Le Premier ministre thaïlandais sortant Abhisit Vejjajiva, du Parti Démocrate et Yingluck Shinawatra, du parti Pheu Thai sont en lice pour le mandat de dirigeant de la Thaïlande au cours des prochaines élections législatives du 3 juillet prochain. Qui représentent ils exactement ? Certains analystes font valoir que Yingluck n’est que le porte parole de son frère (son clone selon lui), et Abhisit un fidèle représentant des militaires et de l’aristocratie.
Les deux principaux partis qui se disputeront les suffrages dans un peu plus d’un mois, sont les Démocrates, actuellement au pouvoir, et dirigés par le Premier ministre Abhisit Vejjajiva ; et le parti d’opposition Pheu Thai, dirigé par Yingluck Shinawatra, la sœur cadette de Premier ministre déchu Thaksin Shinawatra.
Yingluck, qui est la sœur de l’ancien premier ministre limogé Thaksin Shinawatra, est devenue ces dernières semaines une candidate populaire et une rivale sérieuse de Vejjajiva, et pourrait devenir la première femme Premier ministre de la Thailande.
Pavin Chachavalpongpun, un observateur politique à l’Institut thaïlandais de Singapour of Southeast Asian Studies estime que le vote est essentiellement une lutte entre les élites traditionnelles de Bangkok, et les partisans de Thaksin dans le nord rural.
« Nous allons vers une collision frontale entre deux blocs puissants », a déclaré Pavin.
« D’un côté, le parti démocrate, qui représente les intérêts du palais, les militaires, les grandes entreprises, et aussi, vous le savez, les hauts fonctionnaires. De l’autre Yingluck, elle est apparue comme un représentant des pauvres Thai, en particulier ceux du nord et la région nord-est qui ont toutes ces années été ignorés par les élites traditionnelles. »
Yingluck a promis que si elle gagne l’élection, il sera question d’une amnistie pour toutes les condamnations en rapport avec le coup de 2006, qui pourrait ouvrir la voie à un retour de Thaksin en Thaïlande.
Quelles sont les réactions sur Internet à la candidature de Yingluck ?
Andrew Walker, sur le site New Mandala, fait la liste des atouts de Yingluck.
Yingluck est une relève plus convaincante pour Thaksin que Samak. Et qu’elle soit plus agréable à regarder ne fait aucun doute..
Yingluck répond parfaitement à l’appel à un changement de génération que demandait Thaksin ; le fait qu’elle soit une femme souligne le défi qu’il lance aux modes traditionnels de gouvernement. Sa réussite dans le secteur financier illustre les aspirations que Thaksin cultivait ; et, plus important que tout, son nom de famille est Shinawatra.
En termes politiques, Yingluck, c’est Thaksin en robe.
The Lost Boy examine la candidature de Yingluck en la comparant aux autres dirigeantes politiquesd’Asie.
Elle correspond au stéréotype des dirigeantes politiques asiatiques. Elle vient d’un milieu d’élite, elle a des qualités très féminines, elle est cultivée, elle pourrait être un vecteur de changement, les gens l’écouteront à cause de ses liens familiaux et elle sera probablement une dirigeante timide.
Saksith Saiyasombut n’est pas convaincu qu’elle puisse conquérir les électeurs indécis :
Ceux qui détestent Thaksin ne voteront pas pour le parti Puea Thai de toute façon, et ceux qui l’admirent toujours voteront pour sa sœur, rien ne changera de ce côté-là. Ce qui est crucial, maintenant, c’est de voir si elle peut gagner le vote des indécis. Il va falloir attendre la campagne pour voir si Yingluck peut mener sa barque toute seule. Elle va avoir des opportunités pour faire ses preuves en tant que femme politique et pas simplement en tant que sœur de Thaksin.
On discute beaucoup, depuis un interview de Thaksin, du fait que Yingluck serait juste un clone de moindre qualité que son célèbre frère. Harrison George, sur Prachatai, écrit :
Il a de toute évidence l’intention d’utiliser Yingluck comme un genre de robot qu’il peut manipuler à distance et donc gouverner de fait comme Premier ministre sans avoir été élu.
Mais l’auteur pense que Thaksin, en admettant publiquement que sa sœur était son ‘clone’, peut avoir été mal compris :
Ceci pourrait juste signifier que Thaksin connait aussi mal les lois de la génétique que les règles de la grammaire anglaise. On peut choisir de comprendre que Yingluck n’est pas une espèce de marionnette contrôlable à distance, mais juste une élève capable du style Thaksin en matière de gouvernance.
Quelle que soit la réponse, l’utilisation du mot ‘clone’ a généré beaucoup de commentaires dans les cercles politiques :
Les commentateurs politiques s’en donnent à cœur joie, ils suggèrent des clones possibles dans les milieux politiques, et font savoir qu’un peu de chirurgie esthétique pourrait aider, pour diminuer la ressemblance avec le modèle original.
Thitinan Pongsudhirak est directeur de l’Institut de sécurité et d’études internationales à l’Université de Chulalongkorn de Bangkok pense qu’il ne fait aucun doute que Yingluck est un représentant fidèle de M. Thaksin qui a activement dirigé le Pheu Thai de son exil.
Comme dans les autres pays de nos jours, les politiciens thailandais utilisent beaucoup les médias sociaux pour toucher un plus large public. Ils ont intégré Facebook, twitter, et des badges avec leur photo dans leur stratégie de campagne. Les hashtags (mots clés) #thaielection et #THelection ont été créés pour suivre sur Twitter les tweets relatifs aux élections en Thailande.
Yingluck et Abhisit ont tous deux un compte Twitter. Tweet Yourself Thai a fait une étude comparativedes tweets des deux candidats. Jon Russell a publié deux billets sur l’utilisation d’Internet par Yingluck et Abhisit pour amplifier l’impact de leur campagne électorale.
Olivier Languepin avec Mong Palatino et Claire Ulrich