Si vous faites partie des expatriés qui vivent en Thaïlande, vivant au quotidien en baht mais avec un salaire ou une retraite en euros, 2010 a probablement été une très mauvaise année pour le portefeuille. 

En un an le baht affiche en effet une hausse de 20 à 25% sur l’euro. Pour 2011 les perspectives ne sont pas très encourageantes : les chances de voir remonter l’euro par rapport aux monnaies asiatiques sont faibles, et la tendance serait plutôt du coté d’une nouvelle baisse de l’euro, même si elle devrait être moins forte que les années précédentes.

Comme un mauvais orage prêt à éclater à tout moment, la crise de la dette souveraine européenne n’en finit pas de peser sur l’avenir économique du Vieux Continent. Elle empoisonne l’atmosphère, elle mine cet élément essentiel à toute reprise de la croissance : la confiance dans l’avenir.

écrivait récemment le Monde dans son éditorial.

De manière un peu schématique on peut aujourd’hui diviser les pays en deux catégories.

D’un coté vous avez un ménage qui a tout acheté à crédit, la voiture, la maison, le frigidaire etc… s’endettant parfois à plus de 100% de ses revenus, et de l’autre un ménage qui a patiemment épargné en travaillant sans compter pendant des décennies.

A qui auriez vous envie de confier vos économies ?

On peut aussi se poser la question à la manière de Jacques Attali qui compare la France à une entreprise dont la dette représenterait plus de cinq années du chiffre d’affaires

Comment réagirait un investisseur privé à qui l’on demanderait d’investir dans une entreprise dont la dette représenterait plus de cinq années du chiffre d’affaires, dont les pertes annuelles seraient supérieures à la moitié du chiffre d’affaires, et dont les emprunts annuels dépasseraient le chiffre d’affaires ? Il fuirait. Telles sont pourtant les caractéristiques de la France d’aujourd’hui

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La crise de la dette souveraine européenne n’en finit pas de peser sur l’avenir économique du Vieux Continent

Les États de la zone euro pourraient mettre vingt ans pour que leur niveau d’endettement redevienne inférieur aux critères définis par l’Union européenne
– Rapport de la BCE

Pour l’instant, peut être sans vous en rendre compte, vos économies sont dans la poche du ménage qui a tout acheté en s’endettant…

En fait  en conservant vos biens et votre épargne en euros, vous faites un pari implicite sur la solidité de l’économie européenne à plus ou moins long terme, sur sa capacité de maîtriser sa dette et de produire des richesses exportables.

L’euro, 20 ans de galère en perspective, selon la BCE elle même…

La Banque centrale européenne (BCE) estime elle même dans son rapport que les États de la zone euro pourraient mettre vingt ans pour que leur niveau d’endettement redevienne inférieur aux critères définis par l’Union européenne, même si les pays prennent des mesures rapides pour gérer leurs problèmes budgétaires.

Sinon tôt ou tard l’euro plongera, comme le franc qui était dévalué tous les ans avant que l’euro n’existe.

On on est pas encore là avec l’euro, mais soyons réaliste, en fait la seule chose qui l’empêche de plonger tout de suite, c’est la fragilité du dollar…

Dès qu’une alternative crédible existera (le yuan est en voie de le devenir), beaucoup de gestionnaires seront tentés de se débarrasser de leur euros.

Alors que l’on commence déjà à faire des plans pour le prochain sauvetage du Portugal, la Chine annonce le montant de ses réserves de change : 2850 milliards de dollars. Toujours plus ! Près du double de capitalisation des sociétés françaises cotées en Bourse !

La Chine détient même de 7 % de la dette publique de la zone euro, soit 630 milliards d’euros, c’est La Tribune qui donne cette estimation, confirmant celle du Financial Times.

Après la Grèce et l’Irlande, le Portugal et l’Espagne et…

Le Portugal et d’autres économies de la région, notamment l’Espagne, doivent procéder à des adjudications importantes en 2011 : si personne ne veut de leurs obligations, ou bien à des taux trop élevés (7% actuellement pour le Portugal), le prochain plan de sauvetage sera très douloureux, voire mortel pour l’euro.

Jusqu’à présent, l’Europe a été frappée principalement à sa périphérie. L’installation d’un fonds de secours de 750 milliards d’euros mis en place au printemps dernier a été plus que suffisant pour renflouer la Grèce et l’Irlande à hauteur de € 177 milliards.

Mais c’est 23% d’un fonds pour deux pays dont les PIB combinés représentent à peine 3,4% de l’économie l’UE. Ensuite, il y a le Portugal, l’Espagne et l’Italie pas loin derrière. Collectivement, ils représentent 22% du PIB de l’UE….

Une nouvelle hausse des rendements pourrait bien être le prélude à l’annonce de plans de sauvetage pour ces deux pays. Sinon ou trouver les fonds nécessaires pour financer la montagne de dettes que les européens ont accumulés.

Tous ruinés dans dix ans ?

C’est un message d’alerte, plutôt pessimiste, qui figure dans le titre du dernier essai de Jacques Attali, accompagné d’un sous titre guère plus rassurant (Dette publique: la dernière chance). Le constat est assez brutal : en fait rien n’est réglé, et une nouvelle crise liée à l’endettement de l’Europe n’est qu’une question de temps, si des mesures radicales ne sont pas prises très rapidement.

En 2020 selon la BRI (Banque des règlements internationaux), la dette publique dépassera les 200% du PIB en Grande Bretagne, et 150% en Belgique, France, Irlande, Italie et Grèce.

Si les taux d’intérêts grimpent, et ils ont déjà commencé à augmenter sur les taux à dix ans, le montant des remboursements seront hors de portée de la plupart des pays. En plus le taux d’endettement n’explique pas tout:

Le déclenchement d’une crise de dette souveraine dépend plus de la perte de confiance subjective des marchés que du dépassement de ratios standardisés

note Jacques Attali

Si cette perte de confiance devait se produire, Jacques Attali prévoit un effondrement de l’euro et du dollar, suivi de pertes massives de pouvoir d’achat et une chute de l’immobilier.

Ce scénario constitue en tout cas la description, à grands traits et sans doute à peine exagérée, d’un rite de passage nécessaire avant que l’Asie ne reprenne toute sa place face à l’Occident.

conclut l’auteur.

Il n’est pas difficile d’imaginer ce qui se passera quand la Chine ouvrira alors grand les vannes du yuan. Une monnaie adossée aux plus importantes réserves mondiales de devises ne ferait qu’une bouchée des autres monnaies adossées a une montagne de dettes…

2 comments
  1. Attali quoique dénué d’ignorance, n’a jamais été un financier de haut rang et ses explications me semblent plutôt peu argumentées.
    Quant à tous ces « pseudo spécialistes de l’économie », où étaient ils, que disaient ils, que prévoyaient ils, avant la crise? Sans aucun doute, ils jouaient aux dés…

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