La Thaïlande figure parmi les plus importants pollueurs de la planète, avec deux millions de tonnes de déchets plastiques produits annuellement, dont seulement un quart est recyclé. En cause, une industrie du recyclage peu développée et l’importation des déchets étrangers : 372 000 tonnes en 2023.

La Thaïlande est le 10ème contributeur mondial des rejets plastiques océaniques, selon Statista, avec près de 23 000 tonnes rejetées dans la mer sur l’année 2023. L’actualité du Royaume témoigne d’une volonté d’agir sur la pollution plastique du pays, avec l’annonce du gouvernement d’interdire les importations de ces déchets d’ici la fin 2024.

pays pollution plastique ocean - thailande-fr

En 2018, la Chine a interdit l’importation de certaines catégories de déchets, y compris les déchets plastiques. Cela a entraîné une redirection des flux de déchets des principaux pays exportateurs vers d’autres pays, en particulier en Asie, y compris la Thaïlande.

Cette interdiction a mis sous pression les organismes de gestion des déchets dans les pays de l’ASEAN, en particulier en Thaïlande. Avant l’interdiction, la Chine recevait près de 45% du plastique recyclable mondial pour y être traité ou recyclé. La mesure du gouvernement chinois a ainsi entraîné une augmentation spectaculaire de l’importation de déchets étrangers par la Thaïlande.

Les installations de traitement des déchets en Thaïlande en surchauffe

Le plastique est fabriqué à partir de pétrole ou de gaz naturel, et sa production ou sa combustion peut libérer des produits chimiques nocifs pour la santé, tels que les hydrocarbures.

Or les usines de recyclage sont principalement situées dans les pays en développement, notamment en Asie du Sud-Est, où les normes environnementales sont moins strictes qu’en Europe et où la main-d’œuvre est bon marché. Les pays riches envoient souvent leurs déchets plastiques dans ces pays pour y être traités.

Cependant, seule une petite partie du plastique peut être recyclée de manière rentable, ce qui signifie que le reste est souvent mis en décharge ou brûlé à l’air libre, avec un impact potentiel significatif sur l’environnement. Les gouvernements d’Asie du Sud-Est ont commencé à restreindre l’importation de plastique usagé, mais ces mesures sont difficiles à appliquer et sont souvent contournées à cause de la corruption.

export dechet plastique - thailande-fr

Du plastique du quotidien au quotidien du plastique

La problématique des déchets plastiques résonne tout autant dans le domaine civil et urbain. Bangkok, la ville avec ses plus de 1600 canaux, voit ces derniers devenir de vrais dépotoirs. Un manque d’infrastructures (de collecte, de traitement des eaux et d’ordures) est pointé du doigt, conduisant un nombre gigantesque de déchets dans ces canaux. Ce sont alors vers les ONG que les locaux se tournent pour assurer une salubrité convenable des eaux, telles que la Terracycle Foundation.

“Les gens pensent que les déchets sont dégoûtants, mais ce sont ces comportements qui le sont” – James Scott, directeur de Terracycle Foundation.

 En Thaïlande, deux millions de tonnes de déchets plastiques sont produites chaque année, or, seulement un quart parviennent au recyclage.

Quelles solutions ?

Le royaume thaïlandais semble se diriger vers le modèle chinois : L’année dernière, l’interdiction totale de l’importation des déchets plastique a été annoncée et prévoit d’entrer en vigueur en 2025. 

Selon l’ONU, la Thaïlande était le 3e importateur de plastique des pays de l’ASEAN sur 2017-2021. Mettre fin à ce marché international du plastique semble être la piste convoitée face aux difficultés du pays en la matière. 

Cette mesure, dans son scénario optimiste, calmerait la congestion du marché mais ne supprimerait pas magiquement le problème des déchets plastiques omniprésents dans les eaux du pays. 

Les ONG agissent aujourd’hui pour une mise à disposition accrue d’infrastructures civiles et d’une éducation de la population sur les conséquences de leur jet de déchets.

C’est de profonds changements sociétaux qui sont requis pour le rêve d’une Thaïlande zéro pollution plastique. 

« Nous ne sortirons pas de la crise de la pollution plastique en recyclant : nous avons besoin d’un changement systémique afin de passer à une économie circulaire. ». Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

Pour relever ce défi, il est impératif que la Thaïlande renforce ses politiques de gestion des déchets, améliore les infrastructures de recyclage et sensibilise la population à la réduction de la consommation de plastique. La collaboration internationale et l’innovation technologique joueront également un rôle clé dans la résolution de cette crise environnementale.

3 comments
  1. Comment voulez-vous réduire l’utilisation de plastique si : lorsque vous êtes chez le pharmacien celui-ci met la plaquette de 10 comprimés dans un sac plastique ?
    Également si vous achetez 4/8 piles sur blister ! le commerçant met ce blister dans un sac plastique !!!
    Le consommateur n’a pas de mains, poches ou autres pour « porter » cette charge !?

  2. Le travail est immense mais tellement nécessaire ! En Thaïlande le plastique est omniprésent et c’est l’ environnement qui en fait les frais. La priorité serait une éducation qui ferait prendre conscience de ce désastre écologique

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