La Thaïlande figure une fois de plus parmi les pays qui ont la plus forte proportion de femmes dans les emplois de direction (senior management), en seconde position après la Russie. Le rapport 2012 de Grant Thornton (Women in senior management) montre que 40% des postes de cadres supérieurs thaïlandais sont aujourd’hui occupés par des femmes, un pourcentage qui est aussi sensiblement plus élevé que la moyenne des pays de l’Asean (32%)
Mais les clichés ont la vie dure: la Thaïlande est plutôt connue pour ses plages et ses gogo bars, alors qu’elle est un pays où l’égalité entre hommes et femmes dans les postes de direction est à portée de main, avec une part féminine de 40%. L’Europe, en théorie à la pointe de la lutte pour l’égalité des femmes, soutient mal la comparaison avec seulement 24% de femmes aux postes de cadres supérieurs. On note par exemple les scores assez modestes de l’Allemagne (13%) et du Danemark (15%), deux pays pourtant très avancés en matière de féminisme et de protection des droits des femmes. La France est tout juste dans la moyenne européenne avec un score de 24%, comme l’Espagne et le Canada.
Imbattables Thaïlandaises: en 2012 elles ont réussi à placer l’une d’entre elles dans le top 50 de Forbes, Yuwadee Chirathivat, qui dirige la chaîne de grands magasins Central, et elles restent en tête du classement des pays d’Asie pour la proportion de femmes dans les postes de cadres supérieurs.
En Thaïlande, tout comme aux Philippines et au Botswana, près de 40% des postes de direction sont occupés par des femmes, propulsant ces pays en deuxième position mondiale. La première place revient, comme l’année dernière, à la Russie, avec 46% de PDG féminins.
Des chiffres orientés à la baisse ces dernières années
La proportion de femmes est cependant en baisse par rapport à son plus haut niveau en 2009. Ainsi, si 36% des postes supérieurs en Asie du Sud-Est étaient occupés par des femmes en 2009, il n’en reste plus que 32% en 2012. Il en est de même en Amérique latine, qui en compte 22% en 2012, contre 28% en 2009.
Enfin, au sein de BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), le pourcentage des femmes PDG est lui passé de 30% à 26% au cours des trois dernières années. Il existe de nombreux freins culturels, économiques et sociaux à l’intégration des femmes dans les positions professionnelles plus élevées. Ces dernières années, l’urbanisation massive qui a suivi la croissance économique des nouveaux marchés dans de nombreux pays, dont les pays en développement, a joué un rôle déterminant dans l’évolution des mœurs.
Ainsi, la migration des populations dans les milieux urbains, comme en Chine par exemple, ou plus de 50% de la population vit désormais dans les grandes villes, change peu à peu le modèle sociodémographique. De même au Mexique, ou les statistiques prévoient jusqu’à 80% de la population en ville en 2020 contre 74% en 2000, ce qui risque de bouleverser encore un peu plus l’équilibre du pays.
Une flexibilité croissante liée à l’urbanisation
April Mackenzie explique que la migration vers les villes commence à détruire le modèle familial traditionnel. Ce dernier, dans lequel les grands parents pouvaient notamment s’occuper des enfants, permettait aux femmes de travailler à plein temps. Dorénavant, il est de plus en plus remplacé par le modèle culturel occidental dans lequel l’un des parents est contraint de s’occuper des enfants, à défaut pouvoir consacrer une importante partie du budget à la garde de ces derniers.
« L’urbanisation offre de nouvelles opportunité à une plus grande partie de la population, dont les femmes. Cependant, elle remet aussi en cause le modèle familial et a un effet disproportionné sur la capacité des femmes à évoluer vers des postes à plus grandes responsabilités. »
En Europe, la proportion des femmes occupant des postes supérieur continue a augmenté de manière régulière, ce malgré la crise et la hausse du chômage.
Si 17% des postes de direction était occupé par des femmes en 2004, on en comptait 20% en 2009 et 24% aujourd’hui. Ceci s’explique par une flexibilité plus élevé dans le travail, selon April Macenzie, chef de projet de ce rapport. La flexibilité dans les milieux professionnels est devenu et reste une priorité pour de nombreuses politiques européennes afin de maintenir l’égalité et la présence des femmes dans les positions les plus élevées.
Ce sont les japonais qui d’après ce rapport ferment la marche. Si seulement 5% des postes de management sont tenus par des femmes, c’est sans doute suite à un rythme professionnel rendant impossible pour les femmes d’allier vie privée et vie professionnelle trop rigide. Quant à la Turquie, qui bénéficie de la meilleure évolution en termes de femmes au pouvoir dans les entreprises, « ils sont les premiers à l’avoir compris. Avec plus de flexibilité, une plus grande proportion des femmes pourrait intégrer des postes plus importants. » conclue April Mackenzie.
Lire le rapport (PDF en anglais) : Women in Senior Management