La croissance économique des cinquante dernières années en Thaïlande a créé une vaste classe moyenne qu’on retrouve principalement dans les différents centres urbains du pays.

Dans l’économie aujourd’hui diversifiée du Royaume, il y a donc des ingénieurs, des professeurs, des gens dans le marketing ou la vente, des journalistes, des banquiers et tant d’autres métiers qui réclament des compétences spécifiques acquises à l’université ou après une longue pratique.

Mais quel est leur salaire ? Combien gagnent-t-ils ? Pour les curieux, voici quelques éléments de réponse à travers quelques statistiques et sept portraits professionnels de Thaïlandais de la classe moyenne.

Quelques données statistiques

Selon un rapport datant de 2013 de l’office national de la statistique, un ménage thaïlandais (données à diviser par deux environ pour une moyenne individuelle) gagne en moyenne 25 194 bahts  (630 Euros).

Plus récemment on constate un légère baisse du salaire moyen par personne en Thaïlande évalué à 13495 THB par mois au premier trimestre 2016 contre 13774,29 THB par mois au cours du quatrième trimestre de 2015.

Sur long terme les salaires en Thaïlande ont été en moyenne de 8896 THB / mois de 1999 à 2016, atteignant un maximum de 13.774,29 THB / mois au cours du quatrième trimestre de 2015 et un niveau minimum de 6344 THB / mois au cours du premier trimestre de 2000, selon le Bureau national de statistique de Thaïlande.

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Salaire moyen et taux de chômage en Thaïlande

(Les sources statistiques de l’Office National de Statistiques sont consultables sur le site officiel du gouvernement : http://web.nso.go.th/).

Ces chiffres cachent néanmoins de grosses disparités territoriales.

Dans la région Nord-est (Isan), les revenus d’un ménage s’élèvent en moyenne à 19 181 bahts (480 Euros), alors que dans le grand Bangkok (Bangkok, Samut Prakan, Nonthaburi et Pathum Thani), les revenus d’un ménage s’élèvent à 43 058 bahts par mois (1075 Euros).

A Bangkok même, cette moyenne est plus élevée.

Bien évidemment, ces données cachent également de grosses différences suivant les secteurs d’activités.

Une bonne source pour se faire une idée plus précise des salaires est le rapport annuel de l’entreprise Adecco qui donne une moyenne des rémunérations d’embauches pratiquées par l’entreprise de placement au cours de l’année précédente (le dernier rapport date de 2015).

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Rapport annuel de l’entreprise Adecco 2015 sur les salaires en Thaïlande

Pour prendre les deux exemples les plus extrêmes, à l’échelle nationale, un ménage travaillant dans le secteur tertiaire gagne en moyenne 56 037 bahts (1400 Euros) contre 13 915 bahts (345 Euros) pour un ménage d’ouvrier agricole.

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Source : http://www.adecco.co.th/Uploads/Knowledge-Center-Thought-Leadership/Thailand-Salary-Guide/Adecco-Thailand-Salary-Guide-2015.pdf

D’importantes disparités de revenus

Le coefficient Gini donné par la Banque mondiale, traditionnellement utilisé pour mesurer les inégalités économiques, indique clairement que la Thaïlande est très inégalitaire économiquement parlant (indice de 0.45).

La Thaïlande compte ainsi son lot de très riches. En 2014, d’après le World Wealth Report, ils étaient 91 000 à être au moins millionnaire en dollars, en hausse de 14% !

Mais il y a aussi des pauvres, bien que moins nombreux qu’on pourrait l’imaginer. Selon les statistiques de l’ONU, la proportion de la population vivant sous la ligne de pauvreté nationale s’élevait à 21% en 2000 contre 12.6% en 2012, soit environ 8 millions de personnes.

Un pays à revenu intermédiaire supérieur

Ces chiffres confirment toutefois que la Thaïlande est depuis 2011, d’après les termes de la Banque Mondiale, un pays dit à revenu intermédiaire supérieur.

L’un des signes de l’essor de la classe moyenne lors des dernières décennies se constate dans le pourcentage élevé de personnes étant propriétaires de leur logement.

En 2002, selon un discours du représentant thaïlandais à la branche habitat de l’ONU, ce taux était de 80%, mais seulement 56% à Bangkok.

Un pays de propriétaires

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En dehors de Bangkok, l’immense majorité des Thaïlandais possède son logement.

En clair, à Bangkok tout le monde n’est pas propriétaire mais dès que l’on sort de la capitale, l’immense majorité des Thaïlandais possède son logement.

Pour comparer, en France, selon l’INSEE, ce taux s’élève à 57,7 %, contre 72% pour la Belgique selon une enquête de Eurostat, et officiellement 37.4% pour la Suisse…

Par ailleurs, la Thaïlande bénéficie d’un « taux d’abordabilité » parmi les plus intéressants au monde selon l’analyste Naseer Munjeen.

En d’autres termes, il est relativement plus simple et peu coûteux de devenir propriétaire pour un Thaïlandais par rapport à leurs revenus.

Quelques portraits professionnels de la classe moyenne thaïlandaise

Afin d’illustrer ces données abstraites, voici quelques portraits professionnels de Thaïlandais de la classe moyenne.

Notre échantillon ne se veut absolument pas représentatif dans la mesure où la plupart des portraits sont des habitants de Bangkok, mégalopole où se concentre le secteur tertiaire et l’élite du Royaume.

En clair, nous ne présentons pas de riches, ni de pauvres, mais des cas concrets et réels de salaires d’individus dits de la classe moyenne.

Ce ne sont toutefois pas du tout des cas uniques ou spéciaux, des millions d’autres Thaïlandais gagnent des sommes avoisinantes.

A moins d’être précisés, les revenus sont présentés en salaire brut avant impôt, dont le montant est très faible pour la classe moyenne en raison des nombreuses déductions autorisées et des faibles taux d’impositions (5% jusqu’à 300.000 baht/an, puis 10% de 300 à 500.000 baht/an).

Par simplicité, le taux de conversion retenu est de 40 bahts = 1 €.

Tangmoo, 26 ans, marketing et relations publiques

Après un Bachelor (Licence) en design et mode, elle exerça d’abord plusieurs métiers (professeur d’art pour enfants, vendeuse, organisatrice de mariages freelance, responsable clientèle pour un site internet de vente).

Depuis 8 mois, elle est employée d’un fitness branché en tant que responsable marketing et relations publiques.

Débutant dans ce registre dans cette petite structure, son salaire est de 31 000 bahts par mois (775 Euros) pour cinq jours de travail hebdomadaire.

Ce à quoi s’ajoutent régulièrement des heures supplémentaires payées 200 bahts de l’heure (5 Euros), amenant son salaire à frôler certains mois les 40 000 bahts (1000 Euros).

YhuYha, 31 ans, Employé d’un centre d’appel

Originaire de la province de Surin en Isan, il étudia un Bachelor of Business Administration à l’université Rajabhat de Kanchanaburi.

Ayant migré à Bangkok pour obtenir de meilleures opportunités professionnelles, il travaille aujourd’hui dans un centre d’appel pour un grand groupe téléphonique, principalement en étant un contact auprès des partenaires du groupe.

Ses revenus varient entre 20 000 et 25 000 bahts par mois net (500 à 625 Euros), pour la bonne raison que lors de son temps libre, il vend des vêtements pour boucler son budget mensuel.

Famille de la classe moyenne supérieure

Diplômé de l’université Thammasat, âgé de 60 ans et donc proche de la retraite, le père est directeur d’une petite succursale bancaire.

Son salaire s’élève à près de 80 000 bahts par mois (2000 Euros). Sa femme, qui vient de prendre sa retraite et qui exerçait le même métier mais pour une autre banque, touchait le même salaire.

Elle obtenait par ailleurs régulièrement des primes (de 50 000 à 1 000 000 millions de bahts – de 1250 à 25 000 Euros) à la suite de la vente de juteux contrats d’assurance.

Quant à leur fille unique âgée de 31 ans, en passe de terminer un programme MBA (Master of Business Administration), en anglais, dans l’une des universités les plus prestigieuses du Royaume, son salaire varie entre 80 000 et 100 000 bahts par mois (2000 à 2500 Euros), selon ses résultats en tant qu’acheteur pour un célèbre site de vente en ligne.

Faï, 28 ans, coiffeuse

Après avoir interrompu sa scolarité dès l’âge de 16 ans, elle commença son métier à faire uniquement des shampoings et nettoyer le salon pendant près de 3 ans.

Puis, elle changea d’environnements plusieurs fois, apprenant au fil des ans de nouvelles techniques et travaillant pour des salons de plus en plus huppés.

Aujourd’hui, elle tente l’aventure à Chiang Mai en ouvrant son propre salon, espérant bénéficier d’une avance en termes de techniques et de mode sur ses concurrents.

Son dernier emploi, dans un Mall Central de la capitale, lui rapportait, pour six jours de travail hebdomadaire, entre 25 000 et près de 35 000 bahts par mois (de 625 à 875 Euros), selon le nombre de clients, la complexité de leur coupe et le nombre d’autres coiffeurs dans le salon, étant donné qu’elle était payée à la coupe.

Ploy, 27 ans, professeur en collège

Après quatre années d’études à Bangkok à l’université Srinakarin et un an de stage, elle obtint son diplôme et fut assigné dans un petite bourgade de sa province à deux heures de Bangkok.

En débutant, son salaire était de 15 000 baht par mois (375 Euros). Après trois années de dure labeur et de gardes imposées, elle touche 20 700 bahts par mois (520 Euros).

Elle a par ailleurs droit à une petite chambre de fonction au sein de l’établissement qu’elle utilise pendant la semaine.

Son salaire devrait continuer d’augmenter lentement au fil des ans. Sa mère, qui exerce la même profession en fin de carrière, touche près du double par rapport à sa fille.

Ong, 36 ans, modéliste – maquettiste en architecture

Originaire de Hat Yaï, il y passa toute sa scolarité avant de venir étudier l’architecture à Bangkok, à l’université Chulalongkorn pendant 5 ans.

Son diplôme en poche, il exerça d’abord pendant deux ans comme scénariste pour une sitcom humoristique à la télé.

Lassé de cette expérience, il revint dans le monde de l’architecture en tant que modéliste, construisant à petite échelle des projets de gratte-ciels ou d’hôtels.

Il commença tout seul et dirige aujourd’hui sa propre petite entreprise, comptant 5 assistants. Suivant le nombre de projets en cours, il se verse un salaire compris entre 30 000 et 50 000 bahts par mois (750 à 1250 Euros).

Selon ses propres termes, il pourrait gagner le double mais préfère travailler un peu moins pour se consacrer à son autre passion : la musique. Au cours des dernières années, il a été le chanteur de plusieurs groupes indie.

Anne, 23 ans, journaliste

Après avoir obtenu son Bachelor en journalisme et relations publiques de Bangkok University en Avril 2015, elle fut embauchée directement par la version thaïe d’un célèbre magazine féminin.

Elle y effectue des interviews et rédige des chroniques quotidiennes, principalement pour le site internet. Débutant dans cette carrière, son salaire actuel est de 18 000 bahts par mois (450 Euros).

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