La Thaïlande se rendra aux urnes le dimanche 24 mars dans le cadre d’une élection historique – la première à se tenir sous le règne du roi Rama X, et dans le cadre de la nouvelle Constitution de 2017.

Ce sont aussi les premières élections à avoir lieu en Thaïlande depuis huit ans, les précédentes datant de 2011, lorsque le parti pro Thaksin, Pheu Thai avait remporté les élections et nommé Yingluck Shinawatra comme Premier ministre.

Un événement politique majeur

Les élections générales du 24 mars sont considérées comme un événement politique majeur pour la Thaïlande, en tant que transition vers un régime démocratique faisant suite à près de cinq années de dictature militaire.

En fait il s’agit principalement d’un vote pour ou contre les militaires, qui tentent de légitimer leur pouvoir avec des élections. Le résultat est loin d’être joué d’avance et une humiliation est toujours possible pour le général Prayut.


Chris Baker historien et co-auteur de nombreux ouvrages, notamment «Une histoire de la Thaïlande»

Sept millions de nouveaux électeurs

Parmi les inconnues de ce scrutin figurent le vote de sept millions de jeunes électeurs qui voteront le 24 mars pour la première fois, et la présence de partis radicalement nouveaux comme Future Forward qui se démarque par une opposition frontale avec l’armée.

Pour la première fois les électeurs vont pouvoir voter pour dire : je déteste les militaires. C’est complètement nouveau, et le score de Future Forward qui réclame la suppression du service militaire pourrait bien créer la surprise.

Chris Baker
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Future Forward, le parti qui exaspère les militaires et qui pourrait crée la surprise le 24 mars prochain

Même si le système électoral a été transformé par la nouvelle Constitution (votée en 2017) avec l’adoption d’une nouveau mode de scrutin, et la désignation d’un Sénat de 250 membres qui jouera un rôle important dans la vie politique du pays, la nomination du général Prayut comme Premier ministre est loin d’être acquise.

Une majorité loin d’être acquise

Sur les environ 51 millions d’électeurs appelés aux urnes dimanche prochain, environ sept millions d’entre eux voteront pour la première fois : c’est la grande inconnue de ce scrutin, qui s’accompagne d’un taux exceptionnellement élevé de participation.

Le futur Premier ministre sera désigné par le Parlement constitué des 250 sénateurs et 500 députés qui seront élus dimanche prochain. Pour être élu le futur Premier ministre doit donc réunir une majorité de 376 votes (la moitié de 750 + 1).

Si on considère que le vote du Sénat sera unanimement en faveur de l’actuel Premier ministre, le général Prayut, il suffirait à son parti (le Parti Planang Pracharat, qui porte le numéro 6) de remporter 126 sièges aux prochaines élections pour être élu sans avoir besoin de former un gouvernement de coalition.

Compte tenu du fait que le scrutin se déroule selon les règles de la proportionnelle pour le calcul du nombre de sièges, cette exigence se traduit par un score minimum de 25% pour le parti pro militaire. Un score qui est très loin d’être acquis pour le parti Palang Pracharat qui n’a pourtant présenté qu’un seul candidat au poste de Premier ministre: le général Prayut.

Un score trop faible du parti pro-militaire pourrait donc contraindre la junte a accepter un gouvernement de coalition dirigé par un membre d’un autre parti, mettant fin à la carrière politique du général Prayut.

Car les démocrates, traditionnellement le deuxième parti après le Pheu Thai, et son principal rival, ont exclu de rejoindre un gouvernement de coalition dirigé par le général Prayuth.

La seule chose dont on peut être sûr en ce qui concerne les résultats de prochaines élections, c’est qu’on est sûr de rien.

a conclu Chris Baker lors de son intervention hier soir au FCCT (Club des correspondants de presse étrangers de Thaïlande).

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