sans attraction particulière mais où chaque rue devient une découverte.

Depuis Mae Sot, si vous souhaitez continuer le road-trip, ou simplement retourner votre bolide à bon port, vous pouvez emprunter la route jusqu’à Tak. Tracée au milieu des montagnes, cette voie rapide est spectaculaire, bien qu’elle reste très fréquentée et dangereuse.

Mieux vaut alors peut-être rebrousser chemin et profiter une seconde fois de ce road-trip au parfum si singulier, aux confins de la Thaïlande.