La Thaïlande est le premier producteur mondial de latex : en tirant parti d’une matière première abondante, Dominique Bienfait a mis sur pied une usine qui emploie désormais 150 personnes près de Bangkok.
Ses matelas haut de gamme sont exportés dans une demi-douzaine de pays. Portrait d’un entrepreneur parti de zéro en Thaïlande.
Dans un nuage de vapeur, les ouvriers ouvrent le moule, pour libérer un bloc de latex blanc encore fumant.
Une fois refroidi et conditionné, il sera expédié vers les États-Unis, puis vendu sous la forme d’un matelas haut de gamme par de grandes marques.
Une production atypique puisque 90% de la production thaïlandaise de latex est exportée sous forme de matière première brute, principalement vers la Chine.
Dominique Bienfait promène sa longue silhouette entre les machines qu’il a lui-même mises au point, puis il monte à l’étage pour vérifier le travail des employées qui terminent les finitions, en rebouchant les petites alvéoles créées par le latex.
« C’est la preuve que le produit est 100% naturel, vous ne verriez pas cela avec une matière synthétique »,
souligne-t-il.
Le parcours thaïlandais de Dominique Bienfait commence classiquement par un séjour de vacances dans le royaume, en 1997.
Séduit par le pays, cet originaire de l’Aisne y revient de plus en plus fréquemment. Il décide de s’y installer pour lancer une petite agence immobilière.
A la veille du grand krach asiatique, l’idée tombe plutôt mal. La société périclite. Alors qu’il survit grâce à des activités d’import-export, il trouve enfin l’idée qu’il cherchait pour s’enraciner en Thaïlande.
« Un ami m’a parlé de son travail dans le Sud, où il fabriquait des matelas en latex naturel, grâce aux millions d’hévéas qui poussent dans la région. J’ai trouvé l’idée géniale »,
raconte-t-il. La Thaïlande compte 23 millions de mètre carrés de plantation d’hévéa, et elle est le premier producteur mondial de latex, avec environ 3 millions de tonnes produites chaque année, ce qui représente 32% du volume mondial.
Sans parler ni anglais, ni thaï, Dominique Bienfait se lance dans l’aventure, se souvenant avec délices d’un matelas en latex naturel acheté à 26 ans.
Avec une matière première abondante, à portée de main, il part en quête de capitaux, s’orientant d’abord vers le Cambodge, avant de revenir vers la Thaïlande. Une fois cette étape franchie, notre homme n’est pas au bout de ses peines.
« J’ai cherché des fournisseurs dans tous les sois de Bangkok, juste avec mon petit carnet en poche. J’ai aussi arpenté toute la région pour trouver un bâtiment pour l’usine »
se souvient-il. Il trouvera finalement un emplacement non loin de l’aéroport international de Suvarnabhumi, dans la zone d’exportation de Ladkrabang.
La société Latex Systems est créée en 2003, l’usine démarre en 2004. Il faut inventer toutes les machines au fur et à mesure. Mais le défi ne fait pas peur à cet ingénieur, spécialisé dans l’automatisation industrielle.
Dominique Bienfait a travaillé dans des domaines très variés, souvent beaucoup plus techniques qu’en Thaïlande, comme l’agro-alimentaire, l’espace, les robots. « Mais ici, le challenge ce n’est pas la technique, c’est l’humain », sourit-il. Affrontements culturels, difficultés de recrutement, ce passionné des relations humaines apprend sur le tas.
« Il faut être un enseignant, un papa pour ses employés. Il faut leur faire sentir qu’ils sont importants, tout en leur prouvant que certaines choses qu’ils croient infaisables sont possibles. »
Cinq ans plus tard, l’usine emploie près de 150 personnes et produit 2500 matelas par mois, principalement pour l’exportation vers les États-Unis (devenu le premier marché), la Corée, le Japon, l’Australie et la Chine.
L’entrepreneur compte déménager d’ici six mois dans une nouvelle usine plus grande, semi-automatisée, qui devrait permettre de doubler la capacité de production.
« Je n’aurais jamais pu faire ça en France, il est beaucoup plus facile d’entreprendre ici, »
se réjouit-il. Pour Dominique Bienfait, la réussite ne se situe pas uniquement dans les chiffres, mais aussi dans l’optique écologique dans laquelle il inscrit sa production.
« Je n’aurais pas pu travailler dans un métier destructeur. Là, nous participons à la défense de la forêt, puisqu’après avoir coupé un hévéa, on en replante un dans la souche. Et le bois est réutilisé, »
explique-t-il. Contrairement aux matelas produit à partir de mousse synthétique, les matelas en latex sont recyclables et bio dégradables. A 59 ans, Dominique Bienfait n’imagine pas une seconde d’arrêter de travailler. « Je suis programmé pour au moins une centaine d’années ! »
Texte et photos : Emmanuelle Michel
3 comments
Pouvez vous me contacter j’ai besoin de savoir le nom de l’entreprise de Mr Dominique Bienfait, dans quel ville de la Thailande est son entreprise et si possible son numero de téléphone c’est urgent merci
Vous pouvez me contacter sur mon adresse yahoo merci
[email protected]
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