Le nouveau premier ministre thaïlandais Somchai Wongsawat hérite d’une situation politique et économique délicate. La crise politique en Thaïlande commence à avoir des répercussions significatives sur l’économie, déjà fragilisée par la crise économique mondiale. Le président de la Fédération des industries thaïlandaises  Santi Vilassakdanont a appelé le nouveau chef du gouvernement à former un gouvernement  avec la nomination de ministres crédibles aux principaux ministères en vue de rétablir la confiance des investisseurs étrangers. « Si possible, je souhaite que le nouveau Premier ministre négocie avec l’Alliance populaire pour la démocratie pour trouver une solution au chaos politique. » a t-il ajouté.

La Thaïlande qui attire normalement un flux important d’investissements en provenance de l’étranger est en train de perdre du terrain. Beaucoup de projets sont gelés dans l’attente d’un retour au calme. Sur les 6 premiers mois de l’année, le montant des IDE a déjà diminué de près de 30% passant de 4.2 à 2.95 milliards de dollars.

L’industrie du tourisme est la première à faire les frais de la crise politique avec une diminution de 30% des arrivées constatée à l’aéroport de Bangkok depuis début septembre. Le baht et le SET (indice de la bourse de Bangkok) ont aussi encaissé des baisses significatives dans les deux cas. L’indice de la bourse de Bangkok a perdu près d’un quart de sa valeur depuis le début de la crise au mois de mai.

Les professionnels du tourisme sont actuellement à la recherche de moyens de relancer l’image de la Thaïlande auprès des visiteurs étrangers pour endiguer les pertes causées par le conflit politique. 14 pays ont déjà publié des avis d’alerte demandant à leurs citoyens d’éviter tout voyage non essentiel en Thaïlande ou à faire preuve de prudence si ils y vont.  »Le tourisme est en profonde difficulté et nous devons travailler ensemble pour résoudre ce problème dès maintenant, » selon Kongkrit Hiranyakit, président du Conseil du tourisme de la Thaïlande. Les touristes en provenance d’Asie ont pris très au sérieux la situation  et notamment la proclamation de l’état d’urgence qui a provoqué un effondrement des arrivées en provenance de certains pays de la région: le nombre des visiteurs vietnamiens en Thaïlande, par exemple, a diminué de 90%, suivie par la Malaisie et la Chine (80%), Hong Kong (60-70%) et la Corée du Sud et Singapour (50%).

Le tourisme représente environ 7% du PIB de la Thaïlande, soit 14 milliards d’euros prévus pour cette année. L’état d’urgence déclaré  le 2 Septembre et  maintenu  jusqu’à dimanche dernier, a causé beaucoup de dégâts dans le secteur avec des annulations d’activités liées au tourisme pour un montant évalué à 70 milliards de baht (environ 1,4 milliard d’euros). L’ industrie du tourisme pourrait perdre plus de 10% des recettes attendues de cette année, si l’impasse politique actuelle dure jusqu’au quatrième trimestre 2008, selon l’Autorité du tourisme de la Thaïlande (TAT). Cette période de l’année inclue en effet les mois de novembre et décembre, haute saison pour le tourisme en Thaïlande.

Des hôtels cinq-étoiles à Bangkok ont fait état d’une baisse de 20 à 30 pour cent des taux d’occupation et des recettes de ce mois, par rapport au mois d’août. Les principales destinations touristiques tels que Pattaya, Hua Hin, Chiang Mai, Krabi et Kanchanaburi ont également signalé des annulations importantes depuis le début du mois. La moyenne des taux d’occupation des hôtels à Phuket est en baisse de 30 pour cent par rapport au mois dernier, tandis que les hôtels à Pattaya et Chanthaburi ont souffert de baisses jusqu’à 50 pour cent par rapport aux taux habituels pour la saison.

La situation politique n’est pas seule en cause dans le recul des prévisions touristique pour la Thaïlande : les professionnels du tourisme ont aussi constate une augmentation significative des prix sur ces destinations, due en partie a une hausse de 9% des tarifs des billets d’avion.

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