A chacun son Asean : pour la Thaïlande et son premier ministre c’est une communauté de peuples et de culture, mais pour son homologue chinois, la priorité est plutôt donnée à un accord de libre échange avec le groupe de 10 pays.
En marge de l’Asean se sont également tenues des réunions tournées vers le futur comme l’Asean + 3 (Chine, Japon et Corée du Sud), voir même l’Asean +6 (Asean+ 3, plus Australie, Nouvelle Zélande et Inde).
Autant de projets ambitieux et porteur d’espoir qui visent à renforcer la coopération économique et le commerce entre leurs pays membres, mais dont la mise en place demandera sans doute pas mal de temps et beaucoup d’efforts.
Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a défendu sa vision de l’ASEAN en tant que communauté des peuples.
La Thaïlande attache une importance particulière à l’idée de lien non seulement en ce qui concerne les infrastructures et le commerce, mais également pour ce qui a trait à la circulation des personnes, aux technologies de l’information, à la connaissance, à l’enseignement et à la culture.
L’ambiance a été cependant un peu tendue en raison des déclarations du premier ministre cambodgien Hun Sen qui a réaffirmé sa volonté de ne pas extrader Thaksin vers la Thaïlande, lui offrant même un poste de conseiller économique.
Les défis auxquels la région est confrontée, dont la sécurité alimentaire et énergétique, le changement climatique, les pandémies, les catastrophes naturelles et la crise financière et économique ont été également abordés.
Les points clés des sommets sont l’inauguration de la Commission intergouvernementale sur les droits de l’homme de l’ASEAN, l’adoption d’une déclaration sur le changement climatique afin de réaffirmer la position de l’ASEAN dans les négociations conformément à la Convention-cadre de l’ONU sur le changement climatique.
Le 45e sommet de l’ASEAN a consacré le rapprochement du groupe de 10 pays avec la Chine, et une ouverture vers l’ASEAN + 3 (Chine, Japon, Corée du sud)Des résultats concrets sont attendus sur la multi-latéralisation de l’Initiative Chiang Mai d’un montant de 120 milliards de dollars et sur la création d’une réserve de riz d’urgence de l’ASEAN+3 avec pour objectif une mise en service immédiate administrée par un bureau permanent.
La constitution d’un bloc régional bute sur la diversité des pays membre de l’Asean
Selon la Charte ratifiée en décembre 2008, l’ASEAN s’est donné jusqu’en 2015 pour instituer un marché unique caractérisé par la libre circulation des biens, des services, des investissements et des capitaux entre les dix pays membres (Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge).
Mais pour parvenir à créer ce bloc régional, il faudra intégrer des économies aussi diverses que celles de Singapour et de la Birmanie. Avec un PIB de 511 milliards de dollars, l’Indonésie a une économie qui pèse 100 fois plus que celle du Laos, le plus petit pays de l’Asean. L’activité économique de l’Asean est aussi très concentrée sur les cinq plus importants pays que sont l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie et Singapour qui représentent à eux seuls 90% du PIB du groupe.
Un sommet orienté vers le partenariat économique avec la Chine
Le rôle de la Chine est également une question centrale de ce sommet avec les initiatives entreprises par Pékin pour promouvoir le développement des infrastructures au sein de l’ASEAN, dont le fonds Chine-ASEAN de 10 milliards de dollars sur la coopération en matière d’investissement, et un crédit commercial de 15 milliards de dollars comprenant des prêts préférentiels à hauteur de 1,7 milliard de dollars.
Les échanges commerciaux entre l’Asean et la Chine ont enregistré une croissance rapide ces dernières années, passant de 59 milliards de dollars en 2003 à 112 milliards de dollars en 2008, depuis le lancement du processus de construction de la zone de libre-échange en 2003. Pendant le même temps le commerce intra Asean est lui passé de 260 à 458 milliards de dollars.
Une fois mise en place, la zone de libre-échange Chine-Asean sera la plus grande zone de libre-échange dans le monde et formera un marché de 1,9 milliard d’habitants avec un volume d’échanges commerciaux de 4,5 milliards de dollars et d’un PIB combiné de six trillions de dollars, selon les statistiques officielles. Le processus de négociation de la zone de libre-échange Chine- Asean est pratiquement achevé après la signature de l’accord d’investissement Asean-Chine en août 2009, le dernier d’une série d’accords commerciaux entre les deux parties.
Le sommet a aussi permis de constater l’avancement d’une Asean Free Trade Area (AFTA) entre les six principaux pays de l’Asean que sont l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie, Singapour et Bruneï. Cet accord dont la mise en place remonte à 1993 prévoit de ramener les taxes douanières de 0 à 5% d’ici la fin 2010. Il devrait être étendu aux quatre autres pays membres d’ici 2015.
Asean + Chine, Asean + 3, Asean + 6 ….
Au sommet de l’ASEAN +3, les dirigeants de l’ASEAN et leurs homologues de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud ont accepté une étude de faisabilité sur un projet de zone de libre échange de l’Asie de l’Est (EAFTA), qui conterait dont 13 pays de la région.
Un rapport séparé sur une autre étude sur le partenariat économique global en Asie de l’Est (CEPEA) – prévoit l’ajout de l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande auprès de l’ASEAN +3, soit un bloc de 16 pays qui représenterait la moitié de la population mondiale. Cette zone, dont la date de lancement n’a pas été précisée, aurait un marché de 3,1 milliard de personnes et un produit intérieur brut combiné de 19000 milliards de dollars, soit un tiers du PIB mondial.
Olivier Languepin