Lorsqu’en 1986, la Chine a commencé à construire le premier d’une série de barrages sur le Mékong, presque personne dans les pays situés en aval n’y a prêté attention.
Mais aujourd’hui, alors que la Chine s’apprête à terminer un sixième barrage pour générer de l’électricité sur la partie supérieure du plus grand fleuve d’Asie du Sud, de nombreuses voix s’inquiètent des impacts environnementaux pour les autres pays riverains.
Le Mékong, long de 4 800 kilomètres, traverse six pays. Ce fleuve nourrit 60 millions de personnes. Depuis quelque temps, les stocks de poissons diminuent dangereusement.
Les barrages, un impact sur l’environnement et les populations
Au Cambodge, la vie des pêcheurs s’organise autour du Mékong. Mais au fil des ans, leurs prises s’amenuisent.
« Il n’y a plus autant de poissons, mais on continue de pêcher parce qu’on n’a pas d’autre métier. On n’a pas de terre à labourer donc on vit sur un bateau toute notre vie », témoigne Sles Hiet, pêcheur.
La Chine compte six barrages sur le cours supérieur du Mékong, onze autres sont prévus. Pékin n’a jamais mesuré l’impact global sur l’environnement et les populations. Face à la superpuissance régionale, les pays du sud ne font pas le poids, encore moins les pêcheurs cambodgiens.
« Certains disent que c’est à cause de la construction des barrages, mais je ne sais pas vraiment », commente Y Ya, un autre pêcheur cambodgien.
C’est en 1986 que la Chine a commencé à construire des barrages sur le cours supérieur du fleuve, appelé Lancang tant qu’il coule en territoire chinois. Aujourd’hui, six sont terminés. Tous sont situés au nord de la frontière du Laos dans la province du Yunnan. Onze autres doivent être construits au Laos et au Cambodge avec l’aide des ingénieurs chinois.
En 2010, la situation du fleuve Mékong était problématique : depuis plus de 50 ans, son niveau n’avait jamais été aussi bas et la Mekong River Commission alertait sur le niveau du Mekong – qui traverse la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam.
Sur le plateau tibétain, l’eau des précipitations est stockée sous forme de neige. Plus bas dans le bassin du Mékong, la mousson entraîne une forte augmentation du débit entre mai et novembre, qui peut représenter 85 à 90% du débit total annuel du fleuve.
Environ 70 millions de personnes vivent dans le bassin du Mékong, appartenant à plus de 100 groupes ethniques.
85% des personnes vivant dans le bassin gagnent leur vie directement à partir des ressources naturelles du bassin du Mékong.
La pêche est très importante et le fleuve joue également un rôle très important pour le transport. Le bassin du Mékong est une des zones les plus riches en biodiversité du monde et son milieu aquatique est le deuxième écosystème le plus diversifié au monde après l’Amazonie.
Les principales tensions entre les pays ne sont pas dues à la qualité de l’eau mais à sa quantité, particulièrement au moment de la saison sèche. Les controverses et les tensions entre pays riverains sont dues à la diminution des débits grâce à un transfert inter- ou intra-bassin et aux retenues d’eau des grands barrages construits pour l’hydroélectricité ou l’irrigation.
Beaucoup se tournent vers la Chine, lui réclamant des explications
En quinze ans, le fleuve est devenu une turbine à produire de l’électricité. Ce qui faisait écrire récemment à l’un des éditorialistes du Bangkok Post : « Les barrages chinois tuent le Mékong ».
Les associations écologistes accusent les autorités chinoises de manquer de transparence sur la gestion de leurs réservoirs, profitant de leur position dominante puisque le pays est situé à la source.