C’est un paradoxe parmi d’autres: la Thaïlande est plus riche que ses voisins, mais elle dépense moins en pourcentage de son PIB sur la santé que n’importe quel autre gouvernement dans la région, à l’exception des généraux birmans.

La dépense de santé en Thaïlande se situe actuellement autour 3 pour cent de PIB, contre 3.5 pour cent il y a quelques années. Les gouvernements successifs ont jusqu’ici évité une discussion sérieuse sur cette question en blâmant les prix élevés des médicaments de fabrication étrangère. Beaucoup d’activistes occidentaux habitant en Thaïlande ont aussi dénoncé les grandes entreprises pharmaceutiques.

Mais le coût des médicaments importés n’est pas le problème principal se posant au secteur de santé en Thaïlande: selon l’organisation mondiale de la santé, les prix des médicaments payés par le programme thaïlandais anti SIDA, sont sensiblement plus élevés que ceux pratiqués par les compagnies génériques indiennes.

Or ces traitements sont fabriqués par l’organisation pharmaceutique du gouvernement (GPO). Qui plus est, les produits fabriqués par GPO seraient de qualité inférieure.

Pour combattre sérieusement le cancer et les maladies cardiaques, le gouvernement de la Thaïlande doit augmenter sa dépense de santé, plutôt que de rejeter la responsabilité sur les compagnies pharmaceutiques occidentales.


Le nouveau ministre de santé, Chaiya Sasomsup, avait commencé par remplacer le responsable de la Food and Drugs Adminstration (FDA), qui avait favorisé l’application étendue de licences obligatoires, tout en faisant publiquement des réserves sur l’efficacité de cette politique.
Une nouvelle tête a été installée à la FDA, mais il a démissionné le mois dernier sur des allégations de corruption.

Ensuite Sasomsup a complètement viré de bord et indiqué qu’il soutiendra la copie de brevet sur les médicaments contre le cancer, commencé sous son prédécesseur. Il maintiendra également la licence obligatoire sur Plavix, un médicament pour les affections cardiaques. Cette politique est-elle justifiée compte tenu du niveau économique et sanitaire de la Thaïlande ?

Le taux ajusté pour l’âge de mortalité de cancer en Thaïlande est meilleur que le taux dans plusieurs pays voisins (tels que le Cambodge, le Laos, et la Malaisie), plus ou moins comme le taux à Singapour, et un peu plus mauvais que le taux au Vietnam.

Quand on en vient aux taux ajustés pour l’âge de mortalité de maladie du cœur, seulement Singapour a de meilleurs résultats que la Thaïlande. Dans ces conditions, le problème est-il vraiment de développer une production nationale de générique, alors que ces génériques sont souvent disponibles sur le marché à des conditions similaires ?

Si la Thaïlande augmentait sa dépense de santé à environ 4 pour cent de PIB, elle serait plus en conformité avec ses voisins. Naturellement, 4 pour cent, c’est toujours peu par rapport aux pays occidentaux où ce taux atteint de 8 à 10%, mais une augmentation de 1 pour cent permettrait au gouvernement thaïlandais de dépenser plus de 2 milliards de dollars en plus sur la santé. Or ces dernières années, le gouvernement a augmenté sa dépense militaire de plus de 30 milliards de dollars sans provoquer la moindre contestation.

1 comment
  1. Les chiffres que vous donnez (dépenses de santé en pourcentage du PIB et leur évolution) sont intéressants. Dommage que vous ne citiez pas vos sources. Du coup, l’exercice se révèle un peu vain.
    Il serait aussi pertinent d’expliciter l’expression « dépenses de santé ». Comment se ventilent ces dépenses? Mais cela peut être l’objet d’un autre article.
    En tous cas merci pour vos recherches.

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