Un navire transportant des centaines de tonnes de déchets industriels suspects est arrivé en Albanie après avoir été refusé par la Thaïlande.
- Un navire transportant 2100 tonnes de déchets industriels supposés toxiques a été refusé par la Thaïlande et est arrivé en Albanie après plusieurs mois en mer.
- Une enquête a été ouverte pour “contrebande de marchandises interdites” et “abus du pouvoir” en lien avec l’arrivée de ces déchets en Albanie.
- Les ONG de défense de l’environnement dénoncent régulièrement le commerce mondial des déchets industriels envoyés par des pays occidentaux pour être traités en Asie ou en Afrique.
Environ 2 100 tonnes de déchets dangereux présumés, emballés dans 102 conteneurs à bord du porte-conteneurs MOLIVA battant pavillon turc, sont finalement retournés à Durres, en Albanie, après avoir parcouru des milliers de kilomètres à travers le monde jusqu’en Asie du Sud-Est et retour.
Les déchets, initialement déclarés comme de l'”oxyde de fer”, seraient en réalité des “poussières de four électrique à arc”, classées comme toxiques.
Après un périple en mer et plusieurs escales, les déchets sont revenus en Albanie. Une enquête a été ouverte pour contrebande, et des ONG demandent des échantillons pour identifier l’origine des déchets.
“Le navire est ancré à Durrës, à environ un kilomètre du port”, a précisé à l’AFP Jim Puckett, directeur exécutif de l’organisation Basel Action Network (BAN),
Cette exportation illégale soulève des controverses et met en lumière le commerce mondial de déchets industriels, régulièrement dénoncé par les ONG.
Le mois dernier, BAN et EARTH, une organisation environnementale thaïlandaise de premier plan, ont visité la Copper Metal Company Ltd. (CMC), l’importateur indiqué dans le connaissement comme la destination prévue des déchets dans la province de Lopburi, en Thaïlande. Ils ont constaté la présence de conteneurs intermodaux de déchets importés arrivant sur le site et ont prélevé des échantillons de sol et de poussière pour les analyser.
Les résultats des tests ultérieurs ont révélé des niveaux élevés de métaux toxiques tels que l’arsenic, le plomb et le nickel qui dépassaient largement les niveaux de fond ainsi que les normes de qualité des sols pour la Thaïlande.
Par exemple, les niveaux d’arsenic dans le sol prélevé dans un échantillon à l’extérieur de l’installation de la CMC étaient 215 fois plus élevés qu’une étude de 2019 sur un sol similaire dans une zone voisine. Le niveau était également 77 fois supérieur aux valeurs autorisées par la norme de qualité des sols de la Thaïlande.
Le commerce des déchets : un obstacle majeur pour l’économie circulaire
Les importations de déchets plastiques sont une question controversée en Thaïlande depuis 2017, lorsque la Chine, principal importateur de déchets plastiques à l’époque, a adopté des lois interdisant l’importation de 24 types de déchets plastiques. En raison de cette interdiction, la vague de déchets plastiques en provenance des pays riches a afflué dans d’autres pays : surtout les pays d’Asie du Sud-Est, y compris la Thaïlande.
Selon les statistiques du département des douanes, la quantité de déchets plastiques importés en 2018 a bondi à plus de 500 000 tonnes, soit 10 fois plus que la quantité moyenne de déchets plastiques importés avant 2015, soit environ 56 000 tonnes par an