La grande majorité des pays d’Asie enregistrent une dégradation significative ou une relative stagnation de leur situation en matière de liberté de la presse, selon le dernier classement réalisé par RSF.
La Thaïlande ne fait pas exception et recule cette année de la 134ème à la 136ème position dans l’édition 2016 du Classement mondial de la liberté de la presse, et écope d’un commentaire sans concession de Reporters sans frontières (RSF).
La Birmanie (143ème) qui servait autrefois de repoussoir en matière de censure et de persécution des journalistes, n’est plus très loin de la Thaïlande.
Heureusement, si l’on peut dire, il existe en Asie quelques solides dictatures qui ne sont pas près de disparaître des plus mauvais scores de RSF comme le Vietnam (175ème) la Chine (176ème) ou la Corée du Nord (179ème sur 180).
Le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-Ocha, nouveau prédateur de l’information
Le Conseil national pour la Paix et l’Ordre, placé sous l’autorité du gouvernement, surveille en permanence journalistes et citoyens-journalistes. Omniprésent et doté des pleins pouvoirs, cet organisme multiplie les convocations abusives et les détentions.
Son chef, le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-Ocha, s’attaque régulièrement aux journalistes indépendants, allant jusqu’à les menacer de mort. On peut le qualifier de nouveau prédateur de l’information.
écrit RSF
Auparavant considérés comme des modèles régionaux, les démocraties d’Asie orientale déclinent.
Un an après l’entrée en vigueur de la loi sur les secrets d’Etat au Japon (72ème, -11), de nombreux médias, y compris publics, succombent à l’autocensure, vis-à-vis du premier ministre notamment, et sont pris en défaut d’indépendance.
En Corée du Sud (70ème, -10), les relations entre le gouvernement et la presse se tendent ostensiblement sous la présidence de Park Geun-hye. Pour Hong Kong (69ème), l’indépendance des médias, mise à mal par les prises d’intérêt d’entreprises chinoises, demeure le principal enjeu pour la liberté de l’information.
En Chine (176ème), le Parti communiste repousse encore les limites de la répression. Enlèvements, aveux forcés télévisés, familles menacées, rien n’est épargné aux journalistes. En février dernier, alors qu’il visitait les principaux médias du pays, le président Xi Jinping a rappelé sa vision totalitaire de la presse, en déclarant que les médias “ doivent aimer le Parti, le protéger et s’aligner parfaitement avec la pensée, les politiques et les actions de ses leaders”. Un programme on ne peut plus clair.
Alors que ces pays avaient enregistré une hausse en 2015, la Birmanie (143ème) et les Philippines (138ème) ont à l’inverse vu leurs scores se dégrader en 2016, laissant apparaître les limites des réformes ou des mesures prises par les autorités pour favoriser la sécurité et la liberté des médias.
Singapour (154ème) enregistre la deuxième dégradation la plus grave de la région, après le Sultanat de Brunei (155ème, -34), qui continue de voir l’instauration progressive de la charia et l’épée de Damoclès d’éventuelles accusations pour blasphème provoquer une forte autocensure.
Quand ils ne sont pas directement impliqués dans les atteintes à la liberté des journalistes, les gouvernements d’Inde (133ème) et du Bangladesh (144ème) restent souvent passifs face à l’insécurité qui menace les médias.
Plus forte progression de la zone, le Sri Lanka (141ème, +24 places) où les journalistes n’ont plus à craindre les menaces téléphoniques voire les disparitions forcées fomentées par le clan Rajapaksa, notamment l’ancien secrétaire à la défense, frère du président, Gotabaya Rajapaksa.
Heureuse nouvelle, les médias d’information y ont retrouvé une liberté de ton, même si on est naturellement encore loin du dynamisme et la combativité des médias aux Samoa (29ème, + 11), où la loi sur le Conseil des médias, adoptée début 2015, a permis de décriminaliser la diffamation et renforcé le pluralisme et la latitude critique de la presse. Depuis les premières élections démocratiques de 2010 au Tonga (37ème, +7), les médias indépendants y ont pris la mesure de leur rôle de contre-pouvoir.
Aux Fidji (80ème, + 13), malgré les menaces que font peser la Constitution et la loi sur les journalistes, les médias prennent leur indépendance, améliorent le débat public et cèdent de moins en moins à l’autocensure. Une jolie carte postale du Pacifique.