Pour une fois, la décision de la justice thaïlandaise a surpris plus d’un observateur : elle va dans le sens d’un changement des habitudes, et sanctionne clairement le non respect des normes environnementales par les industriels de la zone de Map Ta Phut. Autrement dit les impératifs du développement économique devront désormais tenir compte des facteurs environnementaux.

La décision de la Cour Administrative Suprême est sans appel,  et elle autorise seulement 11 des 76 projets d’une valeur combinée de Bt400 milliards à continuer. Les autres devront s’adapter aux nouvelles normes de protection de l’environnement.

Les investisseurs japonais, qui sont partenaires dans plusieurs projets en suspension, ont exprimé la crainte que le retard de ces projets ait une incidence sur la chaine de production de produits chimiques, sidérurgique, plastique et automobile.

« La plupart des projets suspendus concernent l’industrie pétrochimique, qui est source d’approvisionnement pour de nombreux secteurs en aval. La décision du tribunal d’aujourd’hui influencera non seulement les 65 projets suspendus, mais  d’autres projets connexes à l’échelle nationale. Ces projets  seront alors obligés d’importer des matières premières pour leur production interne, donc les coûts seront plus élevés. »

a déclaré Yo Jitsukata, président de la Chambre de commerce du Japon.

Parmi les projets mis en suspens figurent plusieurs installations du groupe PTT

Toujours est-il que les pressions des industriels concernés n’ont pas fait fléchir la Cour : une décision d’autant plus remarquable que parmi les projets suspendus figure la compagnie pétrolière géante publique PTT. Un des investissements majeurs qui restent en suspens concerne une usine de séparation des gaz de 780 millions de dollars, de PTT Chemical.

Ce verdict est le dernier épisode judiciaire d’un combat de plusieurs années. En mars 2009, le Tribunal administratif de Rayong avait ordonné le classement de la municipalité de Map Ta Phut en « zone de pollution contrôlée ». Un classement qui exige une application très stricte des règles environnementales, notamment sur les émissions toxiques. Le jugement était venu couronner plusieurs années de bataille de la part des habitants de la région et des écologistes. Le bilan environnemental du complexe, lancé à la fin des années 1980, est en effet très négatif. Plusieurs rapports officiels et articles de presse ont relevé des fuites de produits toxiques et de déchets dans l’eau et la diffusion de produits cancérigènes.

Selon le quotidien The Nation, « cette décision est la preuve que la Thailande est devenue un pays avancé, et que la protection de la santé, et de la qualité de vie de la population doit devenir une priorité » . Dans ces attendus, la Cour a ajouté un message a destination des investisseurs « Les investisseurs n’ont aucune excuse pour ne pas prendre en compte les impacts de leurs installations sur la santé et l’environnement. »

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