Les généraux birmans ne veulent pas de témoins: la presse n’est pas bienvenue en Birmanie pour rendre compte des conséquences du cyclone Nargis, dont le bilan ne cesse de s’alourdir. Une attitude cohérente, puisqu’il semble que les autorités birmanes aient été prévenues de la catastrophe une semaine à l’avance par la Thaïlande (voir post précédent), sans rien faire pour préparer la population.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association exhortent les autorités birmanes à accorder des visas aux journalistes étrangers qui veulent se rendre dans le pays pour couvrir les conséquences du cyclone qui a ravagé le pays. Plusieurs reporters munis de visas de touristes ont été refoulés à leur arrivée dans l’ancienne capitale Rangoon. Les deux organisations demandent également la levée de la censure préalable imposée aux médias birmans.
« Le désastre auquel est confrontée la Birmanie doit inciter les autorités à faire preuve d’ouverture, en permettant notamment à la presse étrangère d’accéder au territoire. Il est choquant de voir les autorités refuser d’accorder des visas de presse, tout en appelant à l’aide internationale. L’urgence de la situation doit également inciter la junte à cesser d’appliquer la censure préalable aux médias birmans qui peuvent jouer un rôle crucial dans l’aide aux victimes et à la reconstruction », ont déclaré Reporters sans frontières et la Burma Media Association.
Le gouvernement militaire a annoncé, le 6 mai 2008 à Rangoon, que le cyclone Nargis qui a dévasté le pays les 3 et 4 mai a tué au moins 22 000 personnes. Des dizaines de milliers d’autres sont portées disparues ou sans abri.
Seules les informations officielles sont pour l’instant autorisées. Les chaînes de télévision birmanes diffusent des images des dégâts et des militaires en train d’aider des victimes. Sur le terrain, de nombreux Birmans se plaignent de l’absence de secours. Selon des journalistes de médias birmans en exil, les informations collectées montrent que le régime sous-estime le bilan du cyclone et tente de faire croire qu’il gère la situation. « Près de Rangoon, un témoin m’a affirmé que les militaires étaient arrivés avec une équipe de la télévision d’Etat pour faire des images d’une distribution de vêtements pour des personnes affectées. Mais en fait, ils n’ont presque rien donné », a expliqué aux deux organisations un journaliste birman basé en Thaïlande.
Le site officiel Myanmar.com et celui de l’hebdomadaire privé Myanmar Times ne contiennent aucune information sur le cyclone.
Un journaliste d’un média européen qui avait obtenu un visa de touriste a été refoulé à son arrivée à Rangoon. Deux reporters asiatiques ont également été empêchés d’entrer dans le pays. En revanche, un journaliste de la chaîne CNN a pu se rendre aujourd’hui dans les zones affectées par le cyclone.
Les deux organisations demandent également des explications sur les circonstances qui ont mené les forces de l’ordre à tirer sur des prisonniers à Insein, près de Rangoon. Selon des organisations basées d’opinion, notamment U Win Tin, détenu à Insein.
Source : AFP et Vincent Brossel
Asia – Pacific Desk
Reporters Sans Frontières