L’enquête annuelle de Grant Thornton, publiée le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des femmes, démontre que la proportion de femmes occupant des postes de direction en Asie est en baisse. 

Cette proportion est tombée à 20%, donc en-dessous de la moyenne mondiale qui est de 22%. La Thaïlande n’est pas épargnée, puisqu’elle passe de 37 à 27%.

Aujourd’hui, seulement 22% des postes de direction sont occupés par des femmes, contre 19% en 2004. Près d’un tiers des entreprises n’ont pas de femmes du tout dans leurs équipes de direction.

La Russie se trouve en haut du tableau du classement mondial avec 40% des postes de direction occupés par des femmes.

Elle est rejoint dans le top dix par six autres pays d’Europe orientale, dont la Géorgie (38%) et la Pologne (37%).

ibr2015_wib_cropA l’autre bout du classement, le Japon (8%) se trouve toujours en bas du tableau comme chaque année depuis 2004. Viennent ensuite l’Allemagne (14%) et l’Inde (15%) qui prennent respectivement les deuxième et troisième plus mauvaises places du classement.

La Thaïlande au dessus de la moyenne

La Thaïlande reste au dessus de la moyenne  (27%), mais en nette régression par rapport au classement 2014.

Pour Julaporn Namchaisiri, le directeur général du service des finances à Grant Thornton en Thaïlande, les infrastructures bon marché autour de la petite enfance mises en place en Asie, ont facilité l’accès des femmes au marché du travail.

Cependant, l’urbanisation massive a commencé à éroder ces structures d’assistance.

De plus, dans certains pays asiatiques, les sociétés sont hiérarchisées et patriarcales, ce qui empêche les femmes d’atteindre des échelons supérieurs dans le monde des affaires.

Quand un homme d’affaire cherche un héritier pour son empire, il se tourne d’abord vers son fils avant de choisir sa fille. L’écart tends à se réduire au fil des années mais les inégalités sont toujours présentes.

Une retraite anticipée

Ce n’est pas l’unique facteur de la baisse de présence des femmes. On observe une tendance croissante pour les femmes cadres supérieurs en Thaïlande à prendre une retraite anticipée.

Celles-ci doivent s’occuper des membres de leur famille, de leurs parents vieillissant notamment parce qu’ils n’ont pas les moyens de faire autrement.

Le résultat est donc une réduction du nombre de femmes dans des postes à responsabilité. Cela crée même une « fuite des cerveaux » de cadres expérimentés. Cette tendance est très importante en Thaïlande.

Une insertion professionnelle néanmoins facilitée.

Malgré ce recul, le classement Forbes pour l’Asie compte tout de même cette année pas moins de 5 femmes thaïlandaises dans son classement des 50 femmes d’affaires les plus puissantes d’Asie pour 2015.

Globalement le insertion monde asiatique est plus favorable aux femmes pour ce qui est de l’accès à des postes à responsabilité que le reste du monde.

Dans ces économies qui se développent rapidement, les entreprises recherchent des compétences et des personnes diplômées rapidement. Les femmes profitent de cet état de fait.

« Le milieu des affaires n’a guère de choix. C’est pourquoi les femmes sont plus les bienvenues dans les postes à hautes responsabilités que par le passé »

analyse Tidarat Kanchanawat, directrice régionale Thaïlande/Vietnam pour Adecco.

Le nombre croissant de femmes réalisant des études supérieures en Asie du Sud-est explique en partie ce phénomène.

Dans cette partie du monde on compte en moyenne, 74 femmes pour 100 hommes dans les universités. Une progression de 37% depuis 1980, même si la proportion reste relativement faible à l’échelle de la planète.

En Thaïlande l’effort est très marqué, le royaume investissant l’équivalent de près de 175 millions d’euros sur 4 ans dans un fond de développement pour les femmes (lequel a toutefois été vivement critiqué pour sa gestion et ses gaspillages).

Une dynamique enclenchée depuis un demi-siècle

L’amélioration de la position de la femme sur le marché de l’emploi thaïlandais a réellement débutée dans les années 1960, date à laquelle le pays est entré dans une phase d’industrialisation. Cette mutation lente du pays a eu deux impacts majeurs.

D’une part une augmentation progressive du nombre de femmes sur le marché de l’emploi avec à la clé une évolution des mentalités.

La modernisation du pays a aussi permis une migration des femmes des métiers traditionnels de l’agriculture vers les métiers des services ou encore de l’industrie.

En 1980, 75% des femmes actives travaillaient dans le secteur agricole, 30 ans plus tard ce secteur n’emploie plus que 40% d’entre elles.

Les services (bancaire, hospitalier..) sont très favorables à l’emploi des femmes avec plus de 40% des thaïlandaises actives dans ce secteur contre seulement 10% dans l’industrie.

Cependant, il ne faut pas oublier qu’une inégalité demeure. Les campagnes restant relativement ancrées dans la tradition, les femmes occupent souvent des rôles plus « classiques » (élever les enfants, travaux domestiques), ce qui leur restreint souvent l’accès aux emplois.

1 comment
  1. Aum moins c’est la Thailande qui a les plus de femmes d’affaires en Asie 😉 c’est deja ca de bien !

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