La Thailande a décidé de ne pas attendre la reprise économique mondiale pour relancer son économie durement affectée par la chute de ses exportations, dont elle tire 65% de ses revenus. Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a annoncé hier que le royaume allait emprunter 1400 milliards de baht (environ 30 milliards d’euros) pour financer les investissements dans les infrastructures au cours des exercices 2010 à 2012.

Les projets en préparation comprennent des routes, l’approvisionnement en eau, des écoles, des hôpitaux et des immeubles résidentiels.

«Les projets sont de petites tailles, mais collectivement, ils demandent une somme très importante. Même si les écoles et les hôpitaux sont petits, quand un grand nombre d’entre eux doivent sortir de terre, il faudra absolument un énorme investissement»

a déclaré Abhisit hier.

Le Premier ministre thaïlandais a annoncé ces chiffres, qui doivent encore être approuvés, après la réunion avec le vice-Premier ministre Korbsak Sabhavasu, le ministre des Finances Korn Chatikavanij et le secrétaire général du Conseil de développement économique et social. Cette somme a été proposée après une enquête de Korbsak auprès des ministères concernés: les transports, l’agriculture, l’éducation et la santé publique.

Au cours de la période de trois ans à venir, chaque année, le gouvernement serait en mesure de dépenser 500 milliards de bath (11 milliards d’euros). Une mesure destinée à soutenir l’économie thaïlandaise, alors qu’une reprise de exportations vers les États Unis, semble peu probable à court terme.

« Tout le monde est préoccupé par la reprise économique des États-Unis. Nous avons estimé les conséquences de l’affaiblissement du commerce mondial sur les recettes d’exportation, et combien le gouvernement a besoin d’investir pour stimuler l’économie, et comment. »

L’essentiel des fonds nécessaires sera emprunté, et Abhisit a déclaré que le gouvernement devrait d’abord estimer le montant des dépenses et des recettes fiscales prévues avant d’examiner l’opportunité de relever le plafond de la dette publique, ce qui nécessiterait une modification juridique.

« Notre préoccupation est le plafond de la dette publique pour les deux prochaines années »

a t-il dit, ajoutant qu’un plafond plus élevé serait une mesure temporaire.

Le Premier ministre de Thailande  a annoncé hier que le royaume allait emprunter 1400 milliards de baht
Le Premier ministre de Thailande a annoncé hier que le royaume allait emprunter 1400 milliards de baht

Le directeur  du Bureau de la politique budgétaire, Sujjapongse Somchai a insisté hier pour que le ratio de la dette publique au produit intérieur brut (PIB) ne dépasse pas les 50 % malgré la hausse des emprunts, arguant que même si l’emprunt est nécessaire pour donner du répit à l’économie, la discipline budgétaire est aussi importante.  Le Budget Act qui régit la procédure budgétaire en Thailande comprend un plafond de 50% de dette publique maximale par rapport au PIB.

La dette publique de la Thailande s’élève pour l’instant à 3600 milliards de baht soit 38% du produit intérieur brut (dont environ 10% de dette extérieure), très près du plafond légal, mais avec un niveau comparatif qui place la Thailande parmi les pays les moins endettés. La dette publique du Japon dépasse par exemple les 100% du PIB, et celle de plusieurs pays de l’Union européenne (dont la France) est d’environ 70 pour cent.

La Thailande reste extrêmement prudente en ce qui concerne son endettement extérieur en devises, car pendant la crise de 1997, une exposition excessive de sa dette publique (financée en grande partie par la dette extérieure en devises) avait provoqué un effondrement du baht.

Après la crise asiatique de 1997-1998, la Corée du Sud et la Thaïlande avaient  pu récupérer avec leurs exportations suite à la dépréciation de leurs monnaies. De même, le Japon a mis fin à sa « décennie perdue » après la crise de 1990, en grande part grâce à la croissance de ses exportations, qui ont soutenu la demande. Aujourd’hui la situation est différente car la récession est mondiale et la perspective d’un retour à la prospérité des économies  asiatiques grâce aux exportations est plus lointaine.

La crise de 1997 était locale et d’autres régions du monde, pour certaines en forte croissance, étaient demandeuses d’importations. Ce scénario de sortie de crise par les exportations ne  fonctionne  plus quand la demande mondiale est touchée. Or les dernières prédictions du FMI tablent sur une croissance mondiale négative, ce qui provoquera certainement une contraction du commerce mondial. De plus, les lignes de crédit qui financent le commerce international sont plus rares avec la crise financière car les investisseurs se retirent des marchés pour investir en particulier dans des bons du Trésor américains, réputés être l’investissement le plus sûr du moment.

1 comment
  1. Bath fort = exportation faible = chomage= perte du pouvoir d’achat, bath faible = exportation forte = reprise economique = pouvoir d’achat: c’est simple non?

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