Dix-huit personnes blessées dans l’explosion d’une voiture piégée, neuf morts lors d’un assaut contre une caserne, des femmes et enfants bouddhistes abattus ou décapités chaque semaine, les enseignants tabassés à mort, ou décapités sur leur moto: bienvenue dans le sud de la Thaïlande à majorité musulmane.

Depuis 2004 et le regain de troubles dans le Sud musulman, les autorités ont dénombré plus de 11 000 actes de violence, dont près de 8 000 imputés aux militants séparatistes, qui ont fait 4 317 morts et 7 135 blessés, selon le Bangkok Post. Depuis le début de l’insurrection, en 2004, les analystes ont cherché à identifier, sans grand succès,  les principales motivations d’une violente rébellion qui vise a terroriser la minorité bouddhiste du sud de la Thaïlande.

La Thaïlande, est un pays bouddhiste à 95%. Environ 2,8 millions de Thaïlandais, soit 4,6% de la population totale de 63 millions, sont musulmans. Les musulmans sont fortement concentrés dans trois provinces de l’extrême sud où ils représentent environ 80% de la population: Pattani, Narathiwat et Yala.

Une étude, réalisée par l’International Crisis Group, permet d’apporter quelques éléments de réponses : elle décrit un mouvement de combattants musulmans d’origine malaise qui cherchent l’indépendance de la Thaïlande. Leur mouvement s’appuie sur un ressentiment de longue date envers la majorité bouddhiste thaïlandaise.

Soldats moines
Des militaires thailandais font des offrandes aux moines dans le sud de la Thailande

Au moins 108 enseignants massacrés

Les militants islamistes sont suspectés d’avoir tué au moins 108 enseignants employés par le gouvernement et 27 autres membres du personnel éducatif dans les provinces frontalières du sud de la Thaïlande depuis janvier 2004

Jeudi dernier, un groupe de combattants a pris d’assaut un camp militaire du district de Rangae, dans la province de Narathiwat, faisant quatre morts et sept blessés. Selon le journal The Nation, les assaillants se seraient emparés d’une multitude d’armes et de près de 5000 munitions.

Selon certaines analyses, l’idéologie séparatiste,  et le recrutement des insurgés sont entretenus par l’incapacité des autorités à répondre aux doléances locales. A cela s’ajoutent en outre la violence des interventions militaires, les violations des droits de l’homme répétées, les mauvais traitements infligés aux musulmans et l’impunité de leurs auteurs.

Un nouveau cycle de violence

buddhiste sud thailande
Les atrocités font partie de la stratégie de terreur des islamistes, comme cette victime bouddhiste décapitée dans le sud de la Thailande

La série d’attaques perpétrées depuis la fin de 2010 montre qu’ un nouveau cycle de violence est en route caractérisé par des attaques à la bombe parfaitement préparées et coordonnées avec des raids contre des casernes militaires. Cette nouvelle vague est menée par des militants endurcis et radicalisés qui semblent peu intéressés par une offre de dialogue avec les autorités.

Les réactions suscitées, il y a cinq ans, par l’idée de créer une zone administrative spéciale pour le Sud à majorité musulmane en disent long sur le problème. La proposition émanait d’un ancien Premier ministre, le général Chavalit Yongchaiyudh, mais elle a été rapidement mise au placard.

Les préjugés d’ordre ethnique et l’ultranationalisme de la société thaïlandaise, conduisent souvent à faire l’amalgame entre décentralisation politique et séparatisme.

Des liens avec le Pakistan et Al Qaida

Selon certaines sources, les musulmans thaïlandais ont tendance à étudier à l’étranger, au Moyen-Orient et au Pakistan. Beaucoup d’entre eux reviennent en Thaïlande pour y enseigner dans les écoles religieuses, transmettant l’extrémisme à une nouvelle génération.

Des musulmans de Pattani auraient reçu une formation dans des centres d’Al-Qaida au Pakistan, et ont forgé des liens avec des groupes tels que le Front de libération islamique Moro aux Philippines et le Mouvement pour l’Aceh libre en Indonésie.

Les musulmans ne voient aucune différence entre le gouvernement d’Abhisit et ceux de ses prédécesseurs.  L’armée est restée silencieuse. Les organisations bouddhistes ont exprimé leur hostilité, invoquant le risque de sécession. Des responsabilités accrues pour la société civile et des droits renforcés pour les collectivités, sont des facteurs d’équilibre indispensables pour rétablir un semblant de paix dans cette région ravagée par sept années de violence continue.

3 comments
  1. @Angelo Michel:

    Encore une vision islamophobe fantasmée.

    La réalité c’est que le sud était autrefois un sultanat musulman qui a été annexé par la Thaïlande.

    Annexer contre le vouloir des peuples ça fini toujours par péter, musulmans ou pas, rien de plus naturel.

  2. A l’origine, il y a chez les « islamistes » (musulmans intégristes) la haine des « idolâtres » qui ignorent Dieu et doivent donc être mis à mort …
    C’est en lisant le Coran « au pied de la lettre » que les intégristes arrivent à fanatiser des jeunes désoeuvrés, qui commettent des actes d’une atrocité incroyable le plus souvent sous l’emprise de drogues (la Presse thaïlandaise ne « floute » pas les photos).

    Et d’ailleurs, les premières victimes de ces fanatiques sont des musulmans -comme eux- à qui ils doivent imposer leur loi :

    -« respect » du Vendredi dédié à la prière (i.e. pas de marchés)
    – boycott des écoles laïques d’Etat (et meurtre systématique des instituteurs)
    – imposition du code alimentaire -sous peine de mort
    – imposition du port du hijab aux femmes -sous peine de mort
    – imposition du jeûne lors du Ramadan -sous peine de mort
    etc etc etc

    Les meurtres systématiques de « bouddhistes » ont pour but de faire partir ceux-ci ou de forcer à la conversion, et çà « réussit » assez bien, le « nettoyage » avoisine l’achèvement de celui de l’Irak par exemple.

    Les quelques bouddhistes qui survivent dans ce coin ne le font grâce à la protection armée permanente de militaires.

    La Malaysie a réussi à maintenir un système basé sur la division légale entre musulmans et non-musulmans, les musulmans étant soumis à la charia et les autres à la loi civile.

    Mais, en particulier dans l’Etat frontalier avec la Thaïlande, les intégristes (qui souhaitent imposer la charia à tous) sont très « forts » …

    Le pluralisme religieux n’est pas une vertu islamique, pour s’en convaincre il suffit de regarder dans la plupart des pays « à majorité musulmane ».

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