A la différence de la crise de 1997 qui avait touché l’ensemble des pays de la région de la même façon, la Thailande affronte depuis plus deux ans une crise politique durable qui lui est propre, et dont l’issue semble pour le moment incertaine.
La Thailande sort humiliée du dernier épisode de la « guerre des chemises », qui a provoqué l’annulation pure et simple du sommet de l’ASEAN. Un fait sans précédent dans l’histoire de l’Association qui existe depuis plus de 30 ans. Prise dans la tourmente d’une crise politique qui n’en finit plus, la Thaïlande pourra t-elle une fois de plus retomber sur ses pattes et sortir indemne des désordres qu’elle a elle même provoqués ?
Certains analystes le pensent toujours, car après tout le royaume a déjà survécu à d’autres épreuves, comme la crise financière de 1997, autrement plus dévastatrices. Or la prospérité de la Thaïlande repose toujours en grande partie sur son attractivité pour les investisseurs étrangers; lesquels pourraient bien finir par se lasser de cet état de crise permanente, source préjudiciable d’incertitudes et d’instabilité juridique.
La Thaïlande forme avec la Malaisie, l’Indonésie et les Philippines ce que l’on appelle les Tigres de l’Asie. La croissance économique de la Thailande dans les années 80 et 90 l’a propulsé parmi les leaders économiques de la région. Malgré la crise économique de 1997, « certains analystes financiers pronostiquent, qu’à l’horizon 2020, elle sera la 8e puissance du monde, devant l’Italie et la Russie ». Mais ces prévisions ne tiennent pas compte des effets négatifs de l’instabilité politique qui mine le royaume depuis près de quatre ans.
En 30 ans, l’économie de la Thaïlande a connu un essor remarquable, et ce, malgré la crise de 1997, qui aura peut-être été plus bénéfique que négative à long terme puisqu’elle a permis d’identifier certains problèmes telles la corruption et l’importance de contrôler le risque de change et les équilibres financiers. Aujourd’hui les réserves de changes de la Thaïlande sont confortables, et le baht n’est pas menacé : ce sont plutôt les partenaires commerciaux du royaume qui ont des problèmes de trésorerie, comme le Japon et les Etats Unis.
La crise financière aura au moins un mérite, celui d’avoir rendu possible une réflexion historique sur le système financier international. Le G20 sera élargi, car le Royaume-Uni, en charge de la présidence du G20, a aussi invité le Premier ministre thaïlandais en tant que président de l’Asean et un représentant de l’Afrique. La mondialisation a été un formidable facteur de prospérité quand tous les pays étaient en croissance. Elle fonctionne aujourd’hui comme un accélérateur de crise avec des effets boule de neige difficiles à maîtriser. Jusqu’à l’été 2008, l’idée prédominait que les pays émergents offriraient des pôles de résistance. Il n’en est rien et la théorie du «découplage» a vécu : le PIB de la planète reculera d’au moins 0,5 % à 1 %, même si en Asie, la récession sera beaucoup moins marquée qu’aux Etats Unis ou en Europe.
Pour la Thailande, l’effet direct de la crise des sub prime est insignifiant en raison de la faible exposition des banques thaïlandaises. Mais la crise mondiale a provoqué une chute de la demande mondiale sur laquelle repose la croissance thaïlandaise. Avec un marché intérieur conséquent (63 millions d’habitants) la Thailande n’est pas Singapour et doit pouvoir faire reposer davantage sa croissance sur la demande intérieure. Cela peut être aussi l’occasion de rattraper un certain retard pris dans les programmes d’infrastructures, souvent victimes des changements politiques trop fréquents.
La Thailande a ainsi décidé de ne pas attendre la reprise économique mondiale pour relancer son économie durement affectée par la chute de ses exportations, dont elle tire 65% de ses revenus. Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a annoncé hier que le royaume allait emprunter 1400 milliards de baht (environ 30 milliards d’euros) pour financer les investissements dans les infrastructures au cours des exercices 2010 à 2012. Les projets en préparation comprennent des routes, l’approvisionnement en eau, des écoles, des hôpitaux et des immeubles résidentiels.
2 comments
…OK…100% d’accord…revenir aux réalités de terrain…et non pas aux élucubrations des « zozos » de la prospective….les alain minc locaux….ceci dit je suis époustouflé d’avance par la capacité que vont montrer les thaïs pour traverser cette période de turbulences ?????….
Ce qui me gène terriblement dans tous vos article, c’est que jamais vous ne mentionnez la place essentielle du tourisme dans l’économie thailandaise pas plus que vous ne mentionnez la place si importante qu’à pris le roi chez chaque Thailandais. Or ce roi n’a aucun successeur prévisible et digne de lui. Qui va prendre sa place??? comment va t il etre remplacé????
Ce problème capital est le premier à résoudre, in situ d’abord, les technocrate des statistiques et autres analystes des prévisions économiques, dont l’efficacité n’a jamais vu la crise venir, pourront alors continuer à se faire plaisir en sortant leur calculs…
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