L’association de défense de liberté de la presse Reporters sans frontières et la Burma Media Association expriment leur joie immense à l’annonce de la libération le 23 septembre 2008 du célèbre journaliste U Win Tin après dix-neuf ans de détention. Il est sorti de la prison d’Insein, vêtu de son costume de détenu, après avoir bénéficié d’une libération anticipée décidée par la junte militaire avant les élections prévues en 2010.
« La sortie de prison de U Win Tin est un soulagement immense pour nos deux organisations qui ont travaillé ensemble pour rappeler sans cesse son innocence. Dix-neuf ans de prison pour avoir défendu pacifiquement des valeurs démocratiques est inacceptable. Sa libération est un moment historique qui, nous l’espérons, annonce d’autres sorties de prison de journalistes et d’opposants. Nous espérons que U Win Tin pourra continuer son combat pour la liberté de la presse et l’instauration de la démocratie en Birmanie », ont affirmé les deux organisations.
Juste après sa libération le 23 septembre à 16 heures, U Win Tin a répondu aux questions des journalistes à son domicile. Il a notamment déclaré :
« Je vais continuer à faire de la politique car je suis un homme politique. Et je n’ai pas signé le document 401 qui m’aurait obligé à abandonner ce rôle. Dès aujourd’hui, je vais continuer à soutenir Aung San Suu Kyi et la Ligue nationale pour la démocratie. J’ai bientôt 80 ans, mais je ne vais pas arrêter. J’ai appris ma libération d’un officiel ce matin, mais je n’avais pas confiance. La dernière fois, on m’avait fait la même promesse, mais je n’avais pas été libéré. C’est pour cela que j’ai refusé d’enlever mon costume de prisonnier. »
Le quotidien officiel New Light of Myanmar a annoncé que 9 002 prisonniers allaient être libérés pour leur permettre de participer aux élections promises en 2010. Une poignée de prisonniers politiques ont profité de cette mesure intervenant un an après la répression sanglante des manifestations démocratiques de la Révolution de Safran.
Arrêté le 4 juillet 1989 et condamné à vingt années de prison notamment pour « propagande antigouvernementale », U Win Tin a été rédacteur en chef du quotidien Hanthawaddy, vice-président de l’Association des écrivains de Birmanie et mentor en politique d’Aung San Suu Kyi. Au cours de ses vingt années de détention, il a subi des mauvais traitements, notamment en 1996, après que les autorités avaient découvert qu’il avait transmis des informations aux Nations unies. Ensuite, sa notoriété lui avait permis d’être détenu dans une cellule spéciale et de pouvoir bénéficier de soins médicaux.
Aung San Suu Kyi a écrit à propos de U Win Tin : « Il était naturel que ceux qui croyaient en la liberté intellectuelle et la justice soient les premiers engagés dans le mouvement démocratique de 1988. Depuis le début, U Win Tin a joué un rôle actif au sein de l’Union des écrivains qui est apparue au cours des premières semaines du mouvement. Son indéniable habilité et sa force de conviction ont fait de U Win Tin une cible privilégiée pour ceux qui s’opposent à la cause démocratique. »
Huit journalistes sont toujours emprisonnés en Birmanie, dont Zaw Thet Htwe, actuellement jugé au sein même de la prison d’Insein.