Le « Pays du Sourire » est devenu en moins d’une décennie l’une des destinations touristiques internationales les plus connues, avec près de 30 millions de touristes en 2015.
Mais pour certains, le sourire se transforme en grimace, compte tenu des dégâts environnementaux que provoque cette nouvelle vague, essentiellement en provenance de Chine.
L’année dernière la Thaïlande a déjà manqué de très peu le seuil des 30 millions de visiteurs, et tout indique que cette année, cette barrière devrait être franchie sans problème.
Bangkok à même réussi à prendre la première place dans le classement mondial de Mastercard des villes les plus visitées au monde en 2016, devançant pour la première fois Londres.
La locomotive chinoise
Le nombre de touristes chinois visitant la Thaïlande a été multiplié par dix au cours de la dernière décennie, en grande partie grâce à la croissance économique en Chine, et à une promotion touristique très agressive.
La Chine est devenu le premier marché source de la Thaïlande, et de loin celui qui a enregistré la croissance la plus rapide.
En 2015, la Thaïlande a attiré 7,9 millions visiteurs chinois, générant plus de 376 milliards de baht en chiffre d’affaires.
Cette année, de janvier à juillet, le nombre de visiteur chinois en Thaïlande a atteint 5.764.839 ou une augmentation de 20,54 % par rapport à 2015. Le nombre d’arrivées en provenance de Chine pourrait donc atteindre, voire dépasser, les 10 millions à la fin de 2016.
Des touristes « zero dollar » ?
Malgré un très grand nombre d’arrivées générées par les touristes chinois, la Thaïlande ne profite que très partiellement des avantages économiques attendus de cette hausse massive du tourisme, car la plupart des recettes finissent dans les poches des voyagistes dit « zéro dollar ».
Les opérateurs chinois de services zéro dollar promettent en effet des voyages en Thaïlande à un coût très réduit, voire quasi nul, mais une fois sur place ils « invitent » les touristes chinois dans des endroits déterminés où ils payent au prix fort des souvenirs, des bijoux, des repas et des attractions touristiques.
Cette pratique a été monnaie courante depuis des décennies en Thaïlande sur tous les marchés touristiques, mais avec les groupes de touristes chinois elle a atteint un volume considérable.
Problèmes environnementaux
Le succès enregistré par le tourisme en Thaïlande n’a pas que des avantages : il se traduit par une forte dégradation environnementale de certains sites touristiques, en particulier de la faune sous marine et des plages.
Récemment le Département thaïlandais des parcs nationaux, de la faune et de la conservation des plantes (DNP) a annoncé la fermeture au public pour une durée indéterminée l’île de Koh Tachai dans la province de Phang Nga en raison des effets négatifs du tourisme sur l’environnement, et de 14 autres sites de plongée dans le sud de la Thaïlande.
De plus en plus de spécialistes, notamment de l’environnement, appellent à un développement d’un tourisme plus responsable, et soulignent que la promotion du tourisme en Thaïlande a visé la quantité plutôt que la qualité.
Dans certains endroits près de la populaire destination de l’ île de Phuket, 80% des récifs coralliens sont endommagés, en grande partie à cause des dégâts causés par le tourisme de masse.
Dans d’autres endroits, la concentration des bateaux à moteur a augmenté le niveau de pollution et endommagé les côtes fragiles.
Des problèmes récurrents de sécurité
Le tourisme de masse s’est aussi accompagné d’un développement rapide et non réglementé des transports maritimes sous forme de vedettes rapides (speedboat) qui sont à l’origine d’un nombre croissant d’accidents.
Deux touristes chinois ont été tués et plus de 20 autres ont été blessés dans une collision mortelle le 8 juin, impliquant deux bateaux dans la mer d’Andaman au large de la province de Phang-nga et de l’île de Koh Phi-Phi, très fréquentée par les touristes.