La Thaïlande enlisée dans une crise politique interminable et dont l’issue demeure encore incertaine,le centre ville de Bangkok bloqué par les « Chemises Rouges » : autant de problèmes qui poussent les investisseurs japonais à se tourner vers des pays voisins comme le Vietnam.

Le Japon est depuis longtemps le plus gros investisseur étranger en Thaïlande. Mais pour combien de temps encore ? Les investisseurs japonais sont très sensibles au climat politique et social,  et la situation politique actuelle bloque l’avancement de projets en cours et tend à dissuader certaines entreprises japonaises de venir s’implanter dans le pays.

Munenori Yamada, président de la branche thaïlandaise du JETRO (Japan External Trade Organisation) a déclaré que les évènements récents ont ramené la Thaïlande à plus de trois ans en arrière, en raison des nombreux retards pris dans les prises de décisions. La crise actuelle vient en plus d’ajouter aux problèmes l’année dernière suite à une régularisation de la zone industrielle de Map Tu Phat qui avait vu plus d’une soixantaine de projets suspendus car non-conformes aux nouvelles normes écologiques mises en place par la Cour Administrative Suprême de Thaïlande.

Le Vietnam émerge progressivement comme une alternative à la crise thailandaise

Nipit Arunvongse na Ayudhya, directeur de la zone industrielle de Navanakorn, a ainsi vu partir en fumée deux contrats avec des investisseurs japonais qui avaient prévus d’acheter pour plus de 90 millions de bahts de terrain afin d’y construire des entreprises d’électronique. Il regrette ce choix qui aurait pu voir la création de beaucoup d’emplois pour les Thaïlandais. En 2009 le montant des investissements japonais en Thailande a diminué de 24% selon les statistiques du BOI, passant de 3.2 à 2.8 milliards de dollars.

jtepa - thailande-fr
Certaines entreprises japonaises commencent à se lasser de la crise thailandaise

Entre temps, le Vietnam émerge petit à petit comme une nouvelle alternative pour les investisseurs japonais. La main d’oeuvre étant moins chère qu’en Thaïlande et le marché plus grand avec une population de plus de 68 millions d’habitants. À l’heure actuelle, environ 1.000 entreprises étrangères sont implantées au Vietnam et autour de 7000 à 8000 entreprises en Thaïlande, dont 1300 sont japonaises.

De nombreuse entreprises nippones ont opté récemment pour le Vitenam, comme le fabricant de pneus Bridgestone ou le géant du cosmétique Shiseido qui viennent tout deux d’ouvrir des usines; ce dernier choisissant le Vietnam comme sa base de production pour tout le marche de l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est). Le gouvernement vietnamien entend bien développer l’activité industrielle du pays et encourage les pays étrangers à investir, comme l’a fait la Thaïlande il y a quelques années.

Le Japon est déjà en tête des investisseurs étrangers au Vietnam

Yoshida Sakae, le président du JETRO à Ho Chi Minh déclare que même si de nombreuses industries japonaises se tournent maintenant vers le Vietnam et ses coûts de production peu élevés, le gouvernement du Japon n’a aucune intention de laisser tomber la Thaïlande où la qualité de la main d’oeuvre et celle de la matière première sont supérieures à celle du Vietnam.

En effet, même si, comme en Thaïlande, le Japon reste le plus gros investisseur étranger sur le sol vietnamien, beaucoup d’industries nippones se sont plaintes de la mauvaise qualité de certain matériaux, ou d’une certaine négligence de la part d’entreprises travaillant en aval comme celles de l’emballage.

Munemori Yamada réaffirme la volonté du Japon de continuer à investir en Thaïlande. Il explique que son pays, maintenant en pleine récession économique, voit sa population active diminuer et juge que les investissements à l’étranger sont nécessaires à la reconstruction économique du Japon. La récente confirmation de la part de Mitsubishi Motors du projet d’investissement pour la construction d’une usine d’eco-voitures en Thaïlande vient étayer les dires de Mr. Yamada.

Melaine Brou