Face à la restauration rapide, la mode jetable, la surconsommation et le surtourisme, la Thaïlande s’efforce de réduire ses déchets plastiques. Malgré les initiatives récentes, la pollution reste un problème majeur qui affecte gravement la biodiversité et l’environnement.
Une culture de la consommation aggravée par une gestion des déchets insuffisante
La Thaïlande est réputée pour sa street food, ses immenses centres commerciaux et sa fast fashion omniprésente. Pourtant, ces pratiques alimentent un problème qui devient de plus en plus visible : la pollution plastique.
Alors que l’Europe critique ouvertement l’usage du plastique et la fast fashion, la Thaïlande peine à faire de même. À Bangkok, chaque achat est souvent accompagné de plusieurs sacs plastiques, et même dans les îles paradisiaques, les déchets s’accumulent, mettant en péril la biodiversité du pays.
L’importation des déchets étrangers contribue également à cette pollution alarmante : ils représentaient 372 000 tonnes en 2023. L’exemple de la Chine illustre ce phénomène avec l’interdiction en 2018 de l’importation de certains déchets, engendrant une modification des flux de déchets des pays exportateurs vers de nouveaux pays tels que la Thaïlande. Ces redirections de flux ont eu des conséquences dramatiques sur l’arrivée des déchets étrangers dans le pays, reflétant le rôle clé joué par les puissances mondiales dans la surpollution thaïlandaise.
Un retard dans la lutte contre les déchets : les mesures mises en place
La Thaïlande est encore en retard par rapport à l’Occident en ce qui concerne la gestion des déchets plastiques, une situation aggravée par la pandémie. Face à cela, le gouvernement a lancé des initiatives comme « Every Day Say No to Plastic Bags » et vise 100 % de recyclage d’ici 2027. Des alliances public-privé, comme l’AEPW (Alliance to End Plastic Waste), cherchent à réduire les déchets plastiques avec des projets comme le « Centre de recyclage intelligent ». Du côté des entreprises, SCG Packaging (Siam Cement Public) développe des bioplastiques à base d’eucalyptus, tandis que BPE (Biogradable Packaging of Environment) se concentre sur des emballages biodégradables à partir de déchets agricoles. Ces initiatives montrent une réelle volonté de changer la donne en matière de gestion des plastiques.
Les conséquences environnementales : la biodiversité en danger
Malgré ces initiatives, la pollution plastique continue d’avoir des répercussions dramatiques sur la planète. Les déchets plastiques qui s’accumulent dans la nature impactent fortement la biodiversité locale. Les plages sont jonchées de plastiques, notamment des bouteilles (14 %), des débris de plastique (12 %), des boîtes en polystyrène (10 %), des emballages alimentaires (8 %), des sacs en plastique (8 %) et des pailles (5 %), affectant la faune marine et la flore. Les microplastiques qui se retrouvent dans les océans sont ingérés par les poissons et d’autres espèces marines, perturbant les écosystèmes et contaminant la chaîne alimentaire.
Cette pollution plastique contribue également au réchauffement climatique, car elle ralentit la décomposition des matières organiques, libérant des gaz à effet de serre comme le méthane. De plus, la déforestation et la destruction des habitats naturels accentuées par la présence de déchets ont des effets désastreux sur la faune et la flore.
Des progrès encourageants, mais un long chemin à parcourir
Avec des campagnes réussies et l’implication croissante du public, la Thaïlande montre une prise de conscience face à la crise des déchets. Cependant, la gestion des déchets plastiques mal contrôlée, surtout en mer, reste une menace pour l’environnement. Le pays, classé 10e dans le monde pour les déchets plastiques rejetés dans l’océan, doit encore intensifier ses efforts si il veut préserver ses écosystèmes et contribuer à la lutte contre la pollution globale.