Le riz est aussi un produit très politique en Thailande, parce qu’il est intimement lié à un sentiment de sécurité et de prospérité. Le Thaïlandais de tous les jours, pour demander à quelqu’un si il a mangé, lui demande en fait si il a déjà mangé du riz ou pas (gin khao ru plao ?).
En Thaïlande la culture du riz occupe dix millions d’hectares, soit la moitié de la surface agricole utile du pays et près de la moitié de la population du royaume vit de l’agriculture . Environ 80% des rizières de la Thaïlande sont arrosées (par opposition au système d’irrigation) et dépendent de la pluie. La Thaïlande est le plus grand exportateur de riz avec 8 millions de tonnes de riz exportés en 2007, soit 27% de part du marché mondial. Pour 2008 les exportations de riz de la Thaïlande sont estimées à 10 millions de tonnes, mais les prix mondiaux sont en retrait en raison de la crise économique mondiale.
Seulement environ 7 % de la production mondiale de riz est mise sur le marché chaque année, le reste (95%) est consommé sur place par les pays producteurs. Sur les 30 millions de tonnes vendus en 2007, 30% ont été commercialisés par la Thaïlande. Le Vietnam est le deuxième exportateur au monde, suivi par la Chine, l’Inde, le Pakistan et les États-Unis.
La récolte de riz qui vient de commencer en Thaïlande, et qui représente entre 25 et 30 % de la production annuelle, pourrait chuter à 7 millions de tonnes (Mt), contre 8,4 Mt l’année dernière, indique Conception Calpe, une économiste sénior à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Depuis début novembre 2009, les précipitations en Asie du Sud-est sont très en dessous des normales saisonnières, avertit l’organisme des Nations unies. Selon la Mekong River Commission, le niveau du Mékong – le bassin du riz qui traverse la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam – serait au plus bas depuis 90 ans. Le phénomène, dû à El Niño, est aggravé par l’introduction d’eau de mer, qui augmente la salinité du fleuve. « Pour l’instant, seule la Thaïlande montre un déclin de sa production de riz », précise Calpe. D’ores et déjà, 36 provinces, sur les 76 que compte le pays, sont touchées par la sécheresse, indique le ministère thaïlandais à la Prévention et à la Réduction des catastrophes. Toutefois,
le déclin de la production thaïlandaise n’aura pas un impact dramatique sur le commerce international au vu des stocks importants que détient le Royaume
relativise Calpe, qui se situent autour de 5 à 6 Mt, indique le ministère du Commerce. Un constat que ne partage pas Ben Barber, un analyste du broker Bell Commodities, pour qui « le recul de la production va soutenir les prix ». Le prix de référence du riz pour l’Asie, le thaï 100 % B, qui a perdu 14 % depuis le début de l’année, à 510 dollars la tonne, ne devrait « pas chuter davantage », indique Samarendu Mohanty, un économiste senior à l’Institut international de recherche sur le riz (Irri). « Le manque d’eau va limiter la production de riz, et comme la demande augmente, les stocks vont diminuer et cela va peser sur les prix », précise-t-il.