En Thaïlande, le nouveau gouvernement militaire issu du coup d’Etat du 22 mai, ne relâche pas la pression sur le médias. Le Conseil national pour la paix et l’ordre (National Council for Peace and Ordre, NCPO) a annoncé, le 25 juin 2014, la création de commissions de contrôle du contenu des médias.
La raison officielle invoquée par les militaires : éviter que ceux-ci ne deviennent des outils de diffusion de fausses informations pouvant inciter à la violence et la haine publique contre la monarchie.
Six commissions chargées de surveiller les médias
Les programmes de radios, la télévision, la presse écrite, les médias en ligne, les réseaux sociaux et les médias étrangers seront désormais surveillés chacun par un comité différent. Différents panels seront créés afin de contrôler le contenu des médias.
Ils seront composés de représentants de la police royale (Royal Thai Police), de l’armée, de la marine, de l’armée de l’air, du ministère des Affaires étrangères (ministry of Foreign Affairs), du bureau du Premier ministre (Office of the Prime Minister), du département des relations publiques (Public Relations Department) ainsi que de plusieurs autres organes étatiques.
Les médias ayant diffusé un contenu inapproprié (inappropriate content) pourraient être poursuivis pénalement. Les “fausses” informations diffusées seraient immédiatement rapportées auprès du général Prayuth tandis que les comités seront censés préparer régulièrement des rapports destinés au général.
“La création de ces comités constitue une étape supplémentaire dans le musellement de l’information par la junte militaire thaïlandaise. La junte est-elle en train d’instaurer un modèle de censure à la birmane ?”,
s’interroge Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
La composition annoncée des comités et l’absence totale de membres issus de la communauté des médias laissent craindre un niveau de liberté proche de zéro.
Par ailleurs, aucune indication n’a été fournie sur le mode de fonctionnement de ces comités. Reporters sans frontières appelle donc le Conseil national pour la paix et l’ordre à abandonner purement et simplement ce projet qui pourrait ramener la Thaïlande à un niveau inédit de censure.
De nombreuses mesures portant atteinte à la liberté de l’information ont été décrétées depuis le coup d’Etat militaire du 22 mai. Parmi elles, l’interdiction faite à de nombreuses chaînes de télévision de diffuser sous réserve de se soumettre aux exigences militaires, ainsi que la convocation et la détention de journalistes critiques à l’égard de l’armée ou de la monarchie.
La Marine royale thaïlandaise poursuit actuellement le journal Phuketwan pour diffamation suite à la publication d’un paragraphe issu d’un rapport écrit par l’agence Reuters traitant de la situation des réfugiés Rohingyas en Thaïlande. Les premières audiences ont été fixées pour le mois de mars 2015.
Le 25 mai, 19 rédacteurs en chef et éditeurs ont été convoqués pour une réunion portant sur la couverture de l’actualité en “situation anormale”, tandis que le Général Prayuth, a menacé le 26 mai les médias de fermeture s’ils utilisaient des pages Facebook pour “attiser le conflit”.
Il a également annoncé son intention de surveiller les sites internet et réseaux sociaux qui publieraient des contenus pouvant “inciter au conflit” ou porter atteinte à l’ordre public et à la paix.
Voici la liste des différents journaux ayant envoyé un représentant à la réunion : Bangkokbiznews, Khoa
La Thaïlande se positionne à la 130e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
1 comment
Illustrer cet article par un ordinateur enchainé étant une prise de position critique, est à mon avis un grand manque de prudence, vis avis de cette même autorité, qui si elle « tombe » sur votre article risque de ne guère aprécier avec les résultats que l’on peut redouter, sans les souhaiter bien sûr!
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