L’instabilité politique de la Thaïlande fait de nouveau la une de l’actualité internationale avec l’occupation de plusieurs ministères et bâtiments publics par des manifestants anti-gouvernementaux.
Quelles sont les conséquences possible de cette nouvelle rechute pour l’économie thaïlandaise ?
Par le passé on a pu observer une certaine déconnexion entre le climat politique très instable depuis 2006, et les performances économiques de la Thaïlande qui restent dans l’ensemble satisfaisantes.
On remarque cependant que la Banque de Thaïlande a surpris en abaissant une nouvelle fois hier son taux directeur de 2,5% à 2,25%, ramenant également ses prévisions de croissance à 3% pour 2013. Cette moindre rémunération des capitaux combinée avec un ralentissement des exportations et les troubles politiques, pourrait accentuer la pression sur les équilibres financiers du royaume.
Les épisodes précédents de bouleversements politiques de ces dernières années n’ont cependant pas donné lieu à des sorties de capitaux importantes des nationaux ou appartenant à des étrangers. Ils n’ont pas non plus eu pour effet d’élargir les spreads de crédit souverains dans une mesure suffisante pour changer la dynamique de la dette publique.
L’agence de notation Fitch Rating note que
« Les perturbations politiques de grande ampleur, en particulier dans et autour de Bangkok, sont devenus une caractéristique permanente du paysage politique depuis 2006, sans pour autant menacer gravement la stabilité économique et financière du pays. »
Un degré de volatilité politique est donc déjà pris en compte dans les évaluations et notes de crédit de la Thaïlande. Il faudrait donc un impact majeur sur la croissance ou la confiance des investisseurs pour déclencher une évolution négative de la note de Fitch , ce qui ne devrait pas se produire selon le dernier communiqué publié par l’agence.
Jusqu’à présent les fondamentaux de croissance ont résisté aux chocs politiques et externes récurrents relativement bien, notamment les inondations massives de la fin de 2011. La croissance du PIB a été en moyenne d’environ 3% l’an sur la période 2008-2012, une performance plus élevée que la moyenne des autres pays «BBB» qui est de 2,6%.
En ce qui concerne le tourisme, les effets de la crise actuelle sont pour l’instant minime. Le niveau 2 d’alerte déclenché par 28 pays, dont la France, est une simple recommandation faite aux voyageurs. Mais si les troubles devaient se poursuivre ou déclencher des affrontements violents, la situation pourrait évoluer rapidement vers le niveau 5 d’alerte qui équivaut à une interdiction de visiter la Thaïlande.
Dans ce cas de figure, la TAT prévoit une baisse immédiate des arrivées de 8 à 10%.
Les fondamentaux financiers ont bien résisté lors des précédents épisodes
Tout cela ne signifie pas que le profil de crédit de la Thaïlande est inattaquable. L’instabilité politique a nécessairement des conséquences négatives à plus long terme. Fitch estime que l’ instabilité politique a retardé les progrès sur le développement des infrastructures – et limité la croissance de la Thaïlande, retardant sa convergence avec ses partenaires à revenu plus élevé.
En outre, l’agitation politique pourrait augmenter la nervosité des investisseurs alors que la remise à niveau de la politique monétaire accommodative de la Réserve fédérale américaine de Quantitative Easing se rapproche (même si le calendrier reste incertain).
La combinaison de la hausse des besoins de financement et d’un environnement politique instable et une diminution des liquidités de la Fed pourrait ainsi placer potentiellement plus de pression sur le profil de crédit de la souveraine que prévu actuellement. Mais la position de créancier extérieur net du pays offre une sécurité importante.
Fitch s’attend à ce que les récents troubles politiques se dissipent dans la perspective de l’anniversaire du roi le 5 Décembre.
Toutefois, la récurrence des épisodes périodiques d’instabilité politique exerce une pression notable sur le profil de crédit souverain de la Thaïlande, et limite ainsi toute perspective d’évolution vers une note supérieure.
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