Si vous n’avez pas encore compris comment les touristes chinois sont en train de changer le monde, il est encore temps de jeter un coup d’œil à quelques données chiffrées qui ne laissent planer aucun doute sur l’ampleur des bouleversements à venir.
Selon l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies, les dépenses touristiques chinoises à l’étranger ont atteint 261 milliards de dollars en 2016 (21 % du marché mondial), soit une augmentation de 12 % par rapport à 2015 et une multiplication par onze au cours de la dernière décennie.
Le tourisme chinois génère aujourd’hui des recettes mondiales plus de deux fois supérieures à celles des touristes américains (123,6 milliards de dollars) et trois fois plus que les touristes allemands (79,8), qui furent longtemps les deux principales sources de revenus touristiques.
Le nombre de touristes chinois voyagent à l’étranger a augmenté de 6% pour atteindre 135 millions en 2016. Des chiffres qui ont conforté le statut de la Chine en tant que principal pays émetteur du tourisme mondial depuis 2012.
En Thaïlande le nombre de touristes chinois a été multiplié par 10 en dix ans, passant de 907.000 en 2007 à 9.120.000 en 2017 soit près d’un quart du nombre total de touristes pour 2017 (35,2 millions)
Seulement 5% des Chinois détiennent un passeport
Le tourisme chinois à l’étranger a connu une croissance explosive au cours de la dernière décennie et ce n’est vraiment qu’un début : 5% seulement des citoyens chinois détiennent actuellement un passeport, contre 40% aux États-Unis.
Quels sont les facteurs qui ont contribué à la domination chinoise du marché touristique?
Il y d’abord un facteur économique avec le croissance remarquable et continue de l’économie chinoise. Malgré le scepticisme des investisseurs à l’égard des données économiques officielles chinoises, la croissance du pouvoir d’achat de la classe moyenne chinoise ne fait aucun doute et elle se reflète dans le boom touristique sans précédent de la Chine à l’extérieur.
Comme beaucoup de changements, celui-ci peut être imputé à l’ouverture de l’économie de Deng Xiaoping dans les années 1980. Mais il n’a vraiment pris son envol qu’en 1995, date à laquelle la Chine a lancé le programme de « statut de destination approuvée » (ADS), qui a permis d’autoriser des voyages organisées dans un petit nombre de pays pré-approuvés, dont la Thaïlande.
La simplification de la réglementation des visas
Un autre facteur a eu une influence décisive : il s’agit de la simplification de la réglementation des visas qui s’est déroulée en trois phases distinctes.
Tout d’abord, du milieu des années 1980 au début des années 1990, le tourisme a été autorisé vers quelques pays voisins asiatiques uniquement pour des raisons familiales.
Les voyages d’affaires payés par le gouvernement, ou payés par l’employeur et les échanges culturels avec des chercheurs invités et des participants à des séminaires étaient également autorisés.
Ensuite, du milieu des années 1990 à 2010, dans le cadre de la politique de l’ADS, certaines agences de voyages agréées ont été autorisées à organiser des voyages en groupe comprenant généralement plusieurs destinations. Ces voyages comportaient souvent des visites superficielles dans des lieux touristiques emblématiques, accompagnées de prises de photos et d’achats de cadeaux pour la famille et les amis.
Les touristes n’avaient pas beaucoup d’interaction avec la population locale en raison des faibles niveaux de revenu des participants (les fameux zero dollar tour), des itinéraires rigides et précipités, des barrières linguistiques et du manque d’expérience de voyage à l’étranger.
Enfin, de 2010 à aujourd’hui, l’augmentation des revenus de la classe moyenne chinoise, combinée avec la simplification de la réglementation des visas et les efforts de marketing des pays de destination ont rendu les choses beaucoup plus faciles.
Désormais les touristes chinois ne voyagent pas plus en groupe que les autres nationalités et dominent le groupe de touristes autonomes, dont l’intérêt est passé de la simple visite et du shopping à l’apprentissage de l’histoire et de la culture.
La croissance explosive de l’Internet, des médias sociaux, des applications mobiles et du paiement mobile à aussi joué un rôle prépondérant comme en témoigne la présence de terminaux Alipay (la filiale bancaire mobile du géant chinois AliBaba) dans les 7/11 en Thaïlande.
Le boom consumériste et touristique chinois ne fait que commencer, et pour le meilleur comme pour le pire les industries, les pays, les chaînes hôtelières et les entreprises susceptibles d’attirer les touristes chinois devront s’adapter.
En Thaïlande les dégâts environnementaux provoqués par le tourisme de masse chinois dans certaines destinations phares et emblématiques (Maya Bay, le parc national des îles Similan entre autres) commencent à provoquer des réactions et des commentaires acerbes sur les médias sociaux principalement.