Le premier exportateur mondial de riz, la Thaïlande, risque d’être confronté à des pertes importantes pour sa prochaine récolte de riz et à une crise en approvisionnement d’eau en raison de la pire sécheresse depuis près de deux décennies.

Chanchai Rakthananon, président de l’Association thaïlandaise Rice Mills, a déclaré que la production de riz pour le cycle de la prochaine récolte, se terminant en août, pourrait tomber à moins de deux millions de tonnes, au lieu des cinq millions de tonnes prévues.

La Thaïlande produit environ 18 millions de tonnes de riz par an dans deux à quatre cycles de récolte, l’exportation représente environ 9 millions de tonnes et la même quantité est consommée sur place.

Le gouvernement maintient une réserve de riz d’environ 10 pour cent de la production, principalement comme un moyen de stabiliser les prix. Le secteur agricole consomme 70 % de l’approvisionnement en eau du pays, tandis que les la consommation humaine compte pour seulement 4 %.

Les niveaux d’eau dans les réservoirs à l’échelle nationale sont à 15 % de leur capacité totale. Dans certaines régions, les autorités locales ont demandé aux agriculteurs de reporter la plantation du riz d’un mois, par crainte d’épuiser les réserves.

Bien que le gouvernement ait mis en place un système de garantie des prix pour assurer les agriculteurs contre la chute des prix en dessous d'un minimum, les marges bénéficiaires se réduisent en raison des coûts de production plus élevés.

Depuis début novembre 2009, les précipitations en Asie du Sud-est étaient très en deçà des normales saisonnières, annonçait déjà en avril dernier l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture. Au mois de mars dernier, la Mekong River Commission alertait sur le niveau du Mekong – qui traverse la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam –, au plus bas depuis 90 ans. Selon le Royal Irrigation Department, au 26 mai, les réserves d’eau contenues dans les réservoirs thaïlandais ne s’élevaientt plus qu’à 12 millions de mètres cube, soit 16 % des capacités totales. A la même période de 2009, elles atteignaient 17 millions de mètres cube.

Le Département de la météorologie prévoit de fortes pluies pour les trois prochains mois, ce qui pose plus un problème qu’une solution pour les producteurs de riz, en raison des crues soudaines qui peuvent emporter les semis plantés.

Le riz est aussi un produit très politique en Thailande, parce qu’il est intimement lié à un sentiment de sécurité et de prospérité. Le Thaïlandais de tous les jours, pour demander à quelqu’un si il a mangé, lui demande en fait si il a déjà mangé du riz ou pas (gin khao ru plao ?).

En Thaïlande la culture du riz occupe dix millions d’hectares, soit la moitié de la surface agricole utile du pays et près de la moitié de la population du royaume vit de l’agriculture . Environ 80% des rizières de la Thaïlande sont arrosées (par opposition au système d’irrigation) et dépendent de la pluie. La Thaïlande est le plus grand exportateur de riz avec 8 millions de tonnes de riz exportés en 2007, soit  27% de part du marché mondial. Pour 2008 les exportations de riz de la Thaïlande avaient été estimées à 10 millions de tonnes, mais les prix mondiaux sont en retrait en raison de la crise économique mondiale.

You May Also Like

Quel avenir pour l’économie thaïlandaise?

La Banque Mondiale a défini la Thaïlande comme étant un cas exemplaire de développement réussi. Cependant cette progression a connu de nombreuses difficultés, en particulier lors de la pandémie de Covid 19, rappelant le caractère fragile de cette croissance.

La victoire de Donald Trump fait chuter les devises asiatiques

Le dollar de Singapour et le baht thaïlandais ont chuté le plus parmi les devises régionales, chutant tous deux de plus de 1,6 % pour atteindre leur plus bas niveau en trois et deux mois