20 ans après l’ouverture du Novotel Bangkok on Siam square, le premier établissement géré par Accor en Thaïlande, le géant de l’hôtellerie continue son développement et prévoit d’augmenter son parc de 10 nouveaux hôtels d’ici 2011. Entretien avec Patrick Basset, Vice-President Opérations, et Conseiller du Commerce Extérieur de la France en Thaïlande depuis treize ans, et dont le siège est basé à Bangkok.
Quels sont les projets d’Accor pour les années à venir ?
Nous prévoyons d’augmenter de manière assez significative notre présence en Thaïlande, puisque à partir des 40 hôtels actuellement sous la marque Accor, nous avons des engagements pour 10 établissements supplémentaires sur les quelques prochaines années. Ce développement portera notre offre à 12000 chambres avec un personnel proche de 10000 employés.
La situation actuelle en Thaïlande justifie t-elle encore un tel investissement ?
La situation politique a fait beaucoup de dégâts depuis le mois de décembre sur le marché du MICE (Meetings, Incentive Travel, Conventions and Exhibitions), c’est à dire sur des réservations qui s’effectuent 6 mois ou un an à l’avance.
Ce marché est actuellement en baisse de 70% à Bangkok, car il est beaucoup plus sensible aux troubles politiques que le marché du loisirs, et le marche du 5 étoiles s’en ressent fortement à Bangkok en particulier. A Phuket les conséquences sont beaucoup moins importantes. Au premier trimestre 2009, nous sommes à 90% de notre taux de remplissage de 2008 pour le Mercure de Patong par exemple
Quelle est l’impact de la crise économique sur votre marché ?
La crise économique a aussi provoqué un déplacement de la demande business vers le bas : ceux qui descendaient dans des hôtels cinq étoiles vont dans des quatre étoiles, et ceux de quatre étoiles dans les trois étoiles. Nous avons plusieurs marques qui couvrent ces segments : avec Ibis et All Seasons (trois étoiles) nous misons sur l’entrée de gamme, et Novotel et Mercure la moyenne gamme pour cibler une clientèle jeune et asiatique qui est typique de Bangkok.
Y a t-il une spécificité du marché thaïlandais ?
La Thaïlande bénéficie toujours d’atouts exceptionnels pour le métiers du tourisme. Une identité culturelle très forte et différente (le bouddhisme, les temples) et une tradition accueillante et respectueuse. La culture spécifique de la Thaïlande a un impact positif sur notre métier, et permet d’obtenir un niveau de service incomparable. Notre programme repose beaucoup sur les ressources humaines, en tenant compte des particularités du pays : nous avons formé beaucoup de chef de département thaïs, par le biais de notre académie Accor.
C’est une destination où les gens reviennent, et parfois pour un séjour plus long que de simples vacances. Au moins 30 à 40% des visiteurs reviennent régulièrement, certains même pour y trouver un deuxième lieu de vie.
Comment se répartit votre présence sur le marché thaïlandais ?
Nous sommes d’abord un groupe gestionnaire, et en Thaïlande la majorité de nos enseignes sont des contrats de gestion. Notre développement repose principalement sur ce mode de contrat qui permet aux propriétaires des hôtels d’obtenir un niveau de profit supérieur à la concurrence grâce aux meilleurs taux de remplissage, et a notre gestion réputée performante.
Les grandes familles thaïes ou chinoises qui sont propriétaires d’hôtels indépendants depuis plusieurs générations, ont parfois du mal à savoir commercialiser leurs hôtels pour leur assurer une bonne rentabilité. Nous pouvons offrir à ces établissements des outils de commercialisation et de distribution, notamment sur les canaux automatiques et centralisés, qui permettent par exemple d’obtenir des taux de remplissage de 30 à 50% uniquement sur le Web sur certaines marques.
La partie relationnelle est très importante, et les partenariats que nous avons développé ici sont très solides. Une fois qu’on a signé un contrat de gestion avec une famille, il est rare d’avoir besoin de s’y référer par la suite : les problèmes se règlent toujours par la discussion. Il faut des résultats bien entendu, mais en cas de problème on privilégie toujours la discussion sur la confrontation.