La visite en Birmanie cette semaine du Premier ministre japonais Shinzo Abe a certainement retenu toute l’attention du gouvernement du Premier ministre Yingluck Shinawatra à Bangkok. Le Japon est en effet le principal investisseur étranger en Thaïlande, avec un volume et un flux d’investissement persistant assez remarquable.
Les investisseurs industriels japonais ont aussi fait preuve d’une grande résilience : ils sont restés en Thaïlande après le coup d’Etat de 2006, après les émeutes des « chemises rouges » pro Thaksin en 2010, et ont enduré les inondations de 2011 qui ont submergé de nombreuses usines japonaises.
Mais une force de travail conséquente et disponible en Birmanie, prête à travailler pour un sixième d’un salaire thaïlandais pourrait provoquer une réorientation décisive dans la politique de délocalisation industrielle du Japon.
Un salaire moyen six fois inférieur en Birmanie
Le Japon étudie attentivement les questions de coût de fabrication dans la région comme le démontre une enquête menée par l’Organisation japonaise du commerce extérieur, connue sous le nom de Jetro. Cette enquête a montré que les salaires dans l’industrie manufacturière en Birmanie sont les plus bas parmi les 19 pays de la région étudiés.
L’ «Enquête sur les entreprises japonaises en Asie et en Océanie » de 2012 a montré que le salaire annuel moyen dans l’industrie en Birmanie est de 1100 US $. En Thaïlande, le salaire annuel moyen est de six fois supérieur à 6,704 $. Le salaire minimum a augmenté de plus de 40% en 2013 en raison de la politique populiste décidée par le gouvernement de Yingluck Shinawatra.
Les salaires vietnamiens sont deux fois plus élevé que dans la Birmanie. Le coût le plus proche de la main-d’œuvre de la Birmanie est le Cambodge, où le salaire annuel moyen dans le secteur manufacturier est de 1,424 $. La Birmanie a aussi les salaires les plus bas de la région pour les ingénieurs, les gestionnaires et le personnel administratif.
Une réforme des investissements en Thaïlande ?
Cette perspective pourrait expliquer pourquoi la semaine dernière lors d’une visite à Tokyo, Yingluck Shinawatra a présenté ses excuses aux dirigeants d’entreprises japonaises pour «la gêne occasionnée» pour eux et leurs entreprises en Thaïlande au cours des dernières années et a promis de faire mieux.
« Merci d’être patient avec la Thaïlande. Nous allons amender et modifier les règlements actuels sur les investissements pour vous satisfaire et attirer d’autres investisseurs, » a déclaré Yingluck lors d’une conférence de Tokyo.
«Notre gouvernement va essayer de faire en sorte que la Thaïlande soit un bon endroit pour les investissements pour vous tous dans l’avenir »
a-t-elle précisé en réponse à des appels à des changements dans les règles thaïlandaises sur l’investissement, qui font souvent l’objet de critiques pour leur protectionnisme et leur complexité.
« Nous allons essayer d’élaborer et de mettre en œuvre des règlements qui conviendront mieux aux investisseurs, car nous voulons faire de Thaïlande une plaque tournante régionale », a déclaré Yingluck.
Parmi les problèmes révélés par l’enquête du Jetro, on remarque que les entreprises japonaises en Thaïlande se plaignent de la hausse continue des salaires et des plaintes des utilisateurs finaux sur les prix des produits.
Les principaux problèmes rencontrés en Birmanie sont les pénuries d’électricité et l’insuffisance des infrastructures.
Ce n’est pas un hasard si les dernières offres d’aide financière au gouvernement de Naypyidaw en provenance du Japon consistent notamment à aider le financement de la construction d’une grande centrale électrique et d’autres infrastructures.
« Je ne crois pas que le Myanmar [Birmanie] constitue une menace immédiate pour l’attrait de la Thaïlande comme base de fabrication pour les entreprises japonaises. Cependant, quelques-uns des avantages importants qui ont amené le Japon en Thaïlande s’érodent »
a déclaré un économiste d’une ambassade occidentale à Bangkok au journal birman The Irrawaddy.
« Il n’aura pas échappé à l’attention des investisseurs japonais que les salaires au Myanmar sont beaucoup, beaucoup plus faible qu’en Thaïlande, plus faible en fait que n’importe où ailleurs dans cette région »
« Les Thaïlandais ont été très assidu au cours des 25 dernières années en veillant à ce que leur pays dispose de suffisamment d’électricité pour soutenir une base industrielle expansionniste. C’est quelque chose que les Birmans doivent faire s’ils veulent attirer les grandes industries manufacturières japonaises. Les Birmans sont très conscients du fait que le combustible pour produire une grande partie de l’électricité de la Thaïlande est en fait du gaz naturel importé de Birmanie « .
Ceci explique aussi l’intérêt de la Thaïlande pour la zone économique de Dawei sur la côte sud-est de la Birmanie. Malgré les assurances données par Bangkok que le projet bénéficierait surtout à la Birmanie, le plus grand bénéficiaire serait sans doute la Thaïlande. C’est la Thaïlande qui pourrait bénéficier d’un nouveau terminal de transbordement de pétrole brut à Dawei, et c’est la Thaïlande qui aurait avantage à développer autour de Dawei une industrie pétrochimique, actuellement entravée dans la zone industrielle de Map Ta Phut (environ 200 km de Bangkok) en raison de problèmes de santé et de non respect des normes environnementales.
2 comments
La Birmanie n’a pas les moyens de la Thaïlande ; accessibilité (ports, aéroports, etc), niveau de touristes, main d’oeuvre, etc…. La Birmanie acceptera t elle le changement politique ?
Si la Birmanie se développe cela permettra aux Birmans de trouver du travail sur place
A suivre de près …
A Krabi ou je réside ,jai vu de Birmans payés 7500 Baths/mois
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