Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent les récentes mesures prises par le Bureau de la censure contre la version en birman de l’hebdomadaire Myanmar Times qui a été interdit pendant une semaine pour avoir publié dans son numéro du 11 janvier un article sur l’augmentation du prix des licences de parabole satellitaire.
Le Myanmar Times semble avoir publié cette information (Government hikes satellite television fees), citant l’Agence France-Presse, sans avoir demandé l’autorisation du Bureau.
« Ces nouvelles sanctions prises contre des médias déjà soumis à la censure et l’autocensure sont à mettre en relation avec les déclarations des autorités sur la liberté des médias. Ainsi, le ministre de l’Information, Kyaw Hsan, a affirmé, le 13 janvier, devant une assemblé de patrons de presse, que les médias doivent faire des efforts pour améliorer l’économie nationale et se protéger des destructionnistes qui menacent l’intérêt du pays. Nous redoutons que ce genre de déclarations ouvre la voie à de nouvelles sanctions et restrictions« , ont affirmé les deux organisations.
Selon un journaliste de Rangoon, le gouvernement a également demandé à la direction du Myanmar Times de renvoyer les journalistes Nwe Nwe Aye, Win Nyunt Lwin, Myint Soe et Win Kyaw Oo. Les quatre employés de ce journal auraient déjà reçu l’ordre de quitter la rédaction cette semaine.
Récemment, le Bureau de la censure, dirigé par le major Tint Swe, a ordonné à au moins deux magazines, le Myanmar Tribune et Action Times, de ne pas publier d’informations « politiques ». Selon un journaliste de l’une de ses publications, le major Tint Swe les a menacé de représailles s’ils ne se concentraient pas sur des sujets de divertissement et le sport.
Myanmar Tribune et Action Times ont décidé de suspendre temporairement leur publication.
Par ailleurs, un porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, a été convoqué le 11 janvier par un responsable du Bureau de la censure qui lui a reproché la publication d’un bulletin d’informations, le 4 janvier, jour de l’Indépendance. Les autorités ont invoqué le Printers and Publishers Registration Act qui punit d’une peine de sept ans de prison la publication sans autorisation.
Selon le magazine Irrawaddy, de jeunes militants de la LND avaient publié et distribué un bulletin intitulé Ah-yoan-thit (L’aube) qui comportait des articles sur les manifestations de septembre et l’arrestation de militants de leur parti.
Depuis le début des années 1990, la junte militaire a refusé toute licence de publication à la LND. A plusieurs reprises, Aung San Suu Kyi avait elle même demandé l’autorisation de publier un journal. Environ 150 hebdomadaires et 80 magazines sont édités en Birmanie. La majorité d’entre eux ne couvre pas l’actualité politique. En revanche, tous doivent se soumettre à la censure préalable des autorités. Mais selon certains témoignages, la corruption rampante au sein du Bureau de la censure permet parfois à certaines publications de publier des informations normalement censurées.
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