La surveillance en ligne représente un danger grandissant pour les journalistes, blogueurs, citoyens-journalistes et défenseurs des droits de l’homme. “Mon ordinateur avait été arrêté avant moi”. C’est le constat lucide d’un activiste syrien arrêté et torturé par le régime de Bachar al-Assad.
Pris dans les filets de la surveillance en ligne, Karim Taymour explique à un journaliste de Bloomberg s’être vu présenter lors de son interrogatoire une pile de plus de 1000 pages détaillant ses conversations électroniques et ses fichiers échangés sur Skype. Ses bourreaux savaient manifestement autant de lui que s’ils s’étaient trouvés dans sa chambre, ou plutôt dans son ordinateur.
Les cinq “Entreprises ennemies d’Internet”
Une liste de 5 “Entreprises ennemies d’Internet”, autrement dit de “mercenaires de l’ère digitale”, est également publiée. Gamma, Trovicor, Hacking Team, Amesys et Blue Coat ont été sélectionnées pour ce recensement non exhaustif, appelé à s’allonger dans les prochains mois.
Leurs produits ont été ou sont utilisés par les autorités pour commettre des violations des droits de l’homme et de la liberté de l’information. A l’instant même où ces entreprises ont entrepris de commercer avec des régimes autoritaires, elles ne pouvaient ignorer que leurs produits pourraient être utilisés pour surveiller des journalistes, dissidents ou net-citoyens.
La surveillance en ligne représente un danger grandissant pour les journalistes, blogueurs, citoyens-journalistes et défenseurs des droits de l’hommeLorsque ces produits de surveillance numérique ont été vendus à un régime autoritaire par un intermédiaire sans que la société éditrice n’en soit informée, l’incapacité de celle-ci à tracer les ventes et exportations de ses propres logiciels est révélateur de l’absence de prise en compte par ces entreprises du risque d’utilisation détournée de leurs technologies et de la vulnérabilité des défenseurs des droits de l’homme.
La surveillance en ligne représente un danger grandissant pour les journalistes, blogueurs, citoyens-journalistes et défenseurs des droits de l’homme. En 2011, Wikileaks rendait publics les Spyfiles, des documents qui montrent l’étendue du marché de la surveillance et le poids financier qu’il représente (plus de 5 milliards de dollars), ainsi que la sophistication des produits proposés.
Plus de 80.000 sites bloqués en Thaïlande depuis 2007
Pour lutter contre la criminalité informatique, le 18 juillet 2007 est adopté le Computer Crime Act, dont le but principal est de réprimer les délits informatiques et sur internet (phishing, hacking etc…). Mais cette loi comporte également un volet plus sensible qui porte sur le contrôle de l’information diffusée sur Internet.
Pour certains, cette loi protège les internautes des crimes informatiques alors que pour d’autres, elle sert surtout à bloquer les sites dont le contenu dérange le gouvernement. De fait depuis l’adoption de loi, plus de 80.000 sites ont été censuré par la police thaïlandaise.
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La surveillance traditionnelle n’a pas du tout disparu
Des policiers continuent de rôder près des cybercafés en Erythrée, les dissidents vietnamiens sont suivis et parfois pris à partie par des policiers en civil, le cyber-dissident chinois Hu Jia et son épouse Zeng Jinyang ont dû supporter des policiers stationnés en permanence au bas de leur immeuble pendant des mois.
Les mises sur écoutes téléphoniques des journalistes trop curieux ont grandement facilité le travail des services de renseignement. Mais aujourd’hui, les possibilités offertes par la surveillance en ligne élargissent le champ des possibles pour les gouvernements.
L’édition 2013 du rapport sur les Ennemis d’Internet traite de la surveillance, au sens de l’activité de veille destinée à contrôler les voix dissidentes et la diffusion d’informations sensibles, une activité instrumentalisée pour conforter les pouvoirs en place et prévenir toute déstabilisation potentielle.
Le 12 Mars, Journée mondiale contre la cybercensure, une première liste de 5 “Etats ennemis d’Internet” est rendue publique. Elle recense des Etats engagés dans une surveillance active, intrusive, des acteurs de l’information, permettant de graves violations de la liberté de l’information et des droits de l’homme. Il s’agit de la Syrie, de la Chine, de l’Iran, du Bahreïn et du Vietnam.
La Thaïlande ne brille pas particulièrement en ce qui concerne la liberté de la presse: le royaume est toujours parmi les pays sous surveillance de RSF, à la 137e place, à peine mieux que les Philippines (140e) mais encore devant la Birmanie (169e) ou le Vietnam (172) qui reste la lanterne rouge de la région Asie.
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Lire aussi l’article sur RSF.org Les Ennemis d’Internet – Rapport spécial surveillance.