L’issue des prochaines élections américaines est cruciale pour l’Asie du Sud-Est, une région qui entretient depuis longtemps des relations stratégiques avec les États-Unis, dans un contexte de pressions chinoises croissantes et de plus en plus perceptibles.

  • Les élections américaines pourraient avoir un impact significatif sur l’Asie du Sud-Est en raison des politiques commerciales agressives de Trump et de possibles répercussions sur les économies de la région.
  • Les projets tarifaires de Trump pourraient entraîner une baisse des exportations de l’Asie du Sud-Est vers les États-Unis et des pressions inflationnistes, affectant les coûts des entreprises et des consommateurs.
  • Une présidence de Kamala Harris pourrait impliquer une approche plus axée sur les droits de l’homme et l’environnement dans les relations commerciales avec l’Asie du Sud-Est, mais aussi des défis potentiels liés à des normes plus strictes.

Les politiques de Kamala Harris semblent orientées vers un engagement plus robuste des États-Unis en Asie du Sud-Est, avec des améliorations notables dans les relations sous l’administration Biden-Harris, telles que la renaissance d’un accord de défense significatif avec les Philippines et un partenariat stratégique global amélioré avec le Vietnam et le Secrétariat de l’ASEAN à Jakarta.

En revanche, une administration Trump pourrait forcer les pays de l’Asie du Sud-Est à choisir entre la Chine et les États-Unis, ce qui pourrait entraîner des tensions accrues et compliquer la stratégie de longue date de la région consistant à équilibrer les superpuissances.

Malgré l’absence du président Biden au dernier sommet de l’ASEAN, les États-Unis restent la principale source d’investissement direct étranger de l’ASEAN, contribuant à hauteur de 14,7 milliards de dollars depuis 2002, ainsi que de 1,9 milliard de dollars à l’aide humanitaire. Les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’ASEAN ont atteint environ 500 milliards de dollars rien qu’en 2023.

Cependant, des incertitudes existent quant à l’avenir de l’engagement américain en Asie du Sud-Est, en particulier si une administration Trump prend ses fonctions l’année prochaine.

Trump: le risque isolationniste

En cas de victoire de Donald Trump, le risque serait de s’orienter vers un changement interne de la politique américaine privilégiant les préoccupations nationales au détriment du multilatéralisme.

Or la défense reste un pilier essentiel des relations entre les États-Unis et l’ASEAN, avec une coopération militaire active avec le Vietnam, Singapour, l’Indonésie, la Thaïlande et surtout les Philippines. Cela est particulièrement pertinent dans le contexte des tensions croissantes en mer de Chine méridionale, avec des affrontements fréquents entre les forces navales chinoises et philippines. Le traité de défense mutuelle entre les États-Unis et les Philippines a déjà été mis à l’épreuve.

Une présidence Harris pourrait apporter une politique américaine plus cohérente à l’égard de la région, mais elle se heurte à des pressions politiques intérieures qui pourraient limiter son engagement.

Le sort de Taiwan dans la balance

Côté chinois, on redoute surtout l’imprévisibilité de Trump reputé prendre des décisions parfois hâtives sans consulter ses conseillers. Bien que l’administration Biden ait poursuivi la politique économique agressive de Trump, c’est le sort de Taïwan qui pourrait changer la donne, Trump ayant exprimé son soutien pour la « Chine unique » et des doutes sur la présence américaine dans la région.

Un retour de Trump serait considéré comme une catastrophe pour Taïwan, le Japon et la Corée du Sud, favorisant la suprématie chinoise dans la région. À l’inverse, l’élection de Harris assurerait la continuité de la politique étrangère de Biden, qui accorde une priorité à l’Asie.

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