Après le choc provoqué par l’attentat du 17 août, la Thaïlande commence à s’interroger sur les conséquences possibles sur le tourisme, un secteur clé de l’économie thaïlandaise qui avait affiché de très bons résultats depuis le début de l’année.
La Thaïlande a déjà connu à plusieurs reprises des épisodes violents, comme en 2010 avec l’occupation du centre de Bangkok par les “Chemises rouges”, ou plus récemment en 2014 avec les manifestations anti gouvernementales qui débouchèrent sur un coup d’Etat.
A chaque fois le tourisme a enregistré une chute plus ou moins importante, mais toujours de courte durée, pour rebondir rapidement dans les mois qui suivirent.
Mais dans le cas des crises précédentes, les touristes n’ont jamais été visés directement par les violences, qui étaient principalement liées au conflit politique interne qui divise le royaume depuis une dizaine d’années.
Cette fois l’enjeu est de taille pour les autorités thaïlandaises : non seulement l’attentat du 17 août est le plus grave par le nombre de victimes que la Thaïlande ait jamais connu, mais c’est aussi la première fois que des lieux touristiques sont spécifiquement visés par les attentats.
Parmi les 20 personnes décédées le 17 août, neuf d’entre elles étaient des étrangers, et parmi les 132 personnes hospitalisées figurent également 49 touristes.
Sanga Ruangwattanakul, un conseiller de l’Association des entreprises Khao San Road, a déclaré au Bangkok Post :
« Après l’attentat, le chiffre d’affaire dans les restaurants et les bars du quartier de Khao San a chuté de 70% »
Un secteur vital pour la Thaïlande
Or le tourisme est en ce moment un secteur vital pour l’économie thaïlandaise, car un des seuls qui échappe à la crise rampante qui touche l’industrie et les exportations.
Le tourisme représente environ 10% du produit intérieur brut de la Thaïlande (20% en incluant les effets indirects, selon les estimations des économistes de la New-Zeland Banking Group Ltd).
Près de 25 millions de visiteurs étrangers ont afflué en Thaïlande en 2014, une année pourtant difficile à cause des manifestations de rue qui ont paralysé Bangkok jusqu’au mois de mai.
Après l’attentat de lundi, 23 pays ont mis en garde leurs ressortissants qui comptent se rendre à Bangkok, notamment les Etats-Unis et la France.
Selon le ministère des Affaires étrangères thaïlandais, 12 pays ont émis des avis de «niveau 2» exhortant les citoyens à prendre des précautions supplémentaires lors d’un voyage en Thaïlande : Autriche, Belgique, Danemark, France, Japon, Malaisie, Singapour, la Corée du Sud, Suède, Suisse, Taiwan et les Etats Unis.
Neuf pays, recommandent un plus haut degré de prudence, ou de niveau 3 : l’Australie, le Canada, la Chine, l’Allemagne, l’Italie, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, la Russie et le Royaume-Uni.
Seul Hong Kong a conseillé à ses ressortissants d’éviter tout déplacement non-essentiel en Thaïlande , soit un avertissement de niveau 4.
Rester vigilant
Sur le site diplomatie.gouv.fr qui contient des conseils aux voyageurs en provenance des services du Quai d’Orsay figure un message de simple mise en garde appelant à “rester vigilant”
« Le quartier commercial de Ratchaprasong au centre de Bangkok a été frappé le 17 août 2015 par un attentat à la bombe qui a fait une vingtaine de morts et une centaine de blessés. Il est conseillé de rester vigilant pendant votre séjour et dans tous vos déplacements en Thaïlande. Il convient également d’éviter tout rassemblement. »
La classification de l’ensemble du pays n’a donc pas changé: la majorité du territoire, dont Bangkok, est en « zone jaune » (vigilance renforcée), le deuxième niveau sur quatre, qui concerne un grand nombre de pays.
Chacun reste donc libre de se rendre en Thaïlande, et d’interpréter à sa manière le fait de “rester vigilant” : cela pourrait vouloir dire par exemple d’éviter les lieux de grandes concentrations touristiques, qui peuvent être éventuellement ciblés par de futures attaques terroristes.
La France refuse donc de céder à la panique : une position qui semble refléter l’avis d’une majorité de Français.
Selon un sondage effectué par BFMTV, 70% des répondants seraient prêts à se rendre en Thaïlande, malgré les attentats.
Mais cette attitude ne correspond pas forcément aux réactions des touristes en provenance d’Asie, qui sont en général beaucoup plus sensibles aux problèmes de sécurité. Or c’est l’Asie (Chine en tête avec près de 30% des entrées à elle seule) qui constitue le plus gros des ressources touristiques de la Thaïlande.
Un objectif de 29 millions de visiteurs
Les six premiers mois de l’année 2015 avaient pourtant été marqués par un nouveau bond du tourisme en provenance de Chine, avec une croissance spectaculaire des recettes : +138% soit environ 190 milliards de baht.
Début août, les autorités thaïlandaise avaient indiqué que 12,4 millions de touristes avaient visité le pays au cours des cinq premiers mois de cette année, une hausse de 25% par rapport à la même période de l’année dernière.
En 2015, TAT a prévu l’arrivée en Thaïlande de 29 millions de visiteurs internationaux, générant environ 1.400 milliards de baht : un objectif qui pourrait être compromis, compte tenu des conséquences de l’attentat du 17 août.