Plus de deux ans après le coup d’état de septembre 2006 qui avait écarté Thaksin du pouvoir, rien n’est réglé en Thailande. La semaine prochaine s’annonce agitée avec de grosses manifestations prévues, aussi bien coté des anti gouvernementaux avec le mouvement de protestation de l’Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), que des pro gouvernements de l’UDD (Union pour la démocratie contre la dictature) qui a annoncé un nouveau rassemblement de trois jours. Le premier ministre a également évoqué la possibilité d’une démission, un mois seulement après sa nomination.
Les violences politiques ont fait 2 morts et 428 blessés, et accru l’instabilité du pays, et des soldats patrouillent dans les rues de Bangkok, même si l’armée a cette fois promis d’adopter une « stricte neutralité ». En titrant sur la Thaïlande « au bord de l’anarchie », le Bangkok Post a peut être un peu exagéré la gravité de la situation, car l’essentiel des troubles est pour l’instant circonscrit à une partie seulement de Bangkok. Si bruyants et violents soient-ils, les manifestants du PAD sont encore très minoritaires, et ils sont loin d’avoir mis le pays sans dessus dessous.
Les juges thailandais ont choisi l’apaisement en levant trois des chefs d’accusation, dont celui de « trahison », qui pesaient contre les neuf principaux dirigeants de l’Alliance du peuple pour la démocratie (PAD). Les accusations de « rassemblement illégal » et « incitation au désordre » sont toutefois maintenues, mais les deux dirigeants du PAD arrêtés cette semaine ont été remis en liberté sous caution. Certains commentateurs trouvent cette clémence suspecte s’agissant de dirigeants d’un mouvement impliqué dans des batailles de rues qui ont fait des blessés graves.
Le PAD n’ a toutefois pas appelé à la fin du mouvement de protestation qui dure depuis le 26 août, avec plusieurs milliers de personnes qui occupent le siège du gouvernement et exigent la démission du premier ministre. Deux jours après les violents affrontements dans la capitale thaïlandaise entre policiers et manifestants antigouvernementaux, aucune solution ne semble être en vue pour mettre un terme la crise politique la plus grave qu’ait connue la Thailande depuis 1992.
C’est une bien triste évolution que celle de la politique sanglante de notre pays. Nous avons dénoncé les chars d’assaut et la dictature en 1973, une politique d’extrême droite en 1976 et l’armée, à nouveau, en 1992. Quand l’escalade de la violence conduit les Thaïlandais à se tuer entre eux, comme c’est le cas en ce moment, il est beaucoup plus difficile de désigner les coupables.
Dans les deux camps, on proclame que le peuple se sacrifie pour l’intérêt général de la nation. Les policiers « assurent le maintien de l’ordre public ». Et les protestataires « défendent le pays contre les escrocs de la politique »
estime Tulsathit Taptim editorialiste au quotidien anglophone The Nation.
La presse thailandaise est revenu abondamment sur les conditions des violences policières de la semaine dernière, avec des photos de blessés graves qui tendent à pouver que la police a utilisé des armes offensives et pas seulement des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des résidus d’explosifs ont été détectés à la suite de l’inspection de plus de 300 éléments de preuve recueillis après les affrontements entre la police et des sympathisants de l’Alliance populaire pour la démocratie (PAD), selon l’Institut central de médecine légale de Bangkok.