Fondée par le fils de l’ancien Premier ministre Takshin Shinawatra, renversé par l‘armée en 2006, Voice TV a été interdite de diffusion mardi, à quelques semaines des élections législatives en Thaïlande.

Le Conseil national de la radiodiffusion et des télécommunications (NBTC) a publié hier une ordonnance administrative suspendant pendant 15 jours l’exploitation de la chaîne de télévision numérique Voice TV pour « diffusion de contenu provocateur ».

La suspension a été ordonnée sur le fondement de la loi relative à la radiodiffusion de 2551, dont l’article 37 interdit la diffusion de contenus susceptibles « d’affecter la sécurité ou la paix nationale et le moral de la population ».

Un signe inquiétant pour RSF

A moins d’un mois et demi des premières élections organisées dans le pays depuis le coup d’Etat militaire de 2014, la suspension de Voice TV est un signe particulièrement inquiétant, regrette Daniel Bastard responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. 

C’est un coup sévère porté au pluralisme démocratique. Nous appelons le gouvernement du général Prayut à revenir immédiatement sur cette décision, sans quoi le scrutin du 24 mars n’aura aucune crédibilité.”

Cinquante cas de censure

Interrogé sur l’affiliation politique supposée de Voice TV avec l’opposition à la junte, l’un de ses éditorialistes, Sirote Klampaiboona rappelé que les programmes de la chaîne s’efforcent d’être impartiaux et que “des dirigeants de partis pro-junte sont régulièrement invités sur [ses] plateaux”.

Depuis le retour au pouvoir de la junte militaire en 2014, Voice TV a fait l’objet de plus de cinquante cas de censure : signal interrompu, programmes interdits, journalistes exclus…

Autant de pressions qui ont largement grevé les audiences de la chaîne – du moins jusque dans les derniers mois écoulés : comme le constate l’agence TV Digital Watch, les parts d’audimat de Voice TV ont récemment connu une hausse sensible, signe du regain d’intérêt du public pour des voix alternatives.

La Thaïlande se situe à la 140ème place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.