Les jeux de la honte à Pekin ne sont pas seulement une fantastique opération de relations publiques pour les massacreurs du Tibet: ils font aussi des victimes co-latérales, parmi ceux qui osent s’opposer au régime chinois et à ses alliés.
Reporters sans frontières appelle à la libération des journalistes et cyberdissidents emprisonnés au Viêt-nam. Un célèbre blogueur vietnamien a été arrêté le 19 avril 2008 pour avoir participé à des manifestations contre la Chine. La flamme olympique doit arriver le 29 avril à Hô Chi Minh-Ville, dans le sud du pays, après un passage à Pyongyang, en Corée du Nord.
« A l’occasion du passage de la flamme olympique à Hô Chi Minh-Ville, le gouvernement vietnamien doit procéder à des libérations de prisonniers d’opinion. Les autorités doivent appliquer la Charte olympique qui défend la dignité humaine », a affirmé l’organisation.
Depuis le lancement du mouvement démocratique « Bloc 8406 », en avril 2006, de nombreuses initiatives en faveur de plus de liberté ont émergé et des médias indépendants ont été créés dans le pays. En octobre 2006, le gouvernement a jugé que ce groupe était « illégal » et les services de sécurité n’ont cessé de poursuivre ses principaux animateurs. Depuis, plusieurs dizaines de membres ont été arrêtés, notamment neuf journalistes et cyberdissidents.
Des membres du mouvement, Huynh Nguyen Dao, Le Nguyen Sang et Nguyen Bac Truyen ont été condamnés à des peines de trois, quatre et deux ans et demi de prison pour « propagande hostile au gouvernement » en raison des propos qu’ils tenaient sur la Toile. Les avocats Nguyen Van Dai et Le Thi Cong Nhan ont été condamnés à quatre et trois ans de prison.
Arrêté en février 2007, le père Nguyen Van Ly a été condamné pour « propagande contre la République socialiste du Viêt-nam » à une lourde peine de prison à l’issue d’un procès expéditif. Il est l’un des responsables du magazine clandestin Tu do Ngôn luan (Liberté d’expression), publié à Hué.
Il y a moins d’un mois, le tribunal de Vinh Thuan (province de Kien Giang, Sud) a condamné le journaliste indépendant Truong Minh Duc à cinq ans de prison, en vertu de l’article 258 du code pénal vietnamien.
La plus grande vague de répression depuis 2002.
Avant le passage de la flamme, plusieurs Vietnamiens ont été arrêtés pour avoir manifesté contre les violations des droits de l’homme en Chine et la politique de Pékin en mer de Chine du Sud, où les deux pays se disputent la souveraineté des archipels des Paracels et Spratley.
Des sites Internet de la communauté vietnamienne ont révélé que sur le site officiel chinois du relais de la torche, ces archipels sont présentés comme faisant partie du territoire de Chine populaire.
Le 19 avril, le journaliste indépendant Nguyen Hoang Hai, plus connu sous son pseudonyme de blogueur Dieu Cay, a été arrêté dans la ville de Dalat (Sud). Il avait participé début 2008 à des manifestations à Hô Chi Minh-Ville pour protester contre la politique chinoise. Il était étroitement surveillé par des policiers qui l’ont notamment menacé de laisser des agents chinois le tuer.
De son côté, le Premier ministre vietnamien, Nguyen Tan Dung, a appelé, le 20 avril 2008, à une « sécurité absolue » lors du passage de la flamme à Hô Chi Minh-Ville, mettant en garde contre des « forces hostiles » toujours prêtes à troubler l’ordre public, selon le site Internet du gouvernement.
Source:
Vincent Brossel
Asia – Pacific Desk
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