La proposition lancée par le gouvernement thaïlandais au mois de juin dernier d’augmenter le salaire minimum journalier à 250 baht (21% de plus que le taux actuel de 206 baht a Bangkok sera débattue aujourd’hui par un groupe réunissant des représentants de la Chambre de Commerce et d’autres membres représentants de différents secteurs de l’économie.
Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva avait lancé l’idée d’un salaire minimum de 250 baht au mois de juin dernier, dans un discours devant les membres de la Chambre de commerce, et avait exhorté les chefs d’entreprise à penser «out of the box » sur les moyens d’améliorer la répartition des revenus, et de promouvoir la réconciliation sociale. Sa proposition sera examinée par le Comité mixte permanent sur le commerce, l’industrie et les banques, qui comprend des représentants de la Fédération des industries thaïlandaises (FTI), la Chambre de commerce de Thaïlande et de l’Association des banquiers thaïlandais.
« Alors que la Chine est confrontée à des salaires plus élevés, la Thaïlande sera parmi les destinations les plus attrayantes d’Asie pour de nouveaux investissements pour les constructeurs automobiles », a déclaré Charl Kengchon, directeur général de Kasikorn Research Co. Comme le montre le graphique publié par le WSJ, la hausse des salaires en Chine a conduit les investisseurs à repenser certaines de leurs installations industrielles à forte composante de main d’œuvre.
La hausse des coûts de main-d’œuvre en Chine représente donc une opportunité certaine pour d’autres pays de la région, comme la Thaïlande, mais pour combien de temps ? Les pays d’Asie du Sud sont également confrontés à des obstacles comme l’insuffisance des infrastructures, et les problèmes de corruption.
La plupart des pays d’Asie du Sud-Est, comme le Cambodge, ou le Vietnam et l’Indonésie manquent d’infrastructures suffisantes pour accueillir des industries opérant sur une grande échelle, même si leurs salaires sont moins élevés qu’en Chine.
La Thaïlande serait le pays des inégalités persistantes
Au cours des quatre dernières décennies, l’économie thaïlandaise a connu une croissance moyenne d’environ 7 % par an, et le revenu réel moyen par habitant a pratiquement triplé depuis le milieu des années 1980. Mais, selon un récent rapport sur la Thaïlande par le Programme des Nations Unies pour le développement, la deuxième économie de la région d’Asie du Sud serait en proie à « une persistance des inégalités», qui défie une théorie largement répandue selon laquelle l’écart entre riches et pauvres se creuse au cours d’une phase initiale de développement, puis a tendance à se rétrécir.
La Chine, quant à elle, a vu son économie croître de 11% par an – et a depuis été frappée par une vague de conflits sociaux, y compris une grève sur les salaires dans une usine Honda dans le Guangdong, une des régions les plus riches du pays. Le Parti communiste chinois a misé son avenir sur le pari que la croissance économique permettra de renforcer la stabilité sociale et d’étouffer la contestation politique.
Mais l’expérience de la Thaïlande montre que de tels calculs peuvent se révéler risqués sur le long terme.
La hausse des coûts de main-d’œuvre en Chine représente une opportunité pour d’autres pays de la région
L’inégalité des revenus de la Thaïlande est à peu près la même que celle de pays beaucoup plus pauvres, tels que l’Ouganda et le Cambodge et un peu moins bonne que celle de la Chine et des États-Unis, très inégaux en termes de répartition des revenus, selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour le développement humain (rapport 2009).
La récente proposition du Premier Ministre, en vue d’une augmentation massive du salaire minimum aurait un double objectif: couper l’herbe sous le pied de la contestation, qui a axé sa campagne sur les inégalités, et positionner la Thaïlande de manière a ne pas reposer uniquement sur une politique de faibles salaires.
Car d’une certaine façon, la situation actuelle de la Chine peut s’analyser sur le plan économique, comme une sorte de projection pour la Thaïlande : une hausse des salaires inéluctable sur fond de tensions sociales, qui appelle une recherche de compétitivité par d’autres moyens, comme l’éducation, les infrastructures et… la stabilité politique.
Olivier Languepin
La taille de la population active en Thaïlande dépasse maintenant 38,24 millions (2009 est.), avec une majorité de la population active de moins de 35 ans. Chaque année, environ 800.000 personnes se joignent à cette population, sans que le chômage n’ait enregistré d’augmentation significative. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Salaires minimum en 2010 (taux journalier) |
Baht | Région |
206 | Bangkok and Samut Prakan |
205 | Nakorn Pratom, Nonthaburi, Pathum Thani and Samut Sakhon |
204 | Phuket |
184 | Chonburi and Saraburi |
181 | Ayutthaya |
180 | Chachoengsao |
178 | Rayong |
173 | Nakhon Ratchasima, Pang-nga and Ranong |
171 | Chiang Mai |
170 | Krabi, Prachinburi and Lopburi |
169 | Kanchanaburi |
168 | Petchaburi |
167 | Chantaburi and Ratchaburi |
165 | Singhaburi and Angthong |
164 | Prachaub Khiri Khan |
163 | Loei, Samut Songcram and Sa Kaeo |
162 | Trang |
161 | Songkhla |
160 | Chumporn, Trat, Nakhon Nayok, Narathiwat, Yala, Lamphun and Ubon Ratchatani |
159 | Nakhon Si Thammarat, Pattani, Pattalung, Satun,Surat Tthani, Nong Khai and Udon Thani |
158 | Kamphaeng Phet, Chai Nnat, Nakhon Sawan, Suphanburi and Uthai Thani |
157 | Kalasin, Khon Kaen, Chaing Rai, Buri Ram, Yasothon, Roi-et and Sakhon Nakhon |
156 | Chaiyaphum, Lampang and Nong Bua Lamphoo |
155 | Nakhon Phanom, Phetchabun, Mukgdahan and Amnat Charoen |
154 | Maha Sarakham |
153 | Tak, Phitsanulok, Sukothai, Surin and Uttraradit |
152 | Nan and Si Saket |
151 | Payao, Pichit, Phrae and Mae Hong Son |
Source: Ministry of Labor, as of January 2010
Website: www.mol.go.th