Comme dans beaucoup d’autres domaines de grande consommation, la contrefaçon est très répandue dans le domaine des consoles de jeux en Thaïlande. A tel point qu’ il est parfois difficile de trouver des versions non-modifiées.

La contrefaçon est une activité punie par la loi thaïlandaise, mais elle reste néanmoins très répandue dans les rues et les grandes surfaces des grandes villes du Royaume, ce malgré des efforts récents du gouvernement pour enrayer sa progression. Les modifications des consoles de jeux (il ne s’agit pas de contrefaçon a proprement parler) visent en fait à leur donner la possibilité d’utiliser des jeux copiés ou piratés.

Même si les touristes et locaux peuvent acheter des objets contrefaits sans véritables risques de représailles par les autorités locales, il est fortement déconseillé de rapporter de tels objets dans son pays d’origine sous peine de confiscation par les douanes, accompagnée d’une amende.

Des prix très inférieurs aux originaux

Les prix pratiqués sur les jeux contrefaits sont très inférieurs a ceux des jeux originaux, de l’ordre de 100 baht (2,5 euros) contre 2000 a 3000 baht (50 a 75 euros), et permettent aux Thaïlandais d’avoir accès à ce type de divertissement. Pour un Thaïlandais, dont le salaire moyen tourne autour de 9000 bahts par mois, acheter un jeu vidéo est une dépense qui revient a amputer son salaire de 20 a 30%.

Les jeux pour consoles sont en vente dans les grands centres commerciaux de Bangkok (ici Pantip Plaza) qui desservent la clientele locale et étrangère

Si on raisonne en termes de parité de pouvoir d’achat pour un Thailandais, cela reviendrait à demander à un européen de payer un jeu vidéo entre 300 et 500 euros. Ceci dit, la plupart des magasins vendant du multimédia à Bangkok, ou dans les grandes villes de province, font aussi une partie chiffre d’affaire grâce aux touristes ou aux expatriés.

Les jeux sur les consoles de Sony, Nintendo ou Microsoft n’étant pas fabriqué en Thaïlande, le seul moyen de se procurer des jeux authentiques est de les importer de l’étranger, en l’occurrence du Japon ou Hong-Kong où les fabricants pressent les jeux et les distribuent dans les régions voisines. Un disque importé supporte donc des droits de douanes élevés (jusqu’à 100%) en plus de son prix déjà élevé converti en thai baht.

C’est au MBK, grand centre commercial de la capitale thaïlandaise, qu’une grande variété de produits contrefaits peuvent être trouvés, dont les consoles de jeux.

Sony, Nintendo et Microsoft, les trois entreprises dominant le marché du jeu, sont toutes représentées et chacune des consoles est vendue, même si le degré de contrefaçon varie selon les machines.

Tous les fabricants sont touchés par le piratage

La Xbox 360, console du géant américain Microsoft, est de loin la plus facile à pirater, de par la simplicité des composants utilisés. La grande partie des machines disponibles en Thaïlande viennent du Japon, le prix est donc un peu plus élevé qu’à l’étranger en raison des frais d’importation.

Sony et Nitendo auraient perdu 8 milliards de dollars par an à cause de la contrefaçon des jeux vidéo

Les magasins s’occupent eux-même de modifier la console, qui peut ensuite jouer des jeux pirates, vendus à 100 bahts en moyenne, soit 10 à 20 fois moins cher qu’un jeu original. La machine de Microsoft est vendue à 10 000 bahts environ, avec cinq à dix jeux offerts selon  les talents en négociation de l’acheteur.

La Nintendo Wii est également facilement modifiable et les prix tournent  autour de 10 000 bahts, même si cela peut varier selon les magasins.

Pour en finir avec les consoles de salon, la Playstation 3 de Sony est beaucoup plus chère que les deux machines mentionnées ci-dessus.  La Playstation est en effet beaucoup plus difficile à pirater et peut être facilement endommagée par des manipulations extérieures. Les consoles vendues en Thaïlande sont donc authentiques, la majorité provenant du Japon, et s’achètent entre 10 000 et 11 000 bahts selon les modèles; mais les jeux sont vendus aux alentours de 2000 bahts, pour un prix au  final beaucoup plus élevé.

Les consoles portables, la PSP de Sony et la Nintendo DS, sont réputées pour être souvent piratées. Les PSP sont légèrement modifiées à l’aide d’un logiciel qui permet de télécharger des jeux sur internet et les lire sur la console directement à partir d’une carte mémoire. Les PSP sont donc vendues avec une carte mémoire qui contient parfois jusqu’à 30 ou 40 jeux.

Les magasins les plus intéressants au MBK se trouvent au sixième étage. La plupart possèdent toutes les consoles avec un vaste choix de jeux.

Un manque à gagner considérable pour l’industrie du jeu

Avec la prolifération du téléchargement de jeux et de modification des consoles, l’industrie du jeu vidéo perd énormément d’argent chaque année.

La Nintendo DS et la PSP de Sony sont les deux consoles les plus piratées du moment. En cherchant en ligne, il est très facile de trouver des sites internet et des vidéos sur Youtube servant de tutoriel pour permettre aux possesseurs de ces deux consoles de les modifier. Les manipulations sont simples et ne demandent aucunes connaissances en électronique.

D’après certaines évaluations, Sony et Nintendo auraient perdu 41,7 milliards de dollars entre 2004 et 2009 sur les ventes de jeux sur les deux consoles portables. La cartouche R4, permettant de lire des jeux téléchargés sur la DS, est vendu sur internet. Depuis plusieurs années, Nintendo traque les sites la mettant en vente mais les efforts semblent vains tant il est simple de se procurer une cartouche R4.

Pour faire face à cette menace, l’industrie du jeu s’organise et abandonne petit à petit le support physique du disque. La plateforme de téléchargement Steam sur PC réunit plus de 20 millions d’utilisateurs et permet souvent aux joueurs de télécharger légalement à petit prix.

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