La presse a déjà payé un lourd tribut dans le conflit qui oppose depuis plusieurs mois l’UDD au gouvernement thaïlandais. Un journaliste italien, identifié comme M. Polenghi Fabio, 48 ans, est mort d’une balle dans l’abdomen pendant l’opération des militaires contre les manifestants regroupés à Rajprasong. Deux autres membres des médias étrangers, ont été blessés par balles et envoyés dans des hôpitaux.
Ces victimes viennent s’ajouter à la liste déjà longue des journalistes pris pour cible. Le 14 mai 2010, Nelson Rand, reporter canadien de la chaîne France 24, a été sérieusement blessé par trois balles de tirs d’armes automatiques. Ses jours ne sont plus en danger, mais la gravité, et surtout le nombre de ses blessures laisse à penser qu’il pouvait ne pas s’agir seulement de balles perdues.
Reporters sans frontières condamne les violences des manifestants « chemises rouges » contre les journalistes, ainsi que la violation sans fin du droit à l’information par le gouvernement thaïlandais. Quelques heures après l’assaut donné par l’armée dans le quartier occupé par les partisans de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, le pays a atteint un niveau de violences qu’il a rarement connu.
L’organisation est également très préoccupée par la quasi paralysie des professionnels des médias dans le pays.
Le droit à l’information est plus important que jamais lorsqu’un pays est en crise, comme c’est le cas de la Thaïlande à l’heure actuelle. Alors que le droit international définit clairement que les journalistes ne peuvent être des cibles militaires, Reporters sans frontières est outrée de constater que les médias sont visés, à répétitions, par l’armée et les manifestants. Nous appelons le gouvernement thaïlandais à rétablir l’ordre au plus vite et à lever toutes censures des médias.
Le 19 mai 2010, Reporters sans frontières fait le point quotidien sur la situation d’un pays actuellement paralysé:
Les manifestants antigouvernementaux ont mis le feu aux locaux de Channel 3 à Bangkok où une centaine de personnes étaient prises au piège à l’intérieur. Les employés de la chaîne ont pu ensuite être évacués avec l’aide d’un hélicoptère. Au moins une dizaine de voitures à proximité des locaux ont été endommagées.
Les deux plus grands quotidiens anglophones thaïlandais The Bangkok Post et The Nation, ont préféré renvoyer leurs employés chez eux dès quinze heures, heure locale, par peur des attaques des « chemises rouges » dans leurs locaux.
Conscients du danger réel, quasiment tous les journalistes locaux font le choix de ne pas couvrir la situation sur le terrain. Les journalistes reçoivent principalement des informations, par des réseaux sociaux et par téléphone, des personnes prises au piège dans le Wat Pathum Wanaram, un temple à côté du l’ancien lieu de rassemblement. Seuls quelques correspondants étrangers continuent à travailler sur place.
Facebook et Twitter, rares moyens de s’informer au moment où les chaînes de télévision ne diffusaient que les programmes contrôlés par le gouvernement, ont été bloqués par le Centre de résolution d’état d’urgence (CRES) pendant plus d’une heure. Satit Wongnongtoey, ministre des Technologies de l’information et des communications, a démenti cette information.
Chandler Vandergrift, journaliste et chercheur canadien, a été gravement blessé par les tirs de grenades. Il est toujours hospitalisé à l’hôpital Bangkok Christian.
Vincent Brossel
Asia-Pacific Desk
Reporters Without Borders
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2 comments
Les journalistes thais avaient été invites a ne pas couvrir la journee du 19 mai, c est ca la vérité! Les journalistes etrangers qui etaient dans le camp des rouges etaient des freelances.Ils avaient fait un choix et en ont subit les consequences pour certains. L armee ne voulait pas de temoins et a essaye de faire le menage seulement au temple Wat Pathum Wanaram,il y avait effectivement des rouges armes pour defendre les civils. On a echappe a un massacre de justesse a mon avis.
Je ne suis pas haineux… Les journalistes qui vont au feu pour prendre et vendre des photos, ceux qui font des commentaires pour attiser la haine, ceux qui déforment le vrai pour en faire du sensationnel et j’en passe, ce sont ces gens, les braves journalistes à protéger ? Que de mensonges dits sur la situation en Thaïlande. Peut-être les offices du tourime occidentaux ont-ils un intérêt majeur et sans scrupule à discréditer la Thaïlande pour garder des clients en Europe… ?
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