Tout se passe actuellement comme si les inondations n’avaient fait que retarder la mise en place du véritable ordre du jour du gouvernement: préparer le retour et l’amnistie de Thaksin Shinawatra, le frère de l’actuel Premier ministre. A peine les inondations terminées, Yingluck Shinawatra a remis à l’ordre du jour les questions juridiques liées à la condamnation de son frère à deux ans de prison pour abus de pouvoir. 

La récupération de son passeport par M.Thaksin constitue incontestablement un premier pas vers un retour possible de l’ex Premier ministre en Thaïlande, un sujet politiquement très sensible, en raison de sa condamnation à deux ans de prison pour abus de pouvoir. M.Thaksin s’exprimant à plusieurs reprises de son exil, a toujours défendu la thèse du complot politique, estimant qu’il était innocent.

Après la tentative d’amnistie avortée du mois dernier, le gouvernement de Yingluck Shinawatra, la soeur cadette de Thaksin, n’a pas pas beaucoup attendu avant de reprendre l’initiative en faveur du retour de l’ancien Premier ministre en exil.

La décision de rendre son passeport à Thaksin Shinawatra est une première étape vers son retour en Thaïlande. Un sujet politiquement très sensible, en raison de sa condamnation à deux ans de prison pour abus de pouvoir (Photo montage: thailande-fr.com)

Le gouvernement avait déjà fait preuve d’une certaine maladresse en présentant un projet de décret de grâce royale qui aurait permis d’amnistier l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra dès le 5 décembre. Les conditions habituelles du bénéfice de l’amnistie qui excluent normalement les condamnés reconnus coupables d’infractions liée à  la corruption, et ceux qui ont pris la fuite, avaient été exceptionnellement retirées pour permettre l’amnistie de Thaksin.

Mais devant le tollé suscité par cette remise en question des conditions de la grâce royale annuelle, le gouvernement avait renoncé à son projet

Le retour de Thaksin véritable ordre du jour du gouvernement ?

Plusieurs pistes sont actuellement explorées par l’actuel gouvernement. Une modification de la Constitution sera sans soute proposée dans les prochains mois, afin de retirer l’article qui justifie la légalité a posteriori du gouvernement issu du coup d’Etat de septembre 2006 qui avait renversé Thaksin.

La suppression de cet article ouvrirait la voie à une nullité des poursuites et du procès contre Thaksin, et à un retour en Thaïlande accompagné d’une restitution des fonds confisqués au moment de sa condamnation.

Cependant, une première étape était nécessaire au retour de Thaksin: la restitution de son passeport, annulé par le précedent gouvernement. C’est maintenant chose faite.

Une mesure administrative

Le  passeport de M.Thaksin lui avait été retiré non pas à cause de sa condamnation pénale, mais avait révoqué par le ministre des Affaires étrangères du précédent gouvernement Kasit Piromya. La réglementation thaïlandaise permet au ministre de révoquer le passeport de quelqu’un se trouvant à l’étranger si il constitue une menace pour la sécurité de la Thaïlande.

M. Surapong, le nouveau ministre des Affaires étrangères a considéré M. Thaksins n’était plus une menace pour la sécurité de son pays, et a par conséquent révoqué l’ordre de ses prédécesseurs et restitué son passeport à M.Thaksin.

Exclu de la vie politique par un coup d’Etat militaire en 2006, Thaksin n’a cessé de hanter la scène politique de son pays: dès 2007 son parti a remporté les élections et en 2008 il a regagné le pouvoir par personne interposée une première fois, avec un gouvernement dirigé par son beau-frère (Somchai Wongsawat), et maintenant une seconde fois après avoir imposé sa propre sœur Yingluck Shinawatra au poste de Premier Ministre depuis le mois d’aout 2011.

De fait Yingluck Shinawatra se retrouve dans la délicate position de devoir assumer son héritage familial (elle doit très clairement son élection à son frère, dont elle n’a cesse de se réclamer pendant sa campagne), tout en prenant soin de ne pas apparaître comme une simple courroie de transmission au service de la réhabilitation de Thaksin.

Mais aujourd’hui personne ne sait comment la Thaïlande pourrait gérer le retour de Thaksin, sans risquer de sombrer de nouveau dans les manifestations et la violence. Adulé dans les régions rurales et pauvres du royaume, il est beaucoup moins populaire à Bangkok, ou ses opposants (L’Alliance du peuple pour la démocratie, PAD) ont menacé de manifester si le nouveau gouvernement cherchait à intervenir pour neutraliser sa condamnation à deux ans de prison.

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