Après une semaine de calme relatif, les combats entre la junte birmane et des groupes ethniques armés ont repris à proximité de la frontière thaïlandaise, forçant des milliers de civils à fuir la zone.
Les affrontements ont éclaté près de la ville de Myawaddy côté birman, une localité stratégique pour le commerce avec la Thaïlande, et dont les troupes gouvernementales ont été contraintes de se retirer le 11 avril face à la pression des rebelles.
Points clés
- 💥 Intensification du conflit birman à la frontière thaïlandaise Des combats intenses ont éclaté à la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, forçant des milliers de civils à fuir. Les rebelles birmans ont pris le contrôle de Myawaddy, une ville stratégique pour le commerce avec la Thaïlande.
- 😥 Fuite des civils La reprise des combats a provoqué un exode massif de civils vers la Thaïlande. L’ONU s’inquiète de la situation humanitaire et appelle à un cessez-le-feu immédiat.
- 🗺️ Contexte du conflit Le conflit birman est un conflit ethnique complexe qui dure depuis des décennies. La junte militaire au pouvoir est accusée de violations des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité.
Depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire en 2021, la Birmanie est en proie à une violente rébellion. Le coup d’État ayant conduit à l’éviction d’Aung San Suu Kyi a déclenché une guerre civile brutale entre une coalition de différents groupes ethniques et l’armée birmane. La situation s’est récemment exacerbée avec la reprise des combats dans la ville de Myawaddy, un point vital du commerce situé à proximité de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie.
Samedi dernier, l’armée thaïlandaise a signalé une nouvelle flambée de violences. Les rebelles de l’armée Karen ont lancé une attaque contre les troupes birmanes retranchées près du Pont de l’Amitié Thaïlande-Myanmar, suite à la prise de la ville par les résistants anti-junte le 11 avril dernier.
Réactions de la Thaïlande
Plusieurs médias thaïlandais ont rapporté que près de 3000 réfugiés avaient franchi la frontière pour trouver refuge en Thaïlande. En début avril, Parnpree Bahiddha-Nukar , ex ministre des affaires étrangères, avait déjà annoncé que la Thaïlande était prête à accueillir jusqu’à 100 000 réfugiés sur son territoire, en plus des 90 000 déjà présents dans le pays.
Dans la ville frontalière de Mae Sot, la tension est à son comble. Face à l’escalade de la violence à Myawaddy, un afflux massif de réfugiés birmans fuit vers cette zone. Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères se sont rendus sur place pour exprimer leur soutien indéfectible aux populations affectées.
En réaction à ces événements, le déploiement militaire à la frontière a été renforcé. Des témoignages font état d’incidents où les habitations de certains habitants thaïlandais ont été touchés par des tirs.
Un comité interinstitutionnel, dirigé par Parnpree Bahiddha-Nukar et Strettha Thavisin, a été mis en place. Son rôle principal est de surveiller l’évolution du conflit, de faciliter le dialogue et de mettre en œuvre des initiatives pour apaiser la situation.
Parallèlement, Bangkok presse l’organisation urgente d’une réunion de l’ASEAN pour examiner plus en détail les développements du conflit et proposer des solutions.
L’ASEAN et ses tentatives d’apaisement
L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) exprime une profonde inquiétude face à l’intensification du conflit au Myanmar.
« Nous demandons instamment à toutes les parties de cesser immédiatement la violence, de faire preuve de la plus grande retenue, de respecter le droit international humanitaire et de prendre toutes les mesures nécessaires pour désamorcer les tensions et assurer la protection et la sécurité de tous les civils », ont-ils insisté.
Cependant, le rôle de médiateur de ce groupe régional semble difficile à tenir depuis le début du conflit il y a trois ans. Sa stratégie repose principalement sur la mise en œuvre du programme Consensus à Cinq Points, prévoyant une cessation immédiate de la violence, un dialogue constructif et la fourniture d’aide humanitaire. Ces efforts se heurtent au refus de la junte de respecter ses engagements, ce qui complique encore davantage la situation.
Les efforts de médiation de la Chine
Pékin, l’un des plus puissants alliés de la Birmanie, entretient des relations avec les principaux acteurs du conflit, notamment la junte militaire, les groupes ethniques armés, le gouvernement civil d’unité nationale et le parti de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi. La Chine est également proche du Laos, qui assure actuellement la présidence de l’ASEAN.
En janvier, suite à l’escalade de la violence qui a blessé cinq personnes dans sa province du Yunnan, dans le sud-ouest du pays, par un obus d’artillerie en provenance du Myanmar, la Chine a réussi à négocier un accord de cessez-le-feu entre l’armée birmane et une alliance de groupes de guérilla ethnique.
La République populaire de Chine joue ainsi un rôle crucial dans les efforts de paix.
Cependant elle cherche à maintenir le statu quo dans la région principalement pour protéger ses investissements et éviter toute ingérence occidentale dans le conflit.
La résolution de ce conflit complexe reste donc incertaine, et la situation continue de susciter de vives inquiétudes au niveau régional et international.
Dans l’attente d’une solution pacifique et durable, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour mettre fin à la violence et garantir la sécurité et le bien-être de la population birmane.