Impossible de vivre ou de visiter la Thaïlande sans entendre parler de la dengue, un virus transmis par les piqûres de moustiques.

Avec l’arrivée des pluies, le nombre de cas progresse dans plusieurs pays de la région ; depuis le début de l’année, au 17 mai, plus de 11 000 cas avaient été rapportés en Thaïlande et une dizaine de décès ont été officiellement comptabilisés.

La dengue est une infection virale particulièrement présente en Asie du Sud-Est. Il s’agit d’une maladie causée par un virus : le DENV, pour DENgue Virus. Le virus est transmis par la piqûre de moustiques femelles de la famille des Aedes (aegypti et albopictus).

L’infection chez l’humain peut prendre des formes très variées :

Une forme atténuée ou asymptomatique, c’est-à-dire sans manifestation clinique ;

Dengue classique d’évolution bénigne : syndrome grippal avec fièvre et au moins deux des symptômes suivants : nausées, vomissement, éruption cutanée, douleurs rétro-orbitaires, musculaires, articulaires, céphalées sévères, adénopathie (hypertrophie des ganglions lymphatiques).

Ces symptômes perdurent entre 2 à 7 jours et apparaissent après une période d’incubation variant de 4 à 10 jours après la piqûre par le moustique infecté.

Dengue sévère : elle est potentiellement mortelle par hémorragies diffuses, choc hypovolémique (diminution de la masse sanguine circulante entraînant une augmentation du rythme cardiaque et une chute de la tension artérielle), une défaillance viscérale, etc.

Ces signes interviennent 3 à 7 jours après les premiers symptômes, conjointement à une baisse de la température. La mort peut survenir dans les 24 à 48 heures suivantes de cette phase critique, d’où la nécessité d’une prise en charge médicale dès les premiers symptômes.

En Asie du Sud-Est, la forme sévère de la dengue est avant tout une maladie de l’enfant et de l’adolescent ; toutefois, il y a des preuves de l’augmentation de l’incidence de la dengue dans tous les groupes d’âges (reportées avec rigueur à Singapour, en Thaïlande, ou encore en Indonésie).

1. Traitement de la dengue

a. S’il n’existe pas de traitement spécifique de la dengue, comme par exemple un antiviral ciblant directement le DENV, il n’en reste pas moins qu’une prise en charge est possible ;

b. Le réflexe doit donc être de consulter un médecin le plus vite possible en cas de fièvre et de symptômes énumérés ci-dessus ; une prise en charge tôt peut permettre, à un stade de syndrome de type grippal, d’éviter l’apparition d’une forme sévère, et de faire le diagnostic différentiel avec une fièvre liée au paludisme. Enfin, la prise en charge médicale d’une forme sévère permet de considérablement baisser le risque de décès (de 20 % à moins de 1% selon l’OMS).

2. Prévention

a. A ce jour, la méthode la plus efficace de lutte contre la transmission de la dengue, c’est encore la lutte anti-vectorielle ; il s’agit donc de prévenir la propagation des moustiques vecteurs et de prévenir les piqûres, par les moyens suivants :

i. Agir sur l’environnement (précaution autour des conteneurs d’eau, intervention sur les gîtes larvaires, etc.) ;

ii. Prendre des mesures de protection des personnes et du foyer (moustiquaire, utilisation d’insecticides intérieurs, etc.). La protection de la moustiquaire est toutefois relative, l’Aedes piquant au crépuscule surtout, au contraire du vecteur du paludisme qui pique la nuit ;
iii. Mener des campagnes d’information et d’éducation sur les moyens de se protéger, auprès de toutes les populations.

b. Le vaccin : le candidat vaccin le plus avancé est celui mis au point par l’entreprise française Sanofi Pasteur, fruit de vingt années de recherche :

i. Sa relative efficacité a été démontrée lors de deux essais incluant plusieurs dizaine de milliers de personnes, y compris en Asie du Sud-Est

ii. A 28 jours après la troisième injection (la deuxième injection intervenant 6 mois après la première, la troisième six mois plus tard) en Asie, on observe :

– Réduction de la dengue symptomatique : 56,5 % en
moyenne dans l’essai en Asie ;

– Réduction des formes sévères (c’est-à-dire que le vaccin n’a pas permis de prévenir la survenue de l’infection, mais de réduire la sévérité de la maladie) : 80 % en moyenne ;

– Réduction des cas de dengues nécessitant une hospitalisation : 67,2 % en moyenne.

En conclusion, l’efficacité est relative mais l’impact tant individuel que sur le système de santé dépasserait la simple prévention de l’infection, par une baisse des formes sévères et des hospitalisations ; le candidat vaccin constitue donc un progrès dans la lutte contre la dengue et pourrait tout à fait trouver sa place dans la stratégie de lutte contre cette maladie.

Source : LA LETTRE DE L’AMBASSADE – N° 8 –JUILLET 2015