Trois ans de crise politique, un coup d’Etat militaire en septembre 2006 et, plus récemment, une élection générale, n’ont pas changé grand chose à la situation politique en Thaïlande. Rarement un homme politique absent et banni de son pays aura été aussi bavard: en exil, poursuivi par la justice de son pays, son parti dissout et ses biens mis sous séquestre, Thaksin a toujours continué à faire la une de l’actualité en Thailande.
De ce point de vue le bilan du nouveau gouvernement est un échec total : non seulement l’ex premier ministre n’a rien perdu se sa popularité auprès de son électorat, mais le PPP (People Power Parti) qui se réclame de lui,a remporté haut la main les élections.
Thaksin Shinawatra (né le 26 juillet 1949 à Chiang Mai) prétend qu’il n’a pas l’intention de recommencer une carrière politique, mais tout indique le contraire. Sinon pourquoi prendre le risque de rentrer en Thaïlande ?
De par son caractère, il semble évident qu’il a du mal a accepter d’avoir été évincé par les militaires. Ancien lieutenant-colonel de police, docteur en criminologie, diplômé de l’Université du Kentucky (États-Unis) est issu d’une famille aisée sino-thaïe de la province de Chiang Mai. Thaksin est avant tout un homme d’affaire. En 1987 il crée le Shinawatra Computer and Communication Group, profitant de l’essor spectaculaire de la téléphonie mobile, des liaisons satellite et du boom boursier, il fait rapidement fortune et est devenu aujourd’hui, avec sa famille, la première fortune du pays.
Il a été nommé premier ministre de Thaïlande par le roi Rama IX le 9 février 2001 pour cinq ans. Après les élections du 6 février 2005, il a été reconduit pour un second mandat. Suite à la contestation qui a agité le pays en mars 2006 et des élections anticipées boycottées par l’opposition, il démissionne le 5 avril. Il est remplacé provisoirement par son vice-Premier ministre Chitchai Wannasathit. Il est finalement renversé par un coup d’État, le 19 septembre 2006 alors qu’il se trouve à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies.
Aujourd’hui personne ne sait comment la Thailande va gérer le retour de Thaksin, qui est toujours sans doute l’homme politique le plus influent du pays. Adulé dans les régions rurales et pauvres du royaume, il est très impopulaire à Bangkok, ou une coalition anti Thaksin (L’Alliance du peuple pour la démocratie, PAD) a menacé de manifester si le nouveau gouvernement cherchait à intervenir dans le processus judiciaire visant M. Thaksin.
Mais il semble difficile que les juges ne tiennent pas compte du nouveau climat politique crée par les récentes élections. Le Thai Rak Thai a été ressuscité en tant que PPP, qui a remporté les élections et dirige désormais un gouvernement de coalition. Les ex alliés de Thaksin ont progressivement repris les postes de responsabilités qu’ils occupaient avant le coup d’Etat, comme policiers, procureurs, militaires et hommes politiques locaux.
Mais d’un point de vue strictement juridique Thaksin a été interdit de politique pour cinq ans par un Tribunal statuant en mai dernier et il doit encore faire face à plusieurs procédures judiciaires l’accusant de corruption, lui et sa famille. Son épouse Pojaman Shinawatra est accusée d’avoir acheté en 2003 un terrain de cinq hectares à Bangkok pour 23 millions de dollars à un Fonds d’investissement dépendant de la Banque centrale alors que la propriété avait été estimée à trois fois ce prix.
2 comments
et pourquoi pas un nouveau coup d ‘état, et hop… comme d’habitude…
La situation politique du pays est délicate. Evidemment, Thaksin revient en politique et jouera un rôle, même officieux. Apparemment, on parle déjà en Thaïlande de « deux Premier ministres », l’un officiel, Samak, et Thaksin.
Si on ajoute à ça l’affaire qui touche Yongyuth, le Président du Parlement, et le retour annoncé des manifestations anti-Thaksin, il y a fort à parier que la situation politique ne s’apaisera pas de sitôt, hélas.
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