Pierre angulaire de la stratégie du PDRC pour faire tomber le système Thaksin, la corruption en Thaïlande est au cœur du débat politique entre pro et anti-gouvernementaux. Suthep Thaugsuban s’est habilement emparé de ce thème pour le placer au centre de son programme qui pour le reste demeure assez flou.

Ce dernier espère que les différentes accusations pour corruption à l’encontre du gouvernement suffiront à le faire tomber. Pourtant si Suthep se place comme le leader d’un futur politique sans corruption, il semble oublier une partie de son passé.

Une enquête dangereuse pour le gouvernement

La première ministre Yingluck Shinawatra est depuis le début de l’année la cible de la commission nationale anti-corruption (NACC) dans une vaste enquête sur le programme de financement du riz. Dans le cadre de ce programme lancé en 2011, l’Etat s’est engagé à racheté le riz directement aux riziculteurs à un tarif préférentiel, 30 à 40% plus élevé que les prix du marché.

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Au fil des années, la Thaïlande a chuté dans le classement de la perception publié par Transparency International

Présenté par le gouvernement comme une aide aux agriculteurs, l’opposition préfère, elle, parler de politique populiste. Pour la NACC ce programme était directement destiné à renforcer la base électorale du Pheu Thai, le parti au pouvoir, autrement dit comme un achat de voix indirect.

La commission reproche à Yingluck Shinawatra d’avoir été «négligente » dans le cadre de ce programme de financement qui après trois ans se révèle être un fiasco financier complet imprégné de corruption. Les pertes liées à la mauvaise gestion des stocks de riz pourraient atteindre les 400 milliards de baht.

Selon Niphon Wongtra-ngarn président de l’association des meuniers thaïlandais, 60 milliards de baht provenant de ce programme auraient ainsi été détournés vers Hong-Kong.

Pourtant même si cette enquête pourrait conduire à la destitution du chef du gouvernement, la NACC, elle, n’a pas directement ce pouvoir. Si à la suite de l’enquête, Yingluck est considérée comme coupable, la commission transférera le dossier au Sénat qui pourrait l’interdire de vie politique pendant cinq ans.

Globalement cette enquête est un atout de plus pour l’opposition qui entre dans une bataille juridique pour faire tomber le gouvernement.

Suthep Thaugsuban, un leader au passé teinté de corruption

Pourtant si la lutte contre la corruption et le clientélisme est le thème principal de sa campagne, Suthep Thaugsuban semble avoir la mémoire courte ayant lui même été la cible de différentes accusations pour corruption par le passé. Ainsi en 1995, alors ministre de l’agriculture, il s’est retrouvé au centre d’une affaire de corruption ayant menée à la dissolution du parlement et à la démission du parti au pouvoir.

Il est également accusé de meurtre pour les violentes répressions lors de la crise de 2010 où 90 personnes furent tuées.

Si en ce moment la lutte anti-corruption se retrouve au centre de la crise politique, en Thaïlande la corruption est présente à tout les échelons de la société. L’ONG Transparency International classe d’ailleurs le pays 102 ème sur 177 ème dans son classement mondial de la perception de la corruption.

Selon un sondage 65% des thaïlandais considèrent même la corruption comme acceptable si ils en tirent un certain profit.

Si l’opposition milite pour la fin d’un système qu’elle décrit comme corrompu, une lutte efficace contre la corruption passera d’abord pour une sensibilisation importante et un changement progressif des mentalités.

4 comments
  1. Une fois de plus on ignore le rôle prépondérant des Sino-Thaïs qui se disputent le pouvoir et tirent les ficelles aussi bien d’un côté que de l’autre. En fait, l’ancien Siam est gouverné par les conglomérats sino-thaïs qui contrôlent la finance, l’économie et la politique. Les paysans qui attendent désespérément d’être payés pour leur récolte de riz ne se font pas plus d’illusions sur les promesses du clan Shinawatra que sur les sirènes des élites de Bangkok.

  2. L’article relève pertinemment que les Thaïlandais s’accommodent fort bien de la corruption.
    Ce qui est en cause ici n’est pas la corruption vue par « Transparency International », qui la perçoit selon des critères occidentaux bien hypocrites, c’est la tentative des Shinawatra de la monopoliser à leur seul profit, transformant un clientélisme traditionnel plutôt paternaliste en une arme redoutable, à l’échelon industriel, en faveur d’un ordre mondial qui ne survit que par son consumérisme exacerbé, détruisant pour ce faire les modes de vie anciens.
    En Occident, la corruption se pratique à grande échelle et fait même partie de son mécanisme politique si l’on pense aux institutions financières du type Goldman Sachs. Sur un plan plus modeste, si l’on peut dire, ce sont nos oligarques qui s’en accordent le monopole, on se rappelle de notre impayable Cahuzac.
    En Thaïlande, en revanche, la corruption y est populaire car infiniment plus démocratique. Elle répond à des règles que les Thaïs connaissent parfaitement et qui, souvent, leur simplifie la vie dans un Etat qui par ailleurs les laisse en paix.
    Les pays occidentaux, et la France en particulier, sont bien mal placés pour juger de la corruption en Thaïlande.
    http://librattitude.blogspot.com/2013/05/la-thailande-est-infiniment-plus.html

  3. Mouais…Je ne suis pas sûr qu’une « dictature » de corrompus arrangera le problème (du moins pas mieux qu’une démocratie de corrompus). Je pense que c’est plutôt le contraire en fait car il n’y aura plus de contre-pouvoirs. La connivence fait que les politiciens ne s’engagent jamais sans y voir leurs propres intérêts.

  4. Oui c’est cela la Démocratie.
    Une manière où l’on veut que tout le monde tous les pays adhérent…. la démocratie est un DANGER
    je comprends que cela puisse faire mal aux oreilles, c est ainsi le pouvoir des hommes.

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