Dimanche 29 janvier, trente organisations médiatiques se sont réunies dans les locaux de l’Association des journalistes thaïlandais pour s’opposer à un projet de réforme des médias, proposé par le gouvernement.

Après deux heures de discussion, les journalistes ont condamné à l’unanimité la réforme pour la « protection, la promotion de l’éthique et des normes professionnelles des médias ».

Ils considèrent qu’elle ouvre la voie à la censure et menacent d’intensifier leur campagne si la junte ne recule pas.

Le comité de la réforme nationale (NRSA), chargé d’élaborer la nouvelle constitution adoptée par référendum en août 2016, a inscrit à l’article 41, sa volonté de former un conseil de régulation des médias.

Ce dernier aurait le pouvoir d’attribuer ou de retirer leur licence aux médias professionnels.

Il pourrait aussi statuer sur les plaintes concernant les violations des droits des personnes par les journalistes et imposer des amendes s’il considère que l’éthique journalistique a été bafouée.

Ce comité sera composé de treize membres, des secrétaires permanents émanant de quatre ministères.

Un nouveau « Big brother »

Thepchai avoue que l’autorégulation n’est pas toujours efficace mais se dit préoccupé. Les membres du comité pourraient représenter leurs intérêts politiques à travers ce conseil.

Les officiels qui souhaitent contrôler les médias devraient être le sujet de leur vigilance et non l’inverse. Dans une tribune, il qualifie même le conseil de « Big brother ».

La page d'avertissement qui apparaît lorsqu'on essaye de se connecter à un site bloqué par la censure en Thaïlande
La page d’avertissement qui apparaît lorsqu’on essaye de se connecter à un site bloqué par la censure en Thaïlande

Suthichai Yoon, co-fondateur du groupe Nation Multimedia, pense que la réforme est « une atteinte à la liberté de l’information ». Il dénombre trois façons communes de restreindre la liberté de la presse en Thaïlande :

« statuer sur le contrôle des licences, créer des organes de régulation symboliquement indépendantes, et imposer des contraintes fortes et floues aux journalistes ».

Les politiques et les bureaucrates pourront décider de « qui peut ou non devenir un média professionnel ». Cette notion questionne Suthichai Yoon, « dans ce cas, tout citoyen avec un téléphone portable devrait obtenir la permission pour poster n’importe quel message en ligne.»

La menace de la régulation

Meechai Ruchupan, Président du comité du NRSA, pense qu’il est urgent que les médias de masse se réforment par eux-mêmes.

Cependant, ils doivent accélérer sa mise en place ou le contrôle passera sous l’autorité de la junte au pouvoir. Il souhaite de nouveau légitimer les journalistes aux yeux du public.

Selon Thepchai Yong, rédacteur en chef de The Nation et Président de l’Association des journalistes thaïlandais de l’audiovisuel, le gouvernement considère que l’autorégulation est « un mythe et un échec ».

L’Association des journalistes thaïlandais considère que le Conseil national pour la paix et l’ordre, où siège le Premier ministre Prayut Chan-o-cha, a une « attitude négative envers les médias ».

Accuser les médias de ne savoir s’autoréguler serait un prétexte pour mieux les contrôler.

Cette association s’est jointe à celle de Thepchai Yong et à une trentaine d’autres pour planifier leur protestation face au projet de loi.

Après une première lettre adressée au comité chargé de son élaboration rassemblant leurs propositions en décembre, la position du gouvernement n’a pas changé.

Ces principales organisations médiatiques ont donc rassemblé autour d’elles quasiment une trentaine d’autres, afin de planifier leur protestation.

Dans une déclaration conjointe, elles mettent en avant l’autorégulation.

Elles se disent sinon prête à accepter une forme de régulation par la Commission nationale de l’audiovisuel et des télécommunications.

1 comment
  1. Petite remarque innocente »en passant » parmis les 23 journalistes sur la photo une seule femme.

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