Le classement 2014 pour la liberté de la presse publié par Reporters Sans Frontière vient de tomber ce 12 février, et il place la Thaïlande au 130ème rang sur 180. Le pays gagne ainsi cinq places par rapport à 2013 et sept par rapport à 2012.
La Thaïlande entre le Honduras et le Cameroun
Si cette évolution peut surprendre au vu des derniers événements politiques, alors que des journalistes ont subi plusieurs violences et pressions, la presse thaïe reste tout de même plus libre que celle de ses voisins. En dehors de tout ce qui concerne la famille royale, protégée par des lois très strictes sur le lèse-majesté, les médias bénéficient d’une réelle liberté de ton.
A l’exemple des deux grands quotidiens anglophones The Nation et le Bangkok Post, ou encore du site internet d’information Prachatai en thaïlandais et en anglais.
L’année 2013 a témoigné de l’extrême susceptibilité de certains gouvernements de la région Asie-Pacifique face à la critique publique, même sous régime démocratique. En témoignent la multitude de procédures judiciaires, parfois assorties de peines disproportionnées, engagées contre des journalistes sous la pression des centres de pouvoir.
estime Reporters sans Frontières.
Avec le crime de « lèse-majesté », le gouvernement thaïlandais dispose d’un outil efficace pour intimider ou faire taire les insolents.
ajoute RSF, en rappelant notamment la peine avec sursis infligée à Chiranuch Premchaiporn (Jiew), directrice du quotidien en ligne Prachatai, pour des « commentaires critiques à l’encontre de la monarchie », ou la condamnation à onze années de prison du rédacteur en chef du magazine bimensuel Voice of Thaksin, Somyot Prueksakasemsuk.
Le Cambodge et la Birmanie sous surveillance
Le Cambodge et la Birmanie se situent ainsi au 144ème et 145ème rang et le Vietnam à la 175ème place. Ce dernier perd une place au classement après que le gouvernement ait interdit l’usage des blogs et des réseaux sociaux pour le partage de news, d’informations. De plus 34 blogueurs sont actuellement emprisonnés au Vietnam, qui se retrouve juste devant la Chine dans le classement.
En Birmanie la mise sur le marché de quotidiens privés constitue l’une des grandes nouveautés de l’année 2013, note RSF.
En mars, le gouvernement a annoncé avoir autorisé le lancement de huit quotidiens d’information et étudier les requêtes d’au moins six autres publications, dont certaines dirigées par les « médias de l’exil » qui ont désormais pignon sur rue à Rangoun, mais le cadre légal évolue plus timidement.
Le gouvernement et le Parlement ont certes entériné leurs engagements, pris en 2012, de mettre un terme à la censure préalable et d’octroyer davantage de liberté aux médias et aux organisations de presse. Pour autant, la promesse d’élaborer une législation conforme aux standards internationaux n’a toujours pas été tenue.
En Thaïlande, si la presse est plus libre que dans la plupart des pays voisins, le crime de lèse-majesté et le Computer Crimes act restent cependant un obstacle de taille à une évolution favorable de la liberté de la presse. Les très lourdes peines encourues en Thaïlande (jusqu’à 15 ans de prison pour le lèse-majesté) incitent fortement à l’auto-censure les journalistes et blogueurs.
Consulter le classement sur le site de RSF : http://rsf.org/index2014/en-index2014.php