Persécutés en Birmanie, délaissés en Thaïlande, les Rohingyas sont considérés comme la population la plus persécutée 
au monde par l’ONU. Les Rohingyas, une ethnie majoritairement musulmane, sont privés de leur nationalité  par la Birmanie depuis 1982. 

Ils représentent 90 % du million d’habitants présents au nord de l’État de Rakhine au Myanmar, voisin du Bangladesh.

Privés de nationalité

Selon le président birman Thein Sein, « les Rohingyas sont des clandestins venus du Bangladesh », et ne sont donc pas considérés comme des citoyens à part entière.

Aucune carte d’identité ne leur est d’ailleurs délivrée depuis 1982. Pourtant, beaucoup d’entre eux sont nés en Birmanie, parfois issus de familles installées depuis des générations.  D’autres encore sont là depuis des décennies.

Mais les autorités birmanes ne prennent pas en compte la date d’arrivée dans le pays. Le président birman Thein Sein a par ailleurs affirmé il y a quelques temps qu’il fallait déplacer les Rohingyas dans des camps de réfugiés tenus par les Nations Unies, pour leur offrir une réinstallation dans un autre pays disposé à les accueillir.

L’exode des Rohingyas par la mer pour echapper aux persécutions en Birmanie

Un sujet faiblement médiatisé

Très peu médiatisé tant sur le plan national qu’international, la campagne « d’épuration ethnique » des Rohingya en Birmanie est un sujet qui s’est fait plutôt discret jusqu’à présent.

Mais entre le récent buzz autour de l’émission Pékin Express en France sur les réseaux sociaux, et le prix Pulitzer qui vient d’être décerné à l’agence de presse Reuters, la couverture médiatique pourrait bien finir par évoluer.

Certains reportages ont tout de même été réalisés par des journalistes envoyés sur place pour faire état de la situation. C’est notamment l’agence de presse Reuters qui a consacré un dossier spécial consacré au trafic de réfugiés Rohingyas entre la Birmanie et la Thaïlande.

Persecutés en Birmanie, rejetés en Thaïlande

En Thaïlande, les Rohingyas sont aussi délaissés par le gouvernement. Nombreux d’entre eux essaient de se rendre au pays du sourire pour échapper aux atroces conditions dans lesquelles ils vivent en Birmanie. En février dernier d’ailleurs, Bangkok avait annoncé le renvoi de 1300 réfugiés Rohingyas.

La plupart d’entre eux avaient en effet fui des persécutions survenues en 2012 dans l’Etat Rahkine, à l’Ouest de la Birmanie.

En effet, l’année 2012 avait été mouvementée : selon le gouvernement birman, plus de 100 000 Rohingyas ont été déplacées, tandis que de terribles affrontements entre bouddhistes de l’ethnie rakhine et musulmans de l’ethnie rohingya auraient fait 80 morts.

Cette décision du gouvernement thaïlandais a choqué de nombreuses ONG, notamment Human Rights Watch qui soutient fortement cette population rejetée.

« L’expulsion de Rohingyas est une violation flagrante des lois internationales qui interdisent de renvoyer des réfugiés et des demandeurs d’asile vers un endroit où ils font face au danger et à la persécution »,

a dénoncé Sunai Phasuk, de Human Rights Watch.

Le prix Pulitzer 2013

Les deux journalistes de Reuters, Jason Szep et Andrew RC Marshall, ont d’ailleurs remporté le 14 mars le prix Pulitzer récompensant un “rapport courageux sur la violente persécution des Rohingyas, […] souvent victimes des réseaux de trafiquants d’êtres humains”.

En France, la célèbre émission de télé réalité Pékin Express a récemment défrayé la chronique pour avoir tourné une partie de sa prochaine émission en Birmanie. Certains téléspectateurs appellent en effet au boycott de l’émission, s’insurgeant contre une médiatisation d’une région où se déroule en ce moment même des atrocités contre des Rohingyas.

Sur twitter, un hastag #contrepékinexpress2014 a d’ailleurs vu le jour.

Des journalistes poursuivis en Thaïlande

Alan Morison, rédacteur en chef du site d’information Phuketwan et de sa collègue Chutima Sidasathian, sont poursuivis par la marine thaïlandaise pour avoir relayé les informations de Reuters sur le trafic des Rohingyas.

Du côté de la Thaïlande, deux journalistes de Phuketwan sont poursuivis par la Royal Thai Navy pour diffamation après avoir relayé un article de l’agence de presse Reuters sur le sort réservé aux réfugiés Rohingyas par les autorités thaïlandaises.

Reporters sans frontières appelle les autorités à abandonner toutes les charges qui pèsent contre les deux journalistes. Ce sujet a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps.

Certains Etats de la Birmanie sont en effet encore difficiles d’accès pour les journalistes, ce qui peut expliquer en partie la faible médiatisation du sujet. Cependant, la situation semble être en train de changer.

Il y a un an déjà, le Parlement Européen s’était prononcé en faveur de l’ouverture aux journalistes des zones sensibles de Birmanie, notamment l’Etat d’Arakan.

La presse agressée en Birmanie

Reporters sans frontières (rsf.org) a d’ailleurs appelé à cesser

« la désinformation autour des sanglantes émeutes qui ont secoué la Birmanie en grande partie sous le regard passif des forces de sécurités. »

Certains journalistes étrangers qui étaient venus couvrir le sujet ont essuyé des attaques et répressions de la part de la population locale. Et c’est sans compter sur l’aide du gouvernement qui tente de museler le plus possible l’information.

Au niveau national, le sujet est donc peu traité par les médias. Cependant, un pureplayer d’information birman appelé Rohingya Blogger consacre de nombreux articles à tout ce qui touche à ce génocide silencieux.  Le site est disponible en Anglais ainsi qu’en Birman.

 

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